A l'occasion de la sortie de son nouveau double album La Fissure Du Temps, RENAUD HANTSON a eu la gentillesse de répondre aux questions de RockMeeting.
Une interview sans langue de bois, dans laquelle il nous parle de sa propre fissure du temps, de musique, de ses livres, le tout avec une grande simplicité et une sensibilité touchante.
RockMeeting : Que représente pour toi la sortie de La Fissure Du Temps ?
Renaud Hantson : Pour moi, les deux albums qui figurent sur La Fissure Du Temps (NDLR : l'album éponyme de 2002 et Je Couche Avec Moi de 2008) n'ont pas eu l'exposition qu'ils méritaient à l'époque. J'étais sur des labels qui n'ont pas fait un énorme travail promotionnel pour faire entendre les chansons contenues dans ces disques. Moi-même, je n'étais pas dans un état physique et mental qui me permettait, soit de rappeler ces labels à l'ordre, soit d'avoir la motivation de me défendre. J'ai donc décidé de tout réorchestrer, ré-arranger et remasteriser avec l'aide de DIDIER ESCUDERO mon ami et pianiste. Certains titres ont été remixés. C'est intéressant autant pour le public qui connaît déjà ces albums, que pour les personnes qui ne les connaissent pas. Moi-même, j'ai beaucoup de plaisir à réécouter ces 2 albums. En ce qui concerne l'album éponyme de 2002, je suis même étonné de constater qu'il contienne autant de bonnes chansons. J'ai longtemps cru que c'était un album de transition après Notre Dame De Paris, qui a au moins le mérite de m'avoir redonner l'envie de chanter et de refaire des albums solos. Car, à l'époque, je ne savais pas où j'en étais et si j'avais encore envie de faire des disques. Je savais déjà, par contre, que je voulais démarrer un projet Rock et FURIOUS ZOO est arrivé en 2005. Je ne savais pas encore que j'allais remonter SATAN JOKERS et je ne savais absolument pas si je voulais continuer à écrire des chansons. C'est une très longue réponse mais c'est une question compliquée... Je pense que pour ceux qui ne connaissaient pas ces disques, c'est une bonne approche de ce que je suis devenu aujourd'hui. Ces disques représentent bien mon côté Pop/Rock. C'est sûr que les fans de Métal et de SJ ne vont pas forcément se retrouver dans ces 2 disques, quoique (NDLR : votre fidèle serviteur confirme que oui). Je pense qu'avec Didier, on a arrangé ces albums dans le même état d'esprit de ce que va donner le prochain album avec 100% de nouvelles chansons à paraître en 2013.
RM : A l'époque en 2002 quand tu sors l'album éponyme, tu passes du statut « artiste maison » au statut« artiste indépendant ». Cela a-t-il changé quelque chose pour toi, en particulier au niveau de ton état d'esprit ?
