Je viens d'une époque où lire des chroniques dans les magazines étaient notre seule source d'informations-apprentissage sur notre monde musical.
Je ne sais si la génération actuelle frémit encore sur une seule lecture, ou si elle se base sur le tout audio accessible technologiquement d'un simple coup de pouce ? Aussi, je me suis surpris encore aujourd'hui à être capté par une simple interview comme autrefois. Car je pensai ne plus pouvoir connaître ce petit frisson de l'envie de la découverte par ce biais là. Merci donc à ces passionnés de l'écrit, comme dans ce cas Rock Hard magazine, dans lequel l'interview de ce groupe qui m'était totalement inconnu, m'a quelque peu interpellée. En effet, deux choses ont retenu mon attention.
La démarche osée de faire financer la construction de son propre studio par crownfunding, et donc par appel majoritairement aux fans, même si on peut penser que papa, mémé, et quelques investisseurs ont du mettre le plus gros !? 450.000 € furent récoltés, une paille ! Autrement dit, si les fans banquent autant, me suis dit que le groupe devait avoir un truc de particulier, et surtout un certain talent.
La seconde raison est le ton assez carré du leader. En France, ce ton là pourrait passer pour un ton suffisant, notamment vis à vis à des habituels aigris et jaloux de la vie. Aux USA, pays du tout est possible, ce ton là serait plutôt interprété pour quelqu'un qui sait où il va, comment il y va et avec qui, bref un gars qui a une ambition légitime et un projet défini, clair et net.
Vous me direz :
''- oui, mais mon cher chroniqueur, tous les groupes professionnels ont cette démarche et ce n'est pas pour autant qu'ils se la pètent à le crier haut et fort pour solliciter des dons.''
- T'as pas tort mon cher lecteur ! Mais comme on dit ce n'est pas parce que la majorité n'ose pas, qu'il ne faut pas oser. Il paraît que le culot paye ? Peu importe : le mieux est donc d'aller coller une oreille sur le résultat pour juger.''
Déjà, les 54 minutes (+ 8*) de l’œuvre ne contiennent que 4 titres. Autrement dit