Alors que d'habitude, je partais de Strasbourg ou de Bâle (liaisons aériennes de Toulouse faciles oblige), cette année le départ se fait de Dijon, dans un convoi de deux voitures. Le voyage se passe bien, mais c'est pluvieux. Le temps ne se calme en fait qu'à une vingtaine de kilomètres de l'arrivée. Une bonne partie d'entre nous ayant fait le Wacken 2015 apocalyptique et n'ayant pas spécialement envie de renouveler l'expérience, on est bien soulagés d'arriver sans que la pluie ne nous tombe dessus. D'autant que nous campions en montagne (il y a en effet un camping à côté du festival et un autre en altitude, avec des navettes gratuites qui nous déposent sur le site toutes les dix minutes). Et puis le terrain reste dur, sans la moindre gadoue, signe qu'il n'a en fait pas tant plu que ça dans le coin au cours des derniers jours. Nous aimons ! Nous retrouvons sur place pas mal de potes bien sympas pour un campement convivial à souhait !
Une fois bien installés et l'apéro pris, il est temps de prendre le bus et de descendre chercher les pass et voir de la musique. La premier jour du Bang Your Head est toujours particulier car c'est la soirée warm-up. C'est à part par rapport aux trois autres jours du festival. Ca commence à 19h, tous les concerts ont lieu dans la salle (la Messegelände où a lieu le festival est une sorte de parc des expositions avec une grande scène en open air et une autre dans une salle d'environ 2000 personnes) et ça fait l'objet d'un billet à part (32 € sur place).
Ce sont les NITROGODS qui ouvrent le bal. Groupe de la région, ils devaient initialement être là l'année dernière (ils étaient également prévu à la warm up, d'ailleurs) mais les problèmes de santé de leur batteur les avaient contraints à annuler. Pour rappel, ce groupe allemand, fondé par deux anciens membres de Primal Fear (le guitariste Henny Wolter et le batteur Klaus Sperling) accompagnés d'un gros chanteur/bassiste à la barbe fleurie du nom d'Oimel Larcher, produit un gros rock'n'roll qui sent la sueur et qui fait taper furieusement du pied. Fortement influencés par Motörhead, Rose Tatoo mais aussi le rockabilly et le garage rock, on peut les comparer à des groupes comme Chrome Division, les V8 Wankers, voire Turbonegro. Pas trop de prise de tête, donc : la musique est directe et les paroles ont pour thème la bière, le whisky et les grosses bagnoles ! Je les avais vus en 2015 dans le cadre improbable d'un rassemblement de bikers à Pamiers. Ils assuraient la tête d'affiche au milieu d'un public qui leur était souverainement indifférent. Et ils avaient été très bons, vu le cadre. Là, ils vont jouer moins longtemps (une petite heure) pour une prestation sympa. Leur musique est simple et a le mérite d'être efficace et de bien faire remuer la tête, les pieds et le popotin. Les refrains se retiennent également très bien. A noter une reprise de "Ace of spades" de vous savez qui... Normal vu leur style ! Mais on se dit que c'est le premier hommage à Lemmy d'une longue série !
Par contre Nitrogods est le tout premier groupe, on a passé pas mal de temps en voiture, puis à s'installer et à boire tranquillement. Donc je ne suis pas complètement dedans, en prime il y a des tickets de boisson / bouffe à acheter (piège : ils sont à 1,90 € pièce !) et surtout plein de retrouvailles avec les potes de l'Est ! Je suis donc content d'avoir revu les Nitrogods, je les reverrai avec plaisir mais je n'étais pas encore assez chaud pour être à fond dedans.
