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Les Insus, ex-Téléphone, en tournée Paris, Toulous, Bordeaux, Lyon, Marseille ....

THE TEMPERANCE MOVEMENT : 20h00-20H25. Première bonne surprise de la soirée, un groupe assure une première partie.

Je m'attendais à une soirée exclusive avec les Insus mais ils ont la bonne et généreuse idée de nous présenter un groupe britannique que je ne connaissais absolument pas. Crée en 2011 par le chanteur Phil Campbell et le guitariste Paul Sayer, le groupe est composé également du bassiste Nick Fyffe et du batteur Damon Wilson.
Deuxième bonne surprise, leur style varie dans un univers on va dire blues-hard rock, me rappelant, pour mon plus grand plaisir, des groupes aux sonorités sudistes tel que Gov't Mule. Le chanteur dispose d'une voix rocailleuse mais juste, parfaitement adaptée au genre ; de surcroît, il intervient souvent à l'harmonica. Sans être complètement innovants, ils n'en demeurent pas moins efficaces pour chauffer une salle !
Leur prestation de ce soir a notamment pour but de promouvoir leur second opus paru cette année, intitulé "White Bear".
Je vais désormais m'intéresser de trèèèèès, très près à ce groupe prometteur !
PROGRAMME : (sous réserve source setlist.fm de leur précédent concert)
Battle Lines Take It Back Three Bulleits Oh Lorraine Get Yourself Free White Bear Ain't No Telling.

LES INSUS PORTABLES (ex-TELEPHONE): 20h53-23h15. C'est à la fois enthousiaste et inquiet que je me rendais à cette soirée.
Enthousiaste, car TELEPHONE a accompagné mon adolescence et ne m'a jamais déçu sur scène; j'attendais donc ce retour avec impatience. La fête me semble a priori un peu gâchée par l'absence de Corinne qui, quoiqu'on en dise, est un membre de la famille, mais bon …
Inquiet, parce que tout à coup, juste avant ce concert, je viens de réaliser que je ne les ai plus vus depuis leurs prestations des 17/02/1981 (au Palais des Sports, où Jean-Louis avait terminé épuisé, torse nu) et 05/11/1982 (c'était déjà sur ce site qui s'appelait encore "Hippodrome de Pantin" ; je n'imaginais pas une telle attente ensuite). Mes souvenirs d'eux remontent à maintenant … TRENTE QUATRE ANNÉES !!! Dans quel état vont-ils m'apparaître ? Le fantôme de Corinne allait il ternir mon plaisir ? Combien de temps allait durer la soirée de ces revenants ?

 

Mais, dès les premières notes, soutenues par une sonorisation parfaite (pas besoin de protection auditive !) je comprends très vite que les inquiétudes vont être balayées autant par l'efficacité des musiciens, que par l'émotion ambiante.
Jean-Louis Aubert (61 ans), Louis Bertignac (62 ans) et Richard Kolinka (62 ans) sont donc de nouveau réunis mais désormais accompagnés par le bassiste Aleksander Angelov. Ce concert va démontrer une nouvelle fois l'étendue des talents de ces authentiques rockers français. Louis sait faire pleurer et chanter sa guitare avec une émotion transmissible. Jean-Louis est l'excellent parolier, le chanteur, guitariste et pianiste (sur "Le jour s'est levé", ce qui m'avait échappé jusqu'alors !). Richard, toujours aussi haut perché au-dessus de son matériel, reste le batteur agité et efficace. Le bassiste est efficace mais discret, pudique, sentant bien sans doute qu'il est le remplaçant de celle à qui tout le monde pense encore. Mais les deux autres guitaristes ne le méprisent pas ; ils échangent avec lui, sans jamais évoquer Corine, ni en bien ni en mal. Mais finalement, son absence ne m'a pas pesé ; la joie a emporté l'amertume.
Leur complicité retrouvée est un vrai bonheur. Du coup, ils nous relatent leurs souvenirs des débuts avec moult anecdotes (ah, cette 4L !) et le public rit, applaudit, se remémore ainsi sans doute ses propres souvenirs de l'époque. Cet échange est un pur bonheur.
Car le public qui m'entoure ce soir est certes ponctué de calvities, de poils blancs et de rides plus ou moins prononcées, mais l'état d'esprit est jeune et rêveur. Certains (comme moi) sont restés adulescents, d'autres semblent s'être accordés une parenthèse de nostalgie mais l'essentiel est que tous avons communiés dans un même bonheur éphémère, histoire de feindre d'oublier que le temps passe, malgré tout.

