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Blaze Bayley, comme Tim Ripper Owens, Paul Di Anno et quelques autres chanteurs qui ont intégré un grand groupe,

pour succéder à un leader emblématique et irremplaçable, traine une belle image de loser. Depuis son départ d'Iron Maiden, on ne peut pas dire que la chance lui ait vraiment souri.  Aucun de ses disques n'a vraiment marché (malgré une qualité artistique certaine, si on se donne la peine de les écouter) et il n'a jamais dû attirer plus de 300 personnes sur son nom. Et pourtant, il le mériterait. Il n'a pas non plus été aidé, que ce soit par ses labels ou par son ancien entourage... Sans oublier non plus les drames personnels qu'il a pu traverser (le titre de son album "The man who would not die" était on ne peut plus approprié). Malgré tout ça, il s'accroche. Entouré par de bons musiciens qui ne sont pas des stars mais qui sont talentueux et dévoués, il sort ses albums sur son propre label et il enchaîne les tournées dans des petites salles et en festival. Et sa voix est intacte ! Je n'ai jamais été fan des albums d'Iron Maiden sur lesquels il a chanté, mais ça n'enlève rien à ses qualités vocales. C'est juste que, pour moi, son chant ne convenait pas à la Vierge de Fer. Il n'en reste pas moins que Blaze est en soi un chanteur très talentueux. Et heureusement, il reste quelques gens pour croire en lui. En particulier les membres de l'association marseillaise French Heavy Metal Connection, qui le font jouer dans le sud-est à chaque tournée. Le Korrigan de Luynes (un village des Bouches du Rhône situé entre Aix et Marseille) est ainsi devenu comme sa deuxième maison. A l'occasion des quinze ans de la sortie de "Silicon Messiah", son très bon premier album, et avant d'enregistrer son nouvel album dont la sortie est prévue pour 2016, Blaze repasse donc dans cette petite salle provençale.
Un samedi, sans contraintes familiales, on s'est donc dits qu'un déplacement Toulouse-Marseille vaudrait le coup  .


Après un après-midi un peu court en terrasse sur Vieux Port, direction le Korrigan ! Nous arrivons juste après la prestation du premier groupe, les Marseillais de DEBACKLINER, dont je n'aurais pas grand chose à dire. Il parait que c'était du bon heavy et que leur premier album autoproduit ne devrait pas tarder à sortir. A voir une prochaine fois, donc...
Je prends le temps de découvrir le Korrigan avant le deuxième groupe. Ca ne prend pas beaucoup de temps à découvrir, puisque

l la salle est toute petite et peut être comparée à la Dynamo à Toulouse, le Nouveau Casino à Paris ou encore le Grillen de Colmar. Je n'en avais pas entendu dire beaucoup de bien, et je suis en fait agréablement surpris. Le son est bon, la visibilité aussi (le bar surélevé et les marches assez larges permettent ainsi aux petits gabarits de bien voir la scène de partout), la déco et le personnel sont sympas et surtout, le choix de bières est hallucinant. Pas à la pression, car c'est juste une bière blonde de base (qui a le mérite d'être une marque corse et pas de la Kro ou de la Heineken, mais elle n'est pas fameuse quand même), mais le Korrigan a une quinzaine de bières spéciales différentes en bouteille à seulement 5€. Les gens du sud-est ne sont donc pas si inhospitaliers qu'on le dit !

 


MESSALIA sera, pour ce qui nous concerne, le premier groupe de la soirée. Le générique des dents de la mer résonne et un requin gonflable fait du stage diving pour l'arrivée du groupe sur un morceau fort justement nommé "Kissing the shark" ! Les Marseillais pratiquent un thrash mid tempo, assez carré. Musicalement, c'est bien en place. Le chanteur a une voix éraillée à la Tom Angelripper. Ils ont déjà fait pas mal de concerts dans la région, ouvrant notamment pour Vulcain et leurs compatriotes marseillais d'ETHS, et déjà pour Blaze Bayley deux ans auparavant. Le groupe jouant à domicile, ils ont un bon soutien de leur public. Découvrant Messalia ce soir-là, je trouve ça sympa mais un peu linéaire. C'est bien fait, bien exécuté mais ça manque un peu de variété.  Je n'accroche donc pas plus que ça. Par contre, ils ont bien assuré face aux problèmes techniques, suite à une basse en panne qui les a bloqués un bon quart d'heure. Les membres du groupe ont réussi à meubler sans paniquer et tout en gardant le sourire et grâce à l'aide de la basse prêtée par Debackliner, ça a pu repartir. Si je n'ai pas spécialement été enthousiasmé par la musique de Messalia, leur attitude est en tout cas très bonne et leur plaisir de jouer est finalement communicatif.