RH : Ce qui a changé, c'est que je me suis senti, un peu plus comme un artisan. Un artisan de la musique, oui, c'est une phrase d'un artiste que j'aime beaucoup, ART MENGO. Déjà dans les années 90, je trouvais que c'était une phrase très juste. J'ai été jusqu'en 1997, un « artiste maison ». Les maisons de disques investissaient leur propre argent sur mes albums. Mais j'ai toujours essayé de rester libre, de travailler de façon artisanale. Quand j'arrivais en studio, mes chansons étaient déjà prêtes. Je laissais relativement peu de place de manœuvre aux directeurs artistiques des maisons de disques. Pour une raison très simple, les directeurs artistiques étaient rapidement dégagés, seulement après quelques mois. C'est ce que l'on appelle la valse des directeurs artistiques. J'ai connu une danse incessante des services promo ou des directeurs artistiques pendant toutes les années ou j'étais « artiste maison ». Ce qui n'a absolument pas aidé l'exposition de mes six premiers albums. Quand tu deviens « artiste indépendant », tu découvres un autre revers de la médaille. Tu te produis toi-même en investissant ton propre argent. Personnellement, cela ne me dérangeait pas parce que j'ai vendu plus de disques que ce que tout le monde croit. J'ai pu toujours très bien vivre de la musique. Ce qui m'a permis en 2002, de n'avoir aucun problème à produire moi-même l’album éponyme sorti chez Universal. C'est tout cela qui a changé. Quand tu prends un risque, tu le prends à 100%, même si c'est une sensation que j'ai toujours ressentie. La différence, c'est que c'est moi qui fais les chèques (rires), mais c'est moi aussi, par contre, qui encaisse les coups et les échecs. Ce qui est dommage, c'est que je deviens mon propre producteur à une époque où le marché du disque s'effondre. En fait, c'est surtout compliqué pour les très, très gros vendeurs qui passent de 500 ou 800 000 exemplaires à 50 ou80 000 ex. Bien sûr, il reste encore des artistes qui vendent 200 ou 300 000 ex, voire même des exceptions à la règle comme par exemple CHRISTOPHE MAE qui a beaucoup vendu, plus de 2 millions de son premier album. Pour le reste des gros vendeurs, en ce moment, c'est une catastrophe. Les petits artisans comme moi, souffrent beaucoup moins de cette crise. J'investis à hauteur de ce que je peux investir sur mes albums. Je travaille à ce que chaque disque que je produis soit mieux produit que le précédent. J'essaie de progresser d'album en album. Même quand je fais un petit score, je gagne plus d'argent de toute façon.
RM : En 2008, avec l'album Je Couche Avec Moi, tu reviens à des sonorités plus Rock. Penses-tu continuer à l'avenir dans cette direction musicale ?
RH : Complètement. En fait en 2008, j'étais complètement décomplexé de ma culture Rock parce que j'avais monté FURIOUS ZOO. Je jouais régulièrement dans des clubs, ce que je n'avais jamais fait auparavant. Cela m'a apporté une proximité avec les gens que je n'avais pas connue, ni avec ma carrière solo, ni avec SJ. que je n’avais pas encore remonté en 2008. Déjà en 1997, sur l'album Seulement Humain, j'avais fait ce métissage musical Rock/Pop/Fm qui me tient à cœur depuis des années, mais à l'époque, ce n'était pas totalement abouti, parce que j'étais encore « artiste maison ». Quand tu n'es pas ton propre producteur, tu es bien obligé d’écouter les conseils des gens autour de toi. Alors on te demande d'arrondir les angles, de ne pas trop envoyer vocalement ou d'essayer d'adoucir un mixage pour que cela ne sonne pas trop Rock, pour les radios, alors qu'on s'en br..le totalement. Ce que veulent les gens, c'est un artiste qui soit vrai. Pendant des années, j'ai mélangé les genres, le Rock à la Pop que j'aime beaucoup. Donc à partir de 1997, j'ai décidé de ne plus céder à l'ennemi. J'ai fait un album de Pop/Rock. Aux Etats-Unis, on appellerait çà du Rock Fm, en France, on appelle çà de la Variété, je m'en fous. C'est de la Variété Rock, appelons çà comme on veut, je m'en tape. Tout çà, c'est des querelles de pseudos critiques, cela ne m'intéresse pas. Donc, pour ma carrière solo, on peut appeller çà du Pop/Rock. Pour revenir à 2008, étant mon propre producteur, j'ai fait ce que j'ai voulu. Comme je n'aime pas me répéter et faire toujours le même album, je vais aborder le prochain sous cet angle là, mais avec un aspect plus « programmé ». Je vais utiliser des machines comme on fait actuellement sur scène avec Didier. Il y aura du gros son avec un petit côté MAROON 5, U2 quand il mélangeait leur Pop à de l'électro. Cela sera de l'électro Rock ou de l'électro Pop sans être trop électro car il y aura pas mal de ballades avec des climats un peu mélancoliques. Un album c'est un instantané de ton état d'esprit, de ta vie dans les derniers mois de l'enregistrement. Je pense que le disque sera joyeux pendant la période de l'enregistrement mais il y a une espèce de profondeur en moi depuis une année ou deux. Une sorte de tristesse par rapport au temps que j'ai gaspillé et du fait que je ne sais pas exactement où je vais. Cela donne une couleur particulière un peu comme sur l'album Seulement Humain qui n'était pas très joyeux.
