Quarantième anniversaire, vingtième album studio, si le vieux vaisseau anglais défie ainsi le temps, il le doit sûrement à l’opiniâtreté de son pilote et vieux loup des airs, Phil Mogg.
Et hors de question pour lui de se complaire dans une quelconque nostalgie puisque s'adressant à Classic Rock magazine, voici ce que Mogg a déclaré, «Nous ne fêtons pas notre 40e anniversaire. STATUS QUO l'a fait. Pas nous. Savez-vous pourquoi, parce que je n’aime pas regarder en arrière. Ce n'est que du rock. Si vous commencez à chercher trop loin, alors vous laisser emporter par vos souvenirs. Vous disparaissez tout seul. Alors, je ne me prends pas trop la tête avec ça. Ce n’est qu’un groupe de rock, vous savez ! Ce n'est jamais ça le plus important. Certains trouvent cela très important pour leur amour propre, si vous voyez ce que je veux dire... Restons en là et continuons. Allons sur scène pour jouer. C'est ma théorie, en tout cas. Je n 'aime pas ces conneries ». Une humilité qui force le respect quand on sait que ce groupe a rempli des stades à la fin des 70’s et au début des 80’s.
Rappelons par ailleurs que si le vaisseau n’a jamais dévié de sa route, cela tient à la volonté de son frontman de le maintenir à flot, contre vents et marées, la versatilité de la mode musicale, et une rotation importante de l’équipage, certains sont partis, puis revenus, d’autres pas. Le poste guitariste semble consolidé durablement puisque il s’agit déjà du troisième album du « guitar heroe » américain Vinnie Moore. Le précédent The Monkey Puzzle avait vu le retour de la veille garde au complet, avec le "come back" du batteur Andy Parker, à la grande joie du bassiste légendaire du groupe, Pete Way, qui préfère sa frappe à celle de Jason Bonham qui l’avait précédé. Las, les problèmes d’égo ne sont plus là, ce sont les problèmes de santé qui prennent le relais, pas tout à fait surprenant après quatre décades de hard rock et les excès qui vont avec, et c’est donc Pete Way qui a du déclarer forfait pour cet album, pour cause de maladie du foie, neutralisant par ailleurs Waysted, souhaitons lui un retour en forme dans l’OVNI au plus vite. Le bassiste allemand Peter Pichl a pris momentanément le relais, un bassiste plus que confirmé pour avoir fait ses preuves dans Runing Wild, a plus récemment joué sur le dernier Herman Frank (Accept) et rejoint Nektar.
Avec Saving Me, The visitor démarre tout en douceur, un peu comme si le vaisseau était équipé d’un vieux moteur diésel nécessitant une période de chauffe ! Mais tous les ingrédients identifiés de l’OVNI sont déjà bien présents, la voix de Phil, bien en place, et Vinnie qui lui donne la réplique, mélodique à souhait, avec les premières lignes de slide guitare. On The Waterfront monte en puissance, et les claviers de Paul Raymond avec, mais c’est avec Hell Driver que le vaisseau atteint la vitesse de croisière, avec un riff d’enfer, Phil lançant un ouh ouh laissant transpirer sa joie de piloter, et Vinnie démontrant une fois de plus que virtuosité ne rimait pas forcément avec technique mais plutôt mélodie. Les titres s’enchainent ensuite sans faiblir, tous ayant ces refrains accrocheurs si bien mis en place par Phil et des soli époustouflants, avec une diversité qui évite tout ennui, une diversité en partie due au choc des cultures US – Europe. Stranger In Town se veut par exemple emblématique du British hard rock défini dans les années 70, l’orgue Hammond de Paul Raymond se plaçant délibérément dans le sillage d’un DEEP PURPLE, la ballade Forsaken s’inscrivant elle aussi dans une longue tradition, UFO en étant l’un des spécialistes, bien avant les Scorpions.
Mais ne nous y trompons pas, même si les 4/5ème des effectifs sont européens, l’influence US apportée par Vinnie Moore est omniprésente, c’est particulièrement vrai dans Rock Ready, tout empreint de slide guitare et de blues, Living Proof, à la fois heavy et bluesy, et le nerveux Villains & Thieves, à la fois hard et boogie, au travers du piano jouissif de Paul Raymond. Au final Phil Mogg a bien été inspiré de ne pas perdre son énergie sur un quarantième anniversaire et de rester concentré sur l’avenir. Ce troisième album avec Vinnie Moore s’impose comme le meilleur, le petit plus qui fait la différence entre bon et excellent est là en permanence, il y a de la magie entre les vocaux et la guitare, qui n’est pas sans rappeler celle de l’époque Schencker – Mogg, la référence absolue pour ce vaisseau, un vaisseau qui décidément n’en finit pas de nous surprendre, un vrai paradoxe après tout ce temps !
Highlights : tous
Tracklist : 01. Saving Me 02. On The Waterfront 03. Hell Driver 04. Stop Breaking Down 05. Rock Ready 06. Living Proof 07. Can't Buy A Thrill 08. Forsaken 09. Villains & Thieves 10. Stranger In Town Bonustrack (Digipack) 11. Dancing with St. Peter (2009 Edition)
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Line Up: Phil Mogg (chant) Vinnie Moore (guitare) Andy Parker (batterie)
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Label : Sortie : Production : |
SPV / Steamhammer 02/06/09 Tommy Newton |
Discographie : |
UFO 1 (1970) Flying (One Hour Space Rock) (1971) Live (Live, 1972) Phenomenon (1974) Force It (1975) No Heavy Petting (1976) Lights Out (1977) Obsession (1978) Strangers in the Night (Live, 1978) No Place to Run (1980) The Wild, the Willing and the Innocent (1981) Mechanix (1982) Making Contact (1983) Misdemeanor (1985) Ain't Misbehavin' (EP) (1988) High Stakes & Dangerous Men (1992) Lights Out in Tokyo (Live, 1992) Walk on Water (1995) Covenant (2000) Sharks (2002) You Are Here (2004) Showtime (Live, 2005) The Monkey Puzzle (2006) The Visitor (2009) |
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Commentaires
Que dois-je ajouter de plus pour vous convaincre que, malgré plus d'une trentaine d'années au compteur, UFO tient bien la route ? Notre chroniqueur a relaté avec brio cette nouvelle réunion 2009, et de la part d'un amoureux de cette formation britannique je n'en attendais pas moins !
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