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Voilà un concert que j'attendais avec autant d'impatience que de perplexité !

Impatience parce que Therion est l'un de mes groupes préférés depuis ma découverte de "Theli" et de "Vovin" en 1999 et les concerts d'anthologie qu'ils ont presque toujours donnés. Mais perplexité, parce que j'étais resté sur ma faim avec leur prestation en demi-teinte au Phare en 2010 (ils s'étaient cependant bien rattrapés quelques mois plus tard au Hellfest 2011), et aussi parce que leur évolution discographique récente et les avis sur leur concert à Paris cinq jours auparavant avaient de quoi faire peur. Pensez donc: un groupe génial et grandiose qui s'amuse à faire un album de reprises de vieilles chansons kitsch françaises des années 60  Et quand en prime on vous dit, quelques jours avant, que la prestation à Paris (traditionnellement une date importante pour les groupes qui y passent, et qui se loupent donc rarement dans la capitale) n'a pas été convaincante alors que, à l'exception de la tournée "Sithra Ahra" en 2010, Therion avait toujours été fabuleux sur scène (leur concert à la Loco en 2001 reste à ce jour l'un des trois meilleurs concerts de ma vie :amour: ), il y a légitimement de quoi être inquiet. Fort heureusement, le jour même, Oso et Sonia, des amis de Bayonne qui avaient été les voir à Bilbao la veille, avaient trouvé ça tellement bon qu'ils se sont décidés au dernier moment à parcourir les 300 kilomètres entre le Pays Basque et Toulouse pour revenir les voir. C'est donc plutôt encourageant mais il faut le voir soi-même pour s'en faire une idée... Et le résultat va être au delà de toutes les espérances   


J'arrive vers 19h30 sur le parking du Bikini, où je retrouve Talasquin et sa soeur, et des potes de Marseille, pour une before bien arrosée :cheers: On est rejoints par le Fab, Laex, Oso et Sonia, Manue, MDT et plein d'autres, et nous restons sur le parking jusqu'à ce qu'il ne reste plus une goutte de bière dans les nombreuses bouteilles que chacun avait amenées :boisson: Avec ça, on loupe la première partie, les Espagnols d'ANTALGIA qui, parait-il, sont assez nuls


Lorsque nous rentrons dans le Bikini, c'est pour voir le deuxième groupe de première partie, en l'occurrence les Français d'ELYOSE... et ça n'est pas terrible non plus  C'est de l'electro metal très dansant avec chant féminin. La chanteuse n'est pas mauvaise, le son est bon (normal, c'est le Bikini!), mais les compos ne sont pas inspirées et les beats electro et technoïdes sont beaucoup trop mis en avant pour mon oreille de metalleux.
On regarde trois morceaux attentivement, puis direction les stands de merchandising où l'on trouve les membres de Therion, en particulier Christoffer Johnsson, qui discute avec tout le monde et fait des dédicaces. C'est surtout l'occasion d'acheter le nouvel album du groupe, "Les Fleurs du Mal", qui n'est pas encore en vente dans le commerce: Nuclear Blast ayant trouvé le concept un peu too much, Christoffer Johnsson a racheté au label les droits pour cet album et le sort donc de son côté. Il s'est quand même endetté de 75000€ auprès de sa banque pour ça. On ne trouve donc pour l'instant l'album qu'aux stands merchandising du groupe et, quand la tournée sera terminée, sur la boutique en ligne de leur site officiel. C'est une démarche courageuse et risquée, qui mérite respect et soutien  En tout cas, Mister Johnsson est très abordable et agréable, de même que son staff.
Pour ce qui est d'Elyose, par contre, je n'en dirais pas grand chose de plus vu ce que j'en ai suivi. Mais les beats electro qui prennent le pas sur les guitares de cette manière, et même si j'aime bien un bon nombre de groupes d'electro metal, ça passe difficilement pour moi. Au moins, la chanteuse a l'air sympa, elle est souriante et le reste du groupe avait également l'air content d'être là, c'est déjà ça


Après ces amuse-gueules assez peu intéressants, on va passer aux choses sérieuses avec THERION. Et là, on passe dans une autre dimension  Le groupe arrive avec "O Fortuna" en intro (reprise du "Carmina Burana" de Carl Orff qui figure sur leur album "Deggial"), puis enchaîne sur une reprise speed et lyrique de... "Poupée de cire, poupée de son" de France Gall  Eh oui, "Les Fleurs du Mal", c'est un album de reprises de chansons des yéyés, il faut s'y faire... ça fait vraiment un choc quand on entend ça la première fois  Et pourtant j'aime bien les trucs de metal parodique à la JBO ou Ultra Vomit ! Mais à la base, je suis allergique à la variété française. J'ai quand même eu le temps de m'y préparer mentalement avant le concert: Youtube est mon ami  Therion est bien le dernier groupe que je m'attendais à voir reprendre ce genre de chansons. Je me demande d'ailleurs comment des Suédois en sont arrivés à découvrir ce style de musique, que je pensais trop purement franco-français pour s'exporter en dehors de l'aire francophone. Mais après quelques écoutes, force est de reconnaître que c'est très bien fait et que Therion a su bien les adapter à son style. Le fait d'être français et de connaître les versions originales fait quand même bizarre, mais j'ai demandé l'avis de contacts anglophones et hispanophones qui ne parlent pas notre langue et ne sont pas familiers avec la culture française, et ils ont tous trouvé ça excellent  En tout cas, en live, "Poupée de cire, poupée de son" passe très bien, chantée à merveille par Loris Lewis et Thomas Vikström  La diction et la prononciation en français par la chanteuse américaine et le chanteur suédois sont en tous cas impressionnantes de justesse  Si les chanteurs français pouvaient prononcer aussi bien l'anglais, nos groupes nationaux auraient de bien meilleures perspectives d'exportation. Tout ça fait en tout cas une belle entrée en matière, bien fun  Et ça enchaîne sur "Son of the sun", un morceau cette fois 100% estampillé Therion. Et là, on a immédiatement la sensation que la soirée va être bonne ! Le groupe apparaît uni et soudé, tout le monde a l'air de s'éclater sur scène, et ce plaisir de jouer se transmet à toute l'assistance. Leurs costumes d'apparat sont kitsch à souhait, entre les robes de soie mode XIXe siècle des deux chanteuses, la robe de magistrat du batteur (qui est d'ailleurs laid comme un pou mais très doué), le justaucorps de Christoffer Johnsson et surtout la tenue de Village People de Thomas Vikström  Ca donne au groupe à la fois une touche de fun et une espèce de classe décadente. Avec une mise en scène soignée et un light show magnifique, on ne s'ennuiera pas une seconde. A signaler aussi la présence d'un claviériste, pour la première fois. Ca apporte beaucoup dans la mesure où les choeurs et les instruments traditionnels ou symphoniques ne sont plus sur bande.