RM : Pour la réorchestration avec Didier comment cela s'est-il passé ? A-t-il eu carte blanche ?
RH : Je lui ai d'abord donné mes indications et après je lui ai laissé les pleins pouvoirs. Parce que ma rencontre avec Didier est très importante. Didier et MICHAEL ZURITA sont des amis, ils sont aussi tous les deux mon bras droit et mon bras gauche. En fait ils sont deux bras droits, Didier pour HANTSON en solo et Michaël pour SJ et FURIOUS ZOO. Après avoir donné mes indications, Didier a travaillé seul à Perpignan dans son studio. Ensuite, on a bossé comme des malades pendant des nuits entières. On a vécu un grand moment de complicité musicale. Cela nous a donné l'occasion de mettre 8 inédits dont 1 titre co-écrit avec Didier que je ne trouvais pas assez fort pour être sur le prochain album. Ce titre Série B sonne très années 90, 2000, je ne voulais pas l'affiner plus que cela. Le reste des inédits se compose de quelques titres avec FRANTZ FAGOT et un de FRANCIS LALANNE. Mais tout cela a été un beau moment de partage, de complicité et aussi de boulot.
RM : Sur cet album, on retrouve bien sûr La Fissure Du Temps qui t’est très personnelle. Quel sens donnes-tu aujourd’hui à cette chanson, avec le recul ?
RH : Le clip de La Fissure Du Temps, c'est vraiment le clip que j'attends. Mais, je suis très, très fier d'avoir sorti le clip de Un monde A Elle quelques jours avant la sortie officielle du disque le 7 décembre. Avec Didier, le travail qu'on a fait sur cette chanson, se rapproche de ce qu'on veut réaliser sur le prochain album. Bien sûr, il y aura Michaël à la guitare qui apportera une touche plus Rock. Un Monde A Elle est une chanson qui me touche beaucoup car elle parle d'un sujet fort, l'autisme. En ce qui concerne La Fissure Du Temps, j'attends avec impatience le résultat du clip très ambitieux réalisé par SANDRINE MULAS. Nous avons réuni 90 personnes qui défilent sur le texte. Ce texte parle de cette fissure de 17 années. Que ce soit PIERRE PALMADE qui ait écrit ce texte à l'époque où on ne buvait pas que de l'eau, je trouve cela incroyable, totalement visionnaire. Pierre est un mec incroyable. Ce soir-là, on était en vacances chez notre ami JEAN-MARIE BIGARD et nous avions beaucoup bu. Ils me disent « Mets-toi au piano, on va faire une chanson ! » J'étais complètement déchiré, je me suis dit qu'on allait écrire La Danse Des Canards. Là Jean-Marie me dit : « Il faut que çà s'appelle la fissure du temps ! La fissure du temps parce que çà veut tout dire pour nous ! » Pierre va dans la cuisine, se met à un bout de table et cinq minutes après il revient avec le refrain (NDLR : à ce moment-là Renaud récite le refrain). Tu vois, c'est un des rares textes que je peux te dire comme je viens de le faire. Sur scène, j'utilise beaucoup d’antisèches car je n'ai plus de neurones. Ce texte, je l'ai dans la tête et au moment où je te parle, je fais les cents pas car cela remue plein de choses en moi. Je me suis endormi avec l'alcool, avec la drogue. C'est comme si cela m'avait servi d’antidépresseurs. Du coup, je n'ai pas livré bataille, j'ai perdu du temps, des amis, j'ai gâché des amours. Avec en même temps des souvenirs incroyables de tout çà et c'est bien là le gros problème de l'addiction.