 

Quel plaisir que de pouvoir, grâce à l'obstination de Jean-Louis, chanter EN FRANÇAIS des textes si intelligents. Des textes qui dénoncent sans démagogie excessive, qui parlent d'amour sans niaiserie ni vulgarité, qui font rêver, tout simplement.
Les vingt-deux titres sont enchaînés en plus de deux heures et vingt minutes, deux rappels compris. Chacun des titres nous ramène à un contexte, à une première prise de conscience et sont chantés avec d'autant plus de ferveur que certains pourraient se méprendre en l'assimilant à une candeur. C'est juste que les paroles de Jean-Louis nous parlent et nous donnent envie de croire en l'humanité. Il est surprenant de constater que les thèmes abordés restent tellement d'actualité. "Flipper" et "un Autre Monde" sont sans doute à cet égard mes préférés.
L'énergie déployée pour la première partie du programme a été heureusement ponctuée de trois titres acoustiques et donc plus intimistes, bien bluesy, à la guitare sèche ("Le silence" "Ce soir est ce soir" et "Le jour s'est levé"). Une nouvelle occasion pour Louis et Jean-Louis, assis au bord de la scène, de démontrer leur capacité à traduire leur sensibilité avec leur instrument.
Mais l'énergie reprend vite sa place jusqu'à apothéose qu'est cet hymne à la Terre (Un Autre Monde), durant lequel le public peut s'amuser à se transmettre un globe terrestre, en s'époumonant à proférer les paroles.
Pour un premier rappel, Jean-Louis explique qu'à l'occasion d'un concert au Marquee, en 1983, un anglais lui a confié un texte qu'il a conservé ; il en a composé un titre que personnellement je n'avais jamais entendu "in Paris". Contrairement à certains, j'aurais donc eu droit à un inédit. Pas franchement indispensable, il permet juste de se dire que décidément Téléphone est francophone et c'est tant mieux ! "Ca" remet les pendules à l'heure.
Alors que quelques héros d'un soir se sentant fatigués s'en allaient déjà, les Insus reviennent pour un second rappel, le flux s'inverse évidemment. Un "tu vas me manquer" opportun vient clore cette soirée magique, ce voyage dans le temps. Oui, tu vas me manquer. Téléphone, tu me manques déjà.
Patrice du Houblon

Le report de 
Eric Penot :
____________________

Alors cette affaire, c'en est une ou pas ?
 
Nous savons bien que tous les observateurs et passionnés de musique sollicitent les musiciens de Téléphone depuis l'avant veille de leur dissolution.

L’éventualité d'une reformation a toujours paru réelle, puis elle est tombée par surprise. Ce n'est pas trop par le patronyme retenu aujourd'hui, la présence de la bassiste originelle ou non, mais surtout par le fait que le secret ait été tenu de main de maître ( François Ravard ?).

Une tournée des Zénith, des options pour les grands festivals si succès, Une campagne de promotion courte et percutante dans un timing parfait.
 

 

Pour moi, deux obstacles majeurs.
 
-Comment rester impliqué dans un répertoire écrit à l'âge de 20 ans quand on frise les 60 ? Est-ce crédible, compte-tenu des évolutions de carrières respectives des uns et autres ?

- Comment constituer une liste qui rendent justice au répertoire et correspondent aux attentes ?

A cette dernière question, je m'étais dit qu'il FAUT "Crache ton venin" en opening et finir en rappel sur " Tu vas me manquer" avec une partie de billard électrique, chemin faisant. Et ils l'ont fait !

Pour ceux qui n'auront pas encore vu Les Insus ? , il faut bien comprendre que la construction et le choix des titres est superbe.

 De 20 à 23 titres, entre 2H15 et 2H30 de concert, une architecture stable de 16 titres qui comprend les titres phares. Pour ma part, je peux vivre un concert sans " Ca c'est vraiment toi", " Hygiaphone", " Cendrillon", " New York avec toi", voire " Un autre monde", mais bon là je risque la lapidation aux coton-tiges usagés.