La seule chose que je peux reprocher, c'est que "Via Nocturna" est en troisième position. C'est une belle chanson en soi mais très longue (plus de dix minutes) et calme. Alors que ça avait commencé sur un rythme très dynamique, ça fait retomber un peu le soufflé. Je ne suis pas contre la présence de cette chanson dans la playlist, d'autant que le groupe l'a rarement jouée sur scène. Mais il aurait mieux valu la mettre dans la deuxième moitié du show après un enchaînement de morceaux intenses. Après un "Flight of the lord of the flies" anecdotique, on a droit à "J'ai le mal de toi", une reprise yéyé bien sympa, et quand ça enchaîne sur "Abraxas", le concert passe à la vitesse supérieure et est lancé définitivement   Même si le groupe n'a plus six choristes comme à une époque, ni Snowy Shaw qui apportait beaucoup vocalement (son jeu de scène ultra-grandiloquent, qui avait bien contribué à la semi-déception de leur passage en 2010, ne me manque par contre absolument pas!), le chanteur et les deux chanteuses assurent comme des chefs. Parfois des choristes ou un vrai chanteur lyrique n'auraient pas fait de mal, mais Thomas Vikström est vraiment impressionnant. Il arrive à chanter parfaitement dans tous les registres (chant heavy, voix claires et même chant lyrique, même si ce n'est pas sa spécialité) Comme frontman, il est également très fort avec une présence et un charisme énormes. Idem pour Loris Lewis, son alter ego féminine dont je suis tombé amoureux dès la première fois que je l'ai vue, en janvier 2007 à l'Elysée-Montmartre  L'autre chanteuse, spécialisée dans le chant lyrique, est plus en retrait et moins charismatique, mais elle fait bien son job et est bien intégrée au groupe.
Dans les moments forts, il faut signaler une version acoustique de toute beauté de "Lemuria", un "Rise of Sodom and Gomorrah" dantesque, un "Land of Canaan" long et épique, un speech de Christoffer Johnsson digne de Joey de Maio expliquant sa démarche artistique (qui est d'ailleurs bien plus true que celle de Manowar ) avant un final en apothéose sur "To Mega Therion"   

Les mots ne peuvent pas toujours bien décrire un concert et les sensations que l'on y ressent, mais c'était vraiment énorme Therion nous a offert là l'un des meilleurs concerts de l'année. Un groupe parfaitement en place et à la joie de jouer communicative, avec un son et un lightshow au poil, le tout pour une durée de deux heures, on n'est pas loin de la perfection. Et je dis ça en les ayant vu sept autres fois, avec des playlists et des prestations encore meilleures ! Parce que quand même, j'aurais bien aimé avoir "Asgard", "Adulruna Rediviva", "Perennial Sophia", "Flesh of the gods", "Enter Vril-Ya", "Nightside of Eden", "The wild hunt", "Crowning of Atlantis", "Lady in black", "Hellequin", "The birth of Venus Illegitima", "Riders of Theli", une ou deux reprises metal comme "Thor (the powerhead)" de Manowar ou "Balls to the wall" d'Accept, et j'en passe et des meilleures. Mais de toute façon, vu l'importante discographie de Therion et le nombre de classiques qu'ils ont, il y aura forcément des morceaux oubliés. Et scéniquement, même sans choristes, ils ont assuré aussi bien qu'au cours des tournées précédentes (excepté en 2010). Tout ça fait que je ressors de la salle avec des étoiles plein les yeux et des rêves plein la tête  


Playlist de THERION:

O Fortuna (intro)
Poupée de cire, poupée de son
Son of the Sun
Via Nocturna
The Flight of the Lord of Flies
J'ai le mal de toi
Abraxas
Vanaheim
Lemuria
Gothic Kabbalah
The Siren of the Woods
Ginnungagap
Land of Canaan
Wine of Aluqah
The Rise of Sodom and Gomorrah
The Khlysti Evangelist
Une Fleur dans le cœur
Son of the Staves of Time

The Wondrous World of Punt
The Blood of Kingu

To Mega Therion


Voilà donc une putain de soirée comme on en voudrait plus souvent, avec des potes, de la bière et un concert de folie d'un groupe génial  On a donc bien fait d'y aller, déjà parce que c'était énorme, et aussi parce que Christoffer Johnsson a annoncé que Therion ne ferait pas de véritable tournée avant quelques années, préparant un projet d'opera metal qui s'annonce fort prometteur. En tout cas, quoi qu'ils fassent à l'avenir, ça prendra le temps qu'il faut mais je serai toujours là pour les soutenir

Photos Fred Moocher
Videos  Metalden
Merci à SPM Prod

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