La Fissure Du Temps, c'est à nouveau un message codé pour dire aux générations qui viennent : « Faites attention ! » Parce qu'on peut très vite tomber dans une fissure intemporelle et se réveiller 17 ans après. Du coup, la bataille à livrer est incommensurable, à tous les niveaux, que cela soit sur le plan personnel ou le plan professionnel. J'espère que les gens le percevront comme çà. C'est la raison pour laquelle, je voulais que cet album s'appelle La Fissure Du Temps.
RM : Penses-tu retravailler avec Pierre PALMADE ?
RH : Pierre, c'est un mec très fin, qui lui aussi a des fêlures terribles. On s'est croisé pendant des années avec Pierre, souvent dans des états lamentables. J'espère qu'il ne m'en voudra pas de dire çà. En tout cas, j'ai une profonde admiration pour son talent et pour cette rencontre peu probable. On a fait 5 chansons ensemble. Il y aura une chanson de PALMADE sur le prochain album. Un titre que j'avais gardé dans mes tiroirs qui n'était pas finalisé musicalement, alors que le texte, lui est juste énorme. Cette chanson s'appelle Pardon. C'est vrai qu'on n'était peut-être pas frais quand on a écrit Mathieu, Je Couche avec Moi ou La Fissure Du Temps, mais entre ce qu'il y a dans les textes et ce que j'apporte mélodiquement et vocalement, sur le plan artistique, çà le fait. J'avais demandé à Pierre de figurer dans le clip, mais il est trop occupé et puis il a réappris à vivre pour lui. Il m'a envoyé un mail très touchant dans lequel il me fait comprendre qu'il est super heureux que je donne aux chansons qu'on a écrites, un second souffle, une deuxième vie à leur juste valeur. Pour le clip, on n'a pas voulu faire un truc avec du morphing car MICHAEL JACKSON l'a tellement bien fait sur le clip de Black & White que cela n'avait aucun sens de refaire la même chose. C'est donc plus un défilé d'êtres humains avec moi qui apparais à différents moments. On voit en fait tous les visages de la société, du plus jeune au plus vieux. C'est très touchant. C'est une histoire de fraternité avec les gens qui sont venus car il y a des gens très proches, il y a des fans et aussi des gens qui ont répondu à notre appel sur internet. On a refusé beaucoup de monde, on a choisi 90 personnes et grâce à elles, cela donne une tranche de vie.
RM : Pourquoi ce choix de reprendre Lucie de DANIEL BALAVOINE ?
RH : Parce que très longtemps, beaucoup de gens m'ont vu comme un remplaçant de Daniel. Pendant très longtemps, j'ai eu l'impression de vivre avec des fantômes autour de moi. Mon premier manager était ROBERT BIALEK qui était le 1er tourneur de BALAVOINE. Ensuite pendant la mise en place de Starmania, j'ai rencontré son ancienne femme. Daniel était aussi le meilleur pote de MICHEL BERGER et FRANCE GALL. Daniel, c'est comme si c'était mon meilleur ami alors que je ne l'ai jamais rencontré et en même temps je le connais super bien. Pendant des années j'ai refusé de céder à un certain entourage professionnel, qui voulait que je joue au nouveau BALAVOINE. Il n'y a qu'un seul BALAVOINE. Donc là, j'avais cette reprise dans mes tiroirs, elle date de 2006 ou 2007. 2007, c'est le début où j'ai commencé à me dire qu'il fallait que je fasse quelque chose pour moi, que la musique est plus importante que le mal que je me fais. Donc à cette époque avec Frantz FAGOT, on a enregistré cette version, bien qu'il n'en avait pas trop envie. Je lui ai expliqué comment je voulais la faire et lui a apporté son savoir-faire en terme de réalisation. Je pense que c'est un bel hommage à Daniel. La relecture que j'en fais ne trahit pas la voix exceptionnelle de Daniel.Ses fans sont contents de cette reprise, ils me l'on dit et cela me touche. Aujourd'hui, je pouvais la faire, il y a un temps pour tout et contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, Daniel ne m'a jamais influencé.