On enchaîne sur PRO-PAIN. Je ne connais pas trop les Américains. J'en ai écouté deux ou trois albums, que je trouve certes accrocheurs et efficaces, mais aussi répétitifs. Et alors qu'ils tournent très régulièrement et n'oublient pas la France en général, j'avais réussi à ne jamais les voir jusqu'à ce jour, ni en salle ni en festival. On va donc réparer ce manque. Leur hardcore thrashisant (ou leur thrash hardcorisant ?) est d'une efficacité peu commune et prend toute sa dimension en live. Dans Pro-Pain, ils ont l'art d'envoyer du bois ! Ils ne bougent pas énormément et n'en font pas des tonnes sur scène. Ils ne sont pas non plus communicatifs : pas de blabla inutile ni de speeches démago (alors que leurs chansons sont bien revendicatives) de la part de Gary Meskill, ça enchaîne et c'est la musique qui parle. Ils n'ont en fait besoin d'aucun artefact pour mettre le public dans leur poche. C'est vrai que c'est linéaire, que les morceaux sont aussi surprenants que ceux d'AC/DC et de Running Wild... Mais comme AC/DC et Running Wild avant, ça fait toujours son petit effet. Même sans connaître un seul morceau à la base, on se surprend à headbanguer et à scander les refrains. Le groupe bénéficie en plus d'un très bon son qui le met bien en valeur. Je n'en attendais pas grand chose, à part qu'ils me confirment leur bonne réputation scénique, et c'est ce qu'ils ont fait. Malgré le fait que leur style ne colle pas trop à la ligne du festival typée essentiellement metal traditionnel, ça passe comme une lettre à la poste. Je les reverrai avec plaisir, d'autant que dans une petite salle, ça doit être vraiment énorme.
C'est maintenant au tour d'un groupe complètement dans la lignée du festival avec RAGE. Peavy Wagner est un habitué des lieux, puisqu'il est là tous les deux ans quand il ne joue pas parfois plusieurs années d'affilée. Certes en 2015, ça n'était pas sous le nom de Rage puisque c'était avec Refuge, le projet avec lequel Peavy joue des chansons de Rage du début des années 90, mais on chipote ! Là, c'est l'occasion de voir Rage avec un line-up tout neuf: exit André Hilgers à la batterie et surtout Victor Smolski à la guitare, ils sont remplacés respectivement par Vassilios Maniatopoulos et Marcos Rodriguez. Les deux nouveaux se sont en tout cas bien intégrés car le groupe est bien en place et montre une complicité et un plaisir de jouer évidents. Peavy est également en grande forme sur le plan vocal. J'ai vu Rage un certain nombre de fois en live (c'est ma huitième), en salle comme en festival, et le groupe ne m'a jamais déçu de ce côté. Avec Rage, c'est toujours un bon show, carré, propre et efficace. Mais je ne suis pas fan de leurs dernières productions. Le petit dernier qui vient de sortir, "The devil strikes again", est certes pêchu, mais assez convenu. Comme si Peavy avait fait un album pour faire plaisir aux fans, pour montrer qu'il savait toujours faire des morceaux comme dans les années 90... Mais avec l'inspiration en moins. Donc trois nouveaux morceaux au milieu des standards du groupe, ça ne dénote pas vraiment parce que c'est dans le style, ça passe parce que ce ne sont pas de mauvais morceaux en soi... mais c'est juste moins bien ! Par contre bonne surprise pour ce qui me concerne avec la superbe "Days of December", que je n'avais encore jamais eue en live. Sinon, les sempiternels "Back in time", "Don't fear the Winter" et bien entendu "Higher than the sky" font toujours leur petit effet mais c'est du déjà vu et déjà entendu. Par contre, je ne sais pas si c'est l'effet Refuge ou non mais aucune chanson d'avant 1995 n'a été jouée (et les tubes ne manquent pas sur "Trapped" ou "The missing link"...). A signaler que pour "Higher than the sky", ils l'ont entrecoupée d'une reprise partielle de "Holy Diver" de Dio en interlude, chantée par un Marcos Rodriguez qui s'avère avoir une sacrée voix. Dommage qu'ils ne l'aient pas jouée en entier et qu'ils soient revenus sur "Higher than the sky" pour en faire scander le refrain à l'infini au public (c'est toujours un plaisir, mais le raccourcir et jouer soit la reprise en entier, soit un autre morceau de Rage n'auraient pas été trop demander...). En tout cas, le guitariste vénézuélien pourrait à l'avenir être un bon complément pour Peavy (qui est toujours impeccable vocalement mais il ne rajeunit pas). Pour la prestation de Rage de ce soir, globalement, c'était bon sans plus. Le groupe a assuré mais je leur saurai gré à l'avenir de se fouler un peu plus dans le choix des morceaux : avec plus de vingt albums à leur actif, ils peuvent puiser ailleurs que dans "Black in mind", "End of all days", "XIII" et leur dernier album en date...
