En cet automne 2015, Kvelertak assure en compagnie d'Anthrax la première partie de la tournée européenne de Slayer.
Il y avait une journée off entre la date parisienne et les dates espagnoles de cette tournée. Aussi l'association toulousaine Noiser a proposé aux Norvégiens de meubler (et aussi de rentabiliser) avec une date dans la ville rose, qui est une halte idéale sur la route de l'Espagne. Le concert devait initialement se tenir au Saint des Seins. Finalement ce sera dans une autre salle plus grande, l'une des meilleures qui soient dans cette catégorie: le Metronum ! Cela a été rendu possible grâce à l'entente avec une autre association, le collectif Antistatic, qui organisait le concert de Black Bomb A dans cette salle le même soir. Les deux dates ont donc fusionné en une co-production, Kvelertak prenant la tête d'affiche. L'intelligence des deux associations et des groupes pour avoir su s'entendre et s'allier plutôt que de se parasiter est vraiment à souligner. Tout le monde y gagne : les associations, le public, les groupes et l'image de Toulouse. En plus dans la salle, tout le monde a joué le jeu. Il y avait beaucoup de jeunes très jeunes dont c'était l'un des premiers concerts et qui profitaient des vacances de la Toussaint, venus surtout pour les premiers groupes, et des moins jeunes et des vieux intéressés surtout par la tête d'affiche (dont moi !). Eh bien pour une fois, personne n'a eu l'attitude que je trouve déplorable de sortir pendant les groupes pour lesquels il n'était pas venu sans même donner une chance. Il n'y a pas vraiment eu de césure du public alors que les groupes étaient sensiblement différents. Du respect et de la bonne ambiance, qu'on soit fan du groupe à la base ou non, c'est finalement ce qui devrait se produire à tous les concerts quel que soit le plateau proposé.
La première partie est assurée par BLACK KNIVES, un groupe de hardcore toulousain qui commence à avoir une bonne expérience scénique puisqu'ils ont assuré des grosses premières parties comme Suicidal Tendencies, Raised Fist, Suicide Silence ou Devildriver, sans compter de nombreuses petites dates et des apparitions à divers festivals. Et c'est clair qu'ils sont efficaces et qu'ils savent tenir une scène. Ils sont bien en place, ils haranguent constamment la foule et déclenchent les premiers pogos dans la salle. Pourtant, il leur manque quelque chose pour que j'accroche réellement. Il faut dire que le hardcore n'est pas non plus mon style de prédilection. Mais quand j'accroche, je trouve ça jouissif ! Là c'est bien fait avec un groupe qui en veut (condition sine qua non dans un style basé avant tout sur l'énergie) mais je trouve ça un peu répétitif. Par contre une bonne partie du public adhère et le groupe est ravi. Il faut dire que l'accueil dont ils ont bénéficié a été excellent, avec une belle ambiance dans la fosse. En prime, ils bénéficient du son parfait offert par le Metronum. Et c'est tant mieux pour eux, ça fait toujours plaisir quand un groupe du coin réussit, que j'en sois fan ou non !
S'ensuit le groupe qui devait initialement faire la tête d'affiche du jour. BLACK BOMB A roule sa bosse depuis un moment et une bonne partie du public (la plus jeune, alors que paradoxalement Kvelertak est un groupe beaucoup plus récent) est venue vraiment pour eux. Pour autant, les metalleux venus pour la tête d'affiche ne boudent pas le concert. Ce groupe n'est pas ma tasse de thé, mais je râle suffisamment contre ceux qui quittent la salle sans donner une chance au groupe pour ne pas le faire moi-même. Il faut quand même reconnaître qu'ils sont bons dans leur genre. Avec deux chanteurs tels que Arno et Poun ayant chacun un registre différent, ils en imposent. Derrière, Hervé Coquerel (bien connu pour marteler les fûts dans Loudblast) a un jeu de battterie d'une efficacité redoutable. Niveau riffs, ça envoie aussi. Les Parisiens sont parfaitement rodés et savent tenir une scène. L'occupation de la scène par le quintet est en tout cas impressionnante. le groupe est aidé également par un son énorme. Et du coup, dans la fosse, l'ambiance suit bien avec pogos, circle pits et walls of death en pagaille. Les lycéens et autres moins de 20 ans sont déchaînés, mais le public d'un âge plus mur participe aussi ! Après, musicalement, je n'écouterais pas Black Bomb A sur disque. Ce n'est pas la claque ultime comme j'ai pu avoir avec les fabuleux Rise Of The Northstar (que j'adore aussi bien sûr disque qu'en live) dans un style relativement proche. Mais c'était quand même un très bon concert. A la fin, Arno en a profité pour remercier le public et les deux assos co-organisatrices de la soirée, faire des compliments sur la salle (qui est, il est vrai, excellente) et saluer les autres groupes en écorchant bien le nom de Kvelertak. A défaut de me convertir, Black Bomb A a donc été très convaincant.