RM : Parmi les inédits, on retrouve une chanson signée FRANCIS LALANNE. As-tu encore des contacts avec lui ?
RH : Bien sûr, Francis, c'est un vrai frère de création et de folie. Lui, c'est un fou naturel, moi pendant des années j'étais un fou pas tout à fait naturel. On va dire que je prenais de l'EPO comme les cyclistes !!! Pour revenir à cette chanson, c'était vraiment un exercice de style incroyable de voir Francis écrire Blues D'une Nuit Sans Savoir. Lui, c'est un vrai poète, un mec qui sait écrire. J'étais chez lui pour ce texte en 95 ou 96, il s'est mis à quatre pattes et il m'a pondu le truc en cinq minutes. Mais pendant des années, je n'étais pas prêt pour chanter ce texte. Il a fallu que j'attende maintenant pour le faire, car aujourd'hui, cela a un sens. J'ai revu Francis il y a 3 mois au théâtre. Comme à chaque fois, il m'a mis sur le cul, il est sur les planches seul pendant 1h45. C'est un artiste ultra-talentueux. J'ai coupé le cordon ombilical avec lui pendant très longtemps car Francis, c'est quelqu'un qui prend beaucoup d’énergie aux gens qui l'entourent. Mon énergie à l'époque était déjà prise par autre chose, malheureusement. Ce type, c'est une vraie pile électrique, très créatif mais qui a aussi des moments où il est très abattu. Alors, il faut le recharger. C'est un véritable artiste, un grand mec. Les imbéciles qui ne voient que ses déclarations sur les plateaux télés ou certaines conneries qu'il a pu dire, ils ne connaissent pas le vrai LALANNE. Le vrai LALANNE, est beaucoup plus profond que tout çà, c'est un grand poète, un mec très érudit et puis c'est mon ami, c'est tout.
RM : Dans ton répertoire as-tu une chanson préférée et au contraire une chanson que tu ne peux plus supporter ?
RH : Je crois que je ne peux plus supporter Voyeur mais comme c'est un de mes plus gros succès, je suis bien emmerdé. Tous les trois ans on essaie de lui donner un coup de jeunesse, pendant longtemps on l'a jouée plus Rock, à l'heure actuelle on la fait Techno-Rock. Mais là, elle commence à me gonfler, donc il va falloir qu'on trouve autre chose parce que je n'en peux plus. Je me la traîne depuis 1988. Au niveau de la chanson dont je suis le plus content, j'hésite entre Seulement Humain, C'est Du Sirop ou Je Savais Déjà, la chanson que j'ai écrite pour mon père avec Didier. Il y en a quand même quelques-unes dont je suis content, maintenant que j'essaie d'apprendre à plus m'aimer. Je me dis aussi qu'il y a des trucs que j'ai fait un peu trop vite, que j'ai un peu bâclé. L'addiction n'explique pas tout, il y a peut-être certaines choses que je n'ai pas assez travaillé pas seulement la promo, moi aussi j'étais un peu en dilettante. Là, en ce moment, je suis en train de faire une très, très grosse liste pour les concerts du 29 et 30 Mars au Pacific Rock pour mon anniversaire. J'essaie de taper large dans tout ce que j'ai joué sur scène afin de faire une synthèse de RH en live. Je ne vais pas aller chercher des chansons au fonds de mes albums, même si je sais que çà ferait faire plaisir à quelques personnes. Ce n'est pas ce que veulent les gens en concert, ils veulent entendre ce qui leur plaît le plus. Donc, le but est de leur donner cela, de toute façon ce qui plaît le plus aux gens qui m'aiment, c'est en général ce qui me plaît le plus. Les gens, tu ne peux pas les tromper. Quand ils aiment ta musique, ils voient aussi ta sensibilité. Sur l'album Je Couche Avec Moi, ok il y a les chansons écrites avec PALMADE et les autres, mais comme par hasard, beaucoup de monde s'est arrêté sur la chanson Ma Tristesse que j’ai écrite seul, parce que ce titre est hyper profond. On a l'impression que je parle d'une gonzesse parce que j'ai été un homme à femmes, mais là non, je parle de la tristesse. Donc je ne peux pas faire l'impasse sur ce titre pour les spectacles de mon anniversaire. Cela fait 2 ans que je ne la joue plus sur scène, mais là je suis obligé, même si je sais que çà va me filer les boules. De toutes façons, lors de ces concerts, il y aura des larmes, c'est écrit.