Setlist de RAGE :
The Devil Strikes Again
Days of December
Until I Die
My Way
End of All Days
Back in Time
Spirit of the Night
Don't Fear the Winter
Higher Than the Sky
Le niveau va s'élever avec OVERKILL. Eux, c'est une machine de guerre scénique. Bobby Blitz et DD Verni sont toujours aussi actifs après trente ans de carrière, continuent de sortir des albums de grande qualité et fournissent des prestations scéniques colossales avec une régularité et une efficacité qui forcent le respect. En plus ce sont des gens très humbles et abordables : Bobby se baladait dans la salle avant le concert, regardant les autres groupes et se montrant toujours disponible et cool avec les fans qui venaient à sa rencontre. Et sur scène, c'est un frontman ultra-charismatique et communicatif. La setlist est excellente avec un bon équilibre entre les nouveaux morceaux et les classiques 'avec un "Feel the fire" particulièrement bien représenté), qui se mélangent bien. Et les "Armorist", "Electric rattlesnake" et "Ironbound" n'ont rien à envier aux vieux titres, d'ailleurs ce n'est pas un hasard si ce dernier est joué avant les rappels. Les hymnes speed et thrash s'enchaînent en tout cas comme des perles. Pour autant, le concert n'est pas parfait. Il y a en effet un gros bémol dû au son vraiment mauvais pour le groupe. La basse écrase tout et certains morceaux se retrouvent complètement salopés... De ce fait, j'ai parfois un peu de mal à être à fond dans le concert. Le groupe pourra toujours se démener et faire une playlist aux petits oignons, si la technique ne suit pas, ça ne fonctionne pas et le plaisir s'en retrouve un peu gâché. Il n'y a strictement rien à reprocher à Overkill, mais à cause d'un mauvais son, ce qui aurait été un concert d'anthologie dans des conditions optimales était juste un bon concert.
Setlist d'OVERKILL :
Armorist
Rotten to the Core
Electric Rattlesnake
Hello From the Gutter
Hammerhead
Feel the Fire
Blood and Iron
Coma
Blood Money
Overkill
Ironbound
Elimination
Fuck You
La warm up se termine sur une autre note thrash (un style par ailleurs très bien représenté cette année au cours des quatre jours du festival) avec SODOM. Avec eux, ça fait toujours du bien par où ça passe ! Ils ne m'ont en tout cas jamais déçu en live. Je ne les avais pas revus depuis le Hellfest 2011 où ils jouaient 45 minutes en milieu d'après-midi. Là, ils sont en tête d'affiche de la soirée et jouent donc une heure et demie. Plus c'est long, plus c'est bon ! Tom Angelripper et ses deux acolytes savent y faire en matière d'efficacité labelée "Deutsche Qualität". Et contrairement à Overkill, eux ont un son parfait qui va bien mettre en valeur leurs compos. Le light show est au point également. Et comme la salle est bien chauffée, il va y avoir une belle ambiance ! Pas trop de pogos et circle pits, ce n'est pas trop le genre du public du Bang Your Head, mais tout le monde va headbanguer et les hymnes de Sodom vont être bien repris en choeur. Des morceaux comme "Sodomy and lust", "M16", "The saw is the law", "Blasphemer", "Ausgebombt", et autres "Agent Orange" sont tout simplement imparables en live. En prime on a droit à une reprise d'"Iron fist" de vous savez qui... Normal, Motörhead a toujours été l'influence majeure de Sodom et Tom Angelripper n'a jamais caché que Lemmy était son idole. Deuxième reprise de Motörhead de ce Bang Your Head, donc... et finalement, ce sera la dernière ! De nombreux autres groupes rendront un hommage verbal à Lemmy sur scène, mais sans aller jusqu'à faire des reprises de Motörhead.
Voilà donc un superbe concert de Sodom, l'un des meilleurs que j'ai pu voir d'eux et assurément le meilleur de la soirée : groupe en forme, bonne ambiance, conditions techniques au top et une bonne setlist... What else ?
Setlist de SODOM :
In War and Pieces
Sodomy and Lust
Surfin' Bird / The Saw is the Law
Outbreak of Evil
Nuclear Winter
M-16
Sacred Warpath
Agent Orange
Stigmatized
City of God
Blasphemer
Tired and Red
Iron fist
Remember the fallen
Ausgebombt
Après ça, il est temps de rentrer au camping, et il fait bien froid à la sortie de la salle. Froide, cette nuit va d'ailleurs bien l'être avec des températures inférieures à 10°C. La météo allemande, décidément, c'est particulier... Mais ça ne gâche pas le festival et cette warm-up s'est avérée de très bonne facture cette année.
Pierre
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