ARKENTYPE (19h01-19h28) :
Erreur de distribution flagrante pour une soirée de rock progressif,
car ce groupe norvégien qui prétend délivrer du "metal-progressif" (selon sa page facebook) nous a asséné en fait un cocktail de deathmetal assourdissant. Les rugissements étant commis par Kevin Augestad, la basse tenue par Kjetil Hallaråker, la guitare par Simen Handeland et la batterie par Simen Sandnes, l'ensemble était guidé par une bande-sons de claviers préenregistrés.
"Disorientated" est le bien nommé album qu'ils tentent de promouvoir ; je pense en effet qu'une bonne âme serait bien inspirée de leur offrir une boussole qui leur permettrait au moins de ne pas aboutir devant un public poli mais perplexe.
Pas grand-chose à relever, sinon que ce fut beaucoup de bruits et d'agitation pour rien.
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SPECIAL PROVIDENCE (19h45-20h27) : A l'issue de mes recherches préalables au concert, j'ai d'abord été intrigué, puis séduit par le pédigrée et les vidéos trouvées sur ce mystérieux groupe venu de Hongrie. En outre, dans notre microcosme de prog-passionnés certains les avaient remarqués lors de leur passage au festival du Crescendo (deux participations en 2010 et 2013) et d'autres encore à Londres à l'occasion du début de la présente tournée.
Leur participation à cette tournée a pour objectif de promouvoir un cinquième opus paru en 2015 et intitulé "Essence of Change".
Heureusement que ces alertes ont permis de préparer mes oreilles à ce surprenant prog-jazz-fusion teinté de métal, car j'ai ainsi pu apprécier pleinement l'univers assez particulier de ces quatre magyars : Iulia Attila à la basse, Martin Gardener à la guitare, Zsolt Kaltenecker au clavier et Marko Adam à la batterie. Ils s'abstiennent de chant et concentrent leur talent sur leurs pupitres respectifs… Et quel talent !
Grâce à une sonorisation adéquate, très rapidement leur prestation en concert confirme mon pressentiment ; tous disposent d'une maitrise technique et d'une sensibilité remarquable. Il me semble qu'à la base ils sont issus du milieu jazzrock, ce qui leur confère une originalité et une virtuosité qui ne peut pas laisser indifférent.
C'est le batteur, plutôt jovial, qui est chargé de communication avec le public pour présenter les titres.
Il me semble au regard de l'acclamation finale que le courant est bien passé ; les sourires étaient les mêmes sur scène, comme en salle. Les mélomanes les plus curieux et les promoteurs éclairés (mais y en a-t-il encore en France ?) feraient bien de s'intéresser à ces gaillards ; je les pressens très prometteurs.
HAKEN (20h56-22h43) : Haken n'en finit pas de me séduire toujours davantage. C'est la quatrième fois que j'assiste à un de leurs concerts et je ne suis jamais déçu par leur prestation, ni par leur attitude à l'égard de leur public. Leur talent et leur accessibilité font d'eux des artistes adorables, et donc j'assume, je les adore !
On retrouve donc Ross Jennings (chant), Richard Hen Henshall (guitare) alias "mister sourires", Conner Green (basse), Diego Tejeida (claviers), Ray Hearne (batterie), et Charlie Griffiths (guitare), pour promouvoir leur dernier opus paru cette année et intitulé "Affinity".
La sonorisation est impeccable ; les protections auditives sont en option, chaque partition va pouvoir nous ravir les oreilles.
Bien sûr, ce soir la moitié du programme (cinq titres) est issu d'"Affinity", qui confirme sa qualité sur scène. Sur les quatre albums, Haken a oublié "Aquarius" (ah, dommage !) au profit du mini-album "Restoration". Impossible de déterminer un moment plus fort qu'un autre durant la soirée car l'interprétation fut de bout en bout somptueuse !
Les titres phares, tels que "the Architect", "Pareidolia", et "Crystallised" sont les pièces les plus délicieusement longues et nous transportent dans une multitude d'émotions. Mais ils n'ont pas omis d'interpréter "Cockroach King" pour le plus grand bonheur du public qui l'attendait tout particulièrement ; moment d'intense communion !