Après une grosse demi-heure de pause, BLAZE BAYLEY et son groupe déboulent sur la scène du Korrigan ! C'est la quatrième fois que je le vois, mais la dernière fois remonte quand même : je l'ai vu trois fois en six mois en 2002 (ce qui fait quand même treize ans...), et depuis plus rien à part quelques apparitions en guest à divers festivals. Depuis, il n'a plus de cheveux, il a des rouflaquettes blanches, il a traversé des épreuves difficiles sur le plan professionnel comme sur le plan personnel mais il a gardé la foi metallique et il est maintenant plus en forme que jamais. Sa voix est intacte, son énergie inépuisable, et surtout on sent le mec vrai, sincère et honnête dans ce qu'il fait. Il dira à maintes reprises qu'il aime ce qu'il fait, qu'il vit de sa passion et que pour ça, il a une chance énorme. Pas de discours démago surfait à la Manowar, tout ce qu'il dit sonne juste dans le ton et dans la manière, et ça se sent quand on le voit tout  donner pendant deux heures. Comme il l'a précisé, son premier album, "Silicon Messiah", n'a pas eu une bonne promo. Pire, aucun tourneur ne l'a booké à l'époque. Il n'avait donc pas fait une seule date, sa première tournée ayant été celle de l'album suivant, le très bon "Tenth dimension". C'est d'ailleurs sur cette tournée que je l'ai découvert en solo. Donc pour les quinze ans de ce premier album qui n'a pas été promu sur scène, il va le mettre largement à l'honneur avec pas moins de sept chansons, plus deux qui figurent sur la réédition de l'album qu'il vient de sortir sur son propre label :up:  Et il a ajouté que pour tous ceux qui aiment cet album, il le jouera une unique fois dans son intégralité en Angleterre à un festival cet été ! En tout cas ça fait bien plaisir d'entendre ces vieux titres, parmi lesquels figurent pas mal de tubes : "Ghost in the machine", "Stare at the sun" ou la chanson titre sont de bons hymnes susceptibles de plaire à n'importe quel fan de heavy metal traditionnel. Les inédits sont sympas, en particulier "Motherfuckers R us", dédié à Ronnie James Dio dont c'était le cinquième anniversaire de la mort ce week-end là. Pour le reste, Blaze a joué un titre de chacun de ses albums solo, une reprise de Wolfsbane, son groupe d'origine dont je ne connais absolument rien (et je n'ai du reste pas été emballé par "Tough as) Steel" qu'il a joué en fin de set), et trois reprises d'Iron Maiden dans la période où il y a chanté. "Man on the edge" a fait un excellent rappel, "Furureal" est toujours sympa, mais c'est surtout "The Clansman" qui a été le grand moment du concert. C'est pour moi la seule chanson de cette période de Maiden qui soit au niveau des classiques du groupe. C'est toujours un immense plaisir de l'avoir en live et elle a eu un gros succès, tout le public la reprennant en choeur et sautant en hurlant "Freedoooooom" ! Outre Blaze en forme olympique (de Marseille !), son groupe est également au taquet. Ils ont tous le sourire, ils ne font pas une fausse note et forment un vrai bloc autour de leur chanteur. Ils semblent en tout cas partager sa passion de la musique et son plaisir d'être sur scène. En plus, le groupe bénéficie d'un excellent son.
Avec une belle playlist, Blaze Bayley et ses musiciens en forme et heureux d'être là, une bonne ambiance et des conditions techniques qui suivent, c'est du pur plaisir et on a l'impression qu'ils n'ont joué que trois quarts d'heure... Sauf qu'en fait la prestation a duré deux heures ! A 52 ans, Blaze en fait en tout cas largement plus que de nombreux jeunes groupes qui n'arrivent même pas à l'heure et demie de jeu quand ils sont en tête d'affiche, et avec un chant toujours impeccable. Que ceux qui le prennent pour un loser en prennent de la graine !



Setlist de BLAZE BAYLEY :

Born as a stranger
The brave
The launch
Futureal
Ghost in the machine
Identity
Silicon messiah
The day I fell to Earth
Evolution
Kill and destroy
Ten seconds
Samurai
Motherfuckers R us
Stare at the sun
The Clansman
Blood and belief
(Tough as) Steel

Man on the edge


Au final, c'était une superbe soirée en Provence, qui valait vraiment les 400 kilomètres.
Je savais que j'allais passer un bon moment, car Blaze Bayley a fait quelques très bons titres et qu'il sait tenir une scène, mais je ne m'attendais pas à une claque pareille. Blaze a traversé les épreuves, il s'en est sorti, il suit son chemin et je retournerai le voir dès que j'en aurai l'occasion !

 

 Pierre

 

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