Le concert du 08/06 allait apporter une réponse affirmative à la 1ere question
.
Votre serviteur se transporte donc, sous cette tente étouffante (merci, mon ami Fred, le roi du mulot véloce, sans toi rien n'aurait été...possible). Oh, un public mixte, des filles, des femmes...Je n'ai pas l'habitude moi, dans les spectacles où je suis amené à aller, c'est plutôt des bouquetins que je croise. Là, non, parents, enfants. Que des brailleurs !!!

Il est évident que le public est conquis d'avance. L'attente sera chaude (air ambiant) et longue.

Je rentre dans le concert avant l'heure. Voilà t'y pas que résonne dans les baffles la version originale de " Gimme shelter " des Stones.

Un des 5 titres majeures de ce combo et je suis en lévitation, je ferme les yeux et dans un instant de lucidité, je me dis que le groupe a CHOISI de faire son entrée après ce morceau et que c'est hyper-gonflé, il faut une confiance en soi au climax. Je me laisse envahir par cette merveille de solo décoché par le père Keith qui te fait croire que le Paradis existe et qu'il est situé de ce côté du Périph...

Je m'apprête à savourer la partie des chœurs qui fait école, lorsque un brouhaha me fait ouvrir les yeux...Au quart de tour, j'entends la six-corde d'Aubert alors qu'il n'est pas encore visible qui entame " Crache ton venin ".
Un regard vers Louis (la vapote endiablée) Bertignac, en tenue Keith Richard, jusque dans l'attitude, un Jean-Louis Aubert l'œil ravi, un Richard ( coudières orthopédiques) Kolinka.

 

Première erreur :

Je pose mon regard sur Kolinka, pile au moment où il frappe sa première peau. Je suis resté bloqué tout le morceau sur lui. Je n'ai pas pu m'en détachéer, dramatique. Ils auraient substitué  les 3 autres musiciens avec Léa Salamé, ton beau-frère et Hughes Auffray que je ne l'aurais pas vu...

Ce mec vient d'un autre monde. Ce n'est pas une performance de musicien, c'est une chorégraphie. Il a développé une envie, une puissance, une inventivité que je n'avais encore jamais vu...Il était rouge écarlate, une tomate cœur de bœuf mûre passerait pour un champignon de Paris !

 Dans un furtif éclair de lucidité je me suis dit que non, il va pourrir mon concert ce mec..Je ne vais pas pouvoir le lâcher des yeux. Il n'a pas le droit d'infirmer un choix que j'ai fait, il y a des années de ne pas apprendre d'instrument pour pouvoir garder une capacité, pleine et entière, d'apprécier la musique de façon globale.

Et puis, ce n'est pas vrai, on ne peut pas tenir physiquement comme cela...Enfin..je pense..

Par chance, mon état va évoluer rapidement. Ils entament "Hygiaphone" et il est assez rapidement trahi par son poignet  gauche sur sa caisse claire lors d'un passage des plus scolaires. Le temps d'apprécier le backbeat qu'il peut produire avec trois membres, sa baguette affutée vient exploser mon ballon de baudruche qui me servait de tête et ma vision s'élargit sur la largeur de la scène.
 
Merci Richard de ne pas avoir eu le temps de te remettre de ta performance précédente et de m'avoir libéré et sauvé mon spectacle.

Là, je découvre seulement à quoi ressemble le bassiste que les 3 brigands ont choisi pour cette tournée.

C'est le point faible du spectacle. Que l'on ne se trompe pas. Ce musicien est excellent et super compétent. Ce que je remets en cause, c'est le son de sa basse. Il produit une compression colossale, très moderne, mais qui ne colle pas, à mon sens à l'esprit des compositions, telles que je les ressens. C'est un choix artistique du groupe, je pense, mettre un soupçon de modernité, j'imagine. Cela fonctionne bien sur deux ou trois titres (“J'sais pas quoi faire”), pas plus.

Pas de quoi gâcher ce concert, juste quelques nuages d'altitude sur un joli ciel bleu !

 Bertignac gardera son espèce de Gibson SG qu’il maltraite depuis la campagne de Russie de Napoléon. Il sortira faire prendre l'air (chaud) à sa Gibson Les Paul sur " Le jour s'est levé " et " Un autre monde ", à bon escient.

Jean-Louis changera de guitare comme Mariah Carey, ses tenues vestimentaires, alternance de différents modèles. La texture de son chant ne bouge pas avec les années, c'est assez fou.