Et la salle ne va pas se vider de moitié pour KVELERTAK ! Ils sont pourtant moins connus que Black Bomb A et s'adressent d'abord à la frange la plus purement metal du public. Mais tout le monde joue le jeu et même les ados venus pour les Parisiens restent, pour leur plus grand bonheur d'ailleurs. Car la prestation des Norvégiens va être objectivement bonne, et les djeunz vont se donner à fond dans la fosse comme ils l'avaient fait pour les deux groupes précédents. Et puis c'est vrai que la musique de Kvelertak peut parler à beaucoup de monde. Crossover de black metal (pour le chant surtout), de heavy, de hard rock et de punk à l'imagerie particulière parlant beaucoup aux amateurs de stoner et de sludge, avec un chant en norvégien, les Scandinaves ont leur style bien à eux mais peuvent plaire à tous les fans des musiques citées. Et l'énergie qu'ils dégagent peut aussi toucher les coreux et amateurs de neo présents dans la salle, au moins en live. Ils vont donc faire l'unanimité.
Le groupe affiche un backdrop gigantesque occupant tout le mur de la scène du Metronum. Le fait de se produire dans cette salle apporte en tout cas une véritable valeur ajoutée, car s'ils avaient été au Saint des Seins, je ne vois pas trop comment ils auraient disposé ce backdrop prévu surtout pour assurer la tournée des Zéniths avec Slayer et Anthrax. Le chanteur va jouer sur la première chanson avec un hibou empaillé sur la tête, du plus bel effet.
C'est en tout cas la première fois que je vois Kvelertak sur scène. J'aurais pu y aller au dernier Wacken, mais il y avait un autre groupe que j'aimais bien en même temps et ça ne me disait rien de les voir de jour sur une grande scène. Je craignais qu'ils ne soient un peu perdus sur la Black Stage, et je pense aussi que leur musique est plus propice aux petites salles. Question occupation de la scène en tout cas, il n'y a pas de problème puisqu'ils sont cinq, avec trois guitaristes ! Il n'y en a pas un qui soit plus mis en valeur que les autres ou qui fasse pot de fleur (au contraire de la présence d'un certain guitariste roux au nom d'un département du sud-ouest de la France dans la vierge de fer), mais ce plan à trois leur donne un son bien particulier et ça apporte donc beaucoup en terme de présence scénique. Le chanteur est de plus un excellent frontman, déjanté à souhait. En fait tout le groupe est au taquet et enchaîne sans temps morts, et l'ambiance suit bien dans la fosse (même si c'était un peu plus intense durant Black Bomb A juste avant). En prime Kvelertak bénéficie d'un son énorme et d'un bon light show qui met bien en valeur le backdrop, et donc l'aspect visuel dans son ensemble.
Pendant l'heure et demie dont ils vont bénéficier, les Norvégiens vont jouer quasiment l'intégrale de leurs deux albums, "Meir" et leur premier album éponyme, plus deux nouveaux titres qui ne dénotent pas du reste. Ce point est d'ailleurs à souligner : si cette date toulousaine a été rajoutée entre deux autres dates avec Slayer et Anthrax, Kvelertak l'a prise au sérieux en jouant dans de vraies conditions de tête d'affiche et en proposant un show digne de ce nom, bien différent de ce qu'ils auraient pu faire en tant que groupe d'ouverture. Tous les groupes dans cette situation ne le font pas. Je me rappelle par exemple de Huntress fin 2012 : les Américains faisaient l'ouverture de la tournée de Dragonforce et SPM les avaient fait venir au Saint des Seins lors d'une date off entre Bordeaux et l'Espagne. Ils n'ont pas proposé de show différent de la tournée ni de chanson supplémentaire et étaient partis sans rappel. Quand on leur a demandé pourquoi, ils ont expliqué qu'ils n'avaient pas préparé d'autre chanson. C'est assez moyen... Mais Kvelertak n'étaient pas du tout dans cette démarche. Ils n'ont pas joué à l'économie et ont vraiment profité de l'occasion de jouer en tête d'affiche dans une ville où ils ne s'étaient jusqu'alors jamais produits pour proposer quelque chose d'autre. Cette démarche les honore et est la preuve à la fois d'une ambition certaine et d'un vrai respect du public. Et du coup, tout le monde est content et les Nordiques sortent sous les acclamations !
Voilà donc une excellente soirée où dans des styles différents, les trois groupes présents ont produit de belles prestations. Je n'étais venu que pour Kvelertak, qui est le seul groupe que j'aime vraiment dans le lot, a parfaitement joué son rôle. Je ne suis pas devenu plus fan des deux autres groupes, que je n'écouterai donc toujours pas sur album, mais ça n'empêche que j'ai apprécié leurs prestations et l'ambiance qu'ils ont mise. Et surtout, il faut vraiment souligner le bon esprit qu'il y a eu ce soir et le respect des fans de chaque groupe vis à vis des autres, et la belle initiative qu'ont eu les deux associations Noiser et Antistatic de fusionner deux concerts, qui, s'ils s'étaient tenus simultanément, n'auraient pas rencontré de succès. Au lieu d'une mauvaise concurrence, donc, ce concert en commun était une réussite totale
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