RM : Revenons à ton livre Poudre Aux Yeux. Une chose m'a interpellé à la lecture, tu y parles très peu de tes rapports avec ta mère...
RH : Oui, c'est vrai. T'es un gros salaud car il n'y a que toi qui l'a remarqué (rires) !
RM : En fait, je voulais savoir si c'était un choix délibéré de ta part, ou par pudeur, ou à sa demande ?
RH : Non, ce n'est pas du tout à sa demande. C'est totalement fusionnel entre ma mère et moi. Voilà... Ma mère ma élevé avec ma grand-mère, j'en dis assez... Je suis très proche d'elle. Elle s'inquiète beaucoup pour son fils, elle est très triste de beaucoup de choses.
RM : Justement, comment a-t-elle vécu ta carrière et ta descente aux enfers ?
RH : Ma carrière, elle en est très fière parce qu'il n'y a qu'elle et moi qui sachions ce que j'ai pu faire. Je suis quand même béni du ciel. J'ai joué dans les plus grandes salles de France, j'ai fait tous les Zéniths, Bercy et même le Stade de France grâce à mon ami BIGARD. Aujourd'hui, je prends plaisir à jouer dans des clubs, dans des festivals, dans tous types de salles de spectacles. J'ai réalisé 99,9% de mes rêves et çà, ma mère le sait. Après sa réaction, c'est de dire : « Je ne t'ai pas élevé comme çà pour que tu cèdes à la drogue. Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter çà ? » C'est l'éternelle phrase d'une mère qui se demande si elle a fait quelque chose de mal. Ma mère n'a rien fait de mal. C'est vrai que dans certains cas d'addiction, cela peut venir d'antécédent familiaux. Ma mère, n'a aucun vice, ni le sexe, rien. Elle ne s'est jamais remise avec un mec, elle ne s'est occupé que de son fils. Je t'en dis plus là aujourd'hui, donc c'est une exclusivité, c’est déjà plus que ce que j'ai pu écrire dans mon bouquin. Même sur le prochain livre, à la lettre M, pas un instant j'ai voulu qu'il y ait un chapitre « Maman ». J'ai choisi d'autres mots, enfin je ne sais plus. J'ai un doute soudain... Je n'en parle pas mais je ne sais pas pourquoi en fait ?
RM : Dans ce livre, penses-tu avoir choqué certaines personnes par tes propos ?
RH : Le premier ? Si le premier a choqué, qu'est-ce que cela va être avec le prochain ? Je ne pense pas avoir choqué. J'ai l'impression que les réactions sont unanimes. Je pense que le prochain livre va plus déranger les gens. Il est clair que ce n'est pas un bouquin pour Flammarion, çà va trop loin, c'est trop trash. J’ai profité de la recherche d’un nouvel éditeur, pour travailler sur le texte, pour corriger des choses, etc... Ce prochain livre va déranger les gens parce que je vais très loin dans la confession. Pour moi, c'est nécessaire. Pendant que j'écris, je ne fais pas de conneries, déjà. La deuxième chose, c'est qu'au niveau thérapie, il n'y a rien de tel que de se retrouver face à une feuille blanche et d'essayer de rassembler ses idées. C'est comme une espèce de résurrection, c'est formidable, c'est un grand bol d'air. Cela permet de se séparer de ses vieux démons, enfin je l'espère. Le prochain bouquin parle aussi des faux pas et des rechutes qu'il y a eu depuis le début de la thérapie, il y a plus d’1 an et ½. C'est très chaud, cela parle aussi des doutes, c'est un bouquin, très, très Rock.