" Dans ton lit " et " Fait divers" sont remarquables. Le final de " La bombe humaine " est malin et l'enchaînement avec " Au cœur de la nuit " est juste impérial.

 

La version de ce dernier m'a renvoyé dans mes 22, lorsque j'ai pour la première fois posé le diamant sur ce titre. Je me rappelle avoir su que j'aimerais cet album, avant même d'avoir entendu le refrain...Dantesque !

Décidément, les Rolling Stones resteront en fil rouge, ce soir, entre une intro "Start me up", un clin d'œil " Satisfaction", et "You gotta move", on n'en sort pas. Une idée en poussant une autre, " Like a rolling stone" de Dylan au piano.

Ils nous font le format, Keith va nous chanter deux chansons...Louis a préféré " 66 heures " (au dépens de " 2000 nuits " ) et un " Cendrillon " ovationné par le public en sueur.

"Flipper" est décevant. La version du documentaire " Téléphone Public" restera insurpassable. Je m'étais imaginé un duel de solo qui n'est pas venu. Ils le feront joliment sur la purge que constitue " ca (c’est vraiment toi ". Nan, je ne sortirais pas de suite.

De façon générale, les versions sont plutôt fidèles. Quelques rares titres ont été légèrement ralentis et baissés d'un ton pour palier l'évolution de la voix de JL. C'est le cas de " Un peu de ton amour " et " Tu vas me manquer ".

L'évolution la plus notable reste " Métro c'est trop" qui s'est enrichi d'un passage psyché du plus bel effet.
Est arrivée, la partie acoustique incontournable. " Le silence " s'imposait et la version m'a beaucoup plus alors que je n'ai jamais trouvé d'intérêt à ce morceau jusqu'alors. Une vraie surprise.
 
Une vraie satisfaction avec une version très alternative du plus bel effet de " Ce soir est ce soir ? " que j'avais imploré de mes vœux et rarement jouée sur cette tournée ' alternative à " Oublie ça".

Puis place à un médiocre " Le jour s'est levé ", enfin médiocre, avant cette  superbe soirée. Drôle d'idée quand même !

Un titre bien quelconque, un bon prétexte pour faire un coup de piano et toucher du doigt la qualité du chant de Jean-Louis. Un superbe solo de Louis
.
Le meilleur morceau du concert ! Sans contestation, une évidence.

Je suis verni, je voulais  " Un peu de ton amour" et je l'ai eu. Quasiment pas joué jusqu'ici, ( préféré à " Electric- cité" ).

Louis s'est complètement troué. Il est partit sur un extend solo final et a raté l'arrêt au stand...Il a fait un tour de piste supplémentaire et un rétablissement chat de gouttière apprécié.

Richard m'a encore collé au mur avec son jeu de grosse-caisse.
 
J'aurais aimé " Le temps" mais c'était trop improbable.

Ils ont sortis " In Paris" une face B obscure avec anecdote à la clé pour le 1er rappel. C'était l'endroit. " Le vaudou" et surtout " Téléphomme" m'aurait conquis également.

Le final " D'un autre monde " est également jouissif.

De manière plus générale, ils ont beaucoup échangé et parlé, heureux tout comme leur public. Une belle sincérité et une joie non feinte de leur part.

Je continue, haut les mains, à supporter les insupportables !

Merci pour votre attention et j'espère que vous aurez eu autant de plaisir à me lire que moi de l'écrire.

The ship goes on....

1.   Crache ton venin
2.   Hygiaphone
3.   Dans ton lit
4.   Fait divers
5.   Argent trop cher
6.   La Bombe Humaine
7.   Au cœur de la nuit
8.   66 heures
9.   Cendrillon
10.   Flipper
11.   Métro c'est trop
12.   J'sais pas quoi faire
----------------
13.   Le silence
14.   Ce soir est ce soir
15.   Le jour s'est levé
-------------------------
16.   Un peu de ton amour
17.   Ce que je veux
18.   New York avec toi
19.   Un autre monde
------------------------
20.   In Paris
21.   Ça (c'est vraiment toi)
---------------------------
22.   Tu vas me manquer


 

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LES INSUS – Zénith de Paris – 08/06/2016 - 1.0 out of 5 based on 1 vote

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