Quel bonheur d'entendre ces atmosphères qu'Haken a su recréer à partir de ses propres influences musicales. Telle séquence rend hommage à Gentle Giant, telle autre à Dream Theater ou encore à Yes, à tous ces groupes qui ont tellement contribué à ce qu'est le rock progressif aujourd'hui. Haken a réussi la magie de se nourrir de l'œuvre de ses maîtres, parfois méprisés en leur temps (Gentle Giant), pour la transcender, la faire renaitre encore plus puissante et innovatrice à destination d'un public reconnaissant. Hommes, femmes, jeunes et moins jeunes (aïe !), tous avaient le sourire des voyageurs du temps, ceux que ne se soucient ni des modes, ni de leur estime dans le regard des proches incrédules.
Personnellement, j'ai tout particulièrement admiré les polyphonies à deux, trois, quatre ou cinq voix sur certains titres ! Ce fut notablement le cas sur "Crystallised" et "Cockroach King" J'adore cet exercice dont je mesure la difficulté ; il faut que les voix soient posées avec justesse, coordonnées, parfaitement synchronisées ! Impossible de masquer une faiblesse d'un roulement de tambour ou d'un artifice mécanique !
De ma position (deuxième rang, centre droit), j'étais davantage enclin à scruter le jeu de Richard Hen Henshall, et de Conner Green, mais les autres ne sont pas à dénigrer. Charlie Griffiths, quoique discret, assure également de bons solos. Les deux guitaristes étant relativement statiques il n'y a guère que Diego Tejeida qui a osé contester l'espace de la (petite) scène à Ross ; en effet il s'est déplacé à quelques reprises avec son clavier portable et ce n'était pas pour faire de la figuration. Le batteur quant à lui n'a pas failli à son rôle de maître des rythmes syncopés si prisés de Haken.
Ross vit pleinement son récit, son chant. Le timbre si particulier de sa voix est aussi juste que celui qu'il nous prête en studio. Détail esthétique, il soulignait son élégance avec une chemise noire ornée d'une cravate verte. Petite excentricité ce soir, il portait une paire de lunettes fluo et clignotante durant "1985".
Bref vous l'aurez compris, dans Haken c'est comme dans le cochon ; tout est bon !
Inutile de préciser que le rappel fut (h)ardemment réclamé et obtenu !
C'est déjà la fin ; on en redemanderait bien encore et toujours jusqu'au bout de la nuit, mais je suppose qu'ils sont aussi fatigués que nous …
A peine le concert était terminé que Ross, encore drapé du drapeau tricolore qui lui avait été offert sur scène, était déjà au fond de la salle, tout simplement en train de bavarder avec ses admirateurs ! Fidèles à leurs habitudes, les autres membres du groupe n'ont pas tardé également à nous rejoindre, tous toujours aussi agréables et sympathiques ; serrages de mains, échange d'amabilités, photos, dédicaces … que du bonheur quoi !
Je leur souhaite sincèrement le plus bel avenir et le succès mérité, même si celui-ci les rendrait sans doute moins accessibles ; c'est la raison pour laquelle j'ai tenu à rester pour partager encore ces moments agréables, tant que cela reste faisable !!
Oui, décidément le rock progressif se mérite. Le voyage espace-temps auquel il nous convie nécessite une détermination et une passion toute particulière. La relativement faible audience du genre en France, comparée à celle de nos voisins anglo-saxon et latins, traduit juste la médiocre culture musicale de nos programmateurs médiatiques, qu'ils soient chargés de télévision, de radio ou de l'organisation des tournées. Mais soyons égoïstes : une tel plaisir à 21€, nous ne l'aurions pas sous la pression du succès plus grand !
PROGRAMME
Affinity.exe (Affinity) Initiate (Affinity) Falling Back to Earth (The Mountain) 1985 (Affinity) Earthrise (Affinity) Pareidolia (The Mountain) Cockroach King (The Mountain) The Architect (Affinity) Deathless (Visions) The Endless Knot (Affinity)
RAPPEL: Crystallised (Restoration).
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