RM : Tu y parleras aussi musique ?
RH : Oui, çà parle beaucoup de musique même si çà parle énormément de sexe. Çà fait office aussi de journal de prévention. Ma mère est très gênée à la lecture du prochain livre, car c'est très exhibitionniste. Elle se demande si je ne donne pas le manuel pour qu'on fasse comme moi et craint que certaines personnes trouvent formidable la vie que j'ai eue. Alors que ce n'est absolument pas ce que je veux. Je dis sur 400 pages que je pense encore aujourd'hui aux moments où je baisais pendant 72 heures, raide défoncé. C'est quand même une profonde obsession. Dans le second bouquin, je me mets face à ma propre décadence, ma propre merde. Je ne cherche pas à la faire bouffer aux autres, non, surtout pas.
RM : La sortie de ce livre est prévue pour quand ?
RH : Elle est prévue pour mes concerts-anniversaire des 29 et 30 mars 2013.
RM : Le titre définitif du livre ?
RH : Le titre sera normalement Homme A Failles et non pas hommes à femmes.
RM : Toi qui a participé à de nombreuses comédies musicales, que penses-tu de toutes ces comédies musicales qui fleurissent chaque année ? Trop de choix n'est-il pas en train de tuer le choix ?
RH : Complètement, je n'ai rien à dire de plus que ce que tu viens de dire. Tout simplement parce que j'ai une autre interview qui m'attends (rires). Ce n'est pas que trop de choix tue le choix, c'est surtout qu'à force, elles se ressemblent toutes. De nos jours, pour faire une comédie musicale, on est dans une figure imposée. On prend un grand personnage de littérature, de roman ou un grand musicien. Ensuite on écrit des chansons qui n'ont rien avoir avec celui-ci, en essayant de donner un sens à l'ensemble à travers des décors et une mise en scène. Tout cela pour nous faire croire qu'on est en train de raconter l'histoire d'untel ou untel. La méthode, c'est d'imiter ou copier les chansons du moment, qui fonctionnent dans le marché international. Ils se mettent à quatre derrière un ordinateur avec un patron qui fait office de maître d’œuvre. Ce boss commande aux types derrière l'ordi, une chanson entre QUEEN et MIKA et les 4 mecs s’exécutent. Dernièrement, je suis allé voir Adam Et Eve de mon pote OBISPO. Pascal et moi, on pourrait être même 2 « frères ennemis » parce que notre style musical, humain et émotionnel se rapprochent mais j’ai franchement adoré son spectacle, pour moi cela avait tout pour être le nouveau Starmania. L'histoire est plus proche d'un Roméo Et Juliette moderne entre les pauvres et les riches. Avec les acrobates du Cirque du Soleil, les chanteurs et la mise en scène, j'ai trouvé ce spectacle formidable. Malheureusement, ce spectacle n'a pas pu partir en tournée, soit parce qu'il na pas bénéficié de la promotion qu'il méritait, soit parce que le public n'a pas complètement adhéré. C'est très, très grave. Ca veut dire que des trucs pourris par rapport à ce spectacle vont marcher parce ce qu'ils ont un tube. Aujourd'hui, il te faut un tube de merde qui passe sur la bande FM pour remplir ta salle avec un semblant de comédie musicale. Tout cela, comme je l'ai déjà dit dans mon 1er bouquin me fait gerber.
RM : FRANCE GALL fait un peu son retour et parle d'un éventuel projet. Est-ce que si cela se faisait, tu ferais partie de l'aventure ?
RH : Je n'en ai pas la moindre idée. Je n'ai pas eu France au téléphone récemment, j'ai essayé de la joindre mais je l'ai raté deux fois. Avec France, c'est très particulier, on s'appelle tous les 3 ans, là il faut que je l'appelle à un moment où j'ai la tête à çà. Elle sait qu'elle peut compter sur moi et je pense que je peux compter sur elle. Je serai toujours là pour elle, c'est sûr. Je lui ai envoyé mon 1er bouquin, je ne sais pas si elle a appris grand chose sur moi. En tout cas, elle saura l'importance qu'avait Michel BERGER pour moi. Je ne pense pas avoir dénaturé notre relation.
RM : 2013 se profile à l'horizon, une année qui s'annonce chargée pour toi, peux-tu nous en dire plus ?
RH : 2013, çà sera un album de Blues pour FURIOUS ZOO comprenant aussi des chansons de Big Rock mais à teneur très, très Blues. Il y a la sortie de Psychiatric le nouveau SATAN JOKERS le 5 janvier incluant le 1er dvd officiel du groupe. Un dvd qui comprend 3 chapitres, le 1er en live, le 2ème contenant les clips et le 3ème avec des images du SJ des années 80 qui vont faire plaisir aux anciens fans du groupe. On va mettre le groupe en standby ou en arrêt définitif, je ne sais pas. Il y aura la sortie du nouveau livre. Puis je vais m'atteler à la finalisation du nouvel album solo, sans oublier les 2 concerts du 29 et 30 mars au Pacific Rock où j'aurai 50 balais.
RM : Pour terminer, as-tu un mot pour tes fans que je sais nombreux et fidèles ?
RH : Écoute, on fait çà pour RockMeeting, là. Moi, la seule chose que je peux vous dire (rires)... Comment est-ce que je peux vous dire çà sans passer pour un mec grossier... Je vais te parler comme STEVEN TYLER, ok ? Quand j'ai vu que c'était moi qui avait gagné le prix de l'album Pop de l'année sur RockMeeting, cela m'a fait plaisir. J'imagine bien que tout çà, c'est un truc entre journalistes du site et qu'après il y a peut-être quelques votes qui sont arrivés mais cela ne génère pas 50 000 votes. Mais j'étais très heureux, car il y a une espèce de fidélité entre moi et certains sites web. C'est vrai que des fois, je n'ai pas hésité à allumer certains sites et dans les 2 livres, je dis parfois qu'il y a des mecs qui feraient mieux de s'abstenir d'écrire. Puis des fois, il y a au contraire des gens qui font bien leur boulot. Donc quand un site fait bien son boulot comme c'est le cas sur RockMeeting où vous parlez de bonne musique avec un choix musical mélodique, cela me fait plaisir. Bon, allez, je vais te dire la phrase de Steven TYLER : « J'ai failli me taper une br.....te, ce jour-là quand j'ai vu çà ! » C'est le seul message que je veux faire passer par rapport à RockMeeting (rires). Par rapport aux fans en général, je crois qu'aujourd'hui à 50 piges, il y a une parfaite compréhension avec ceux qui me suivent dans mes projets. Ils ont compris 25 ou 30 ans après la bataille, qu'un mec qui est un vrai rocker peut aimer différentes musiques. Je crois qu'aujourd'hui, il faudrait être le dernier des cons pour ne pas comprendre qu' HANTSON, c'est un vrai musicien, un mec qui vient du Rock et qui ne l’a en réalité jamais renié. J'ai eu une vie 10 fois plus Rock que le moindre petit connard qui se permet de juger sur un site internet ou que le fan de base qui se bourre la gueule à la bière et qui croit avoir tout compris à la musique ou aux excès. On ne va pas m'apprendre à moi, ce qu'est le Rock'n'Roll. Je suis la preuve qu’il peut y avoir des mecs qui viennent du Rock et qui aiment aussi d'autres musiques.
RM : Il ne te reste plus qu'à sortir un album de noël et tu auras fais le tour !
RH : (rires) GLENN (HUGHES) l'avait fait.
Remerciements à : Renaud pour son amitié musicale, sa gentillesse et sa disponibilité, Audrey l'assistante de Renaud pour sa réactivité, RockMeeting pour pouvoir partager tout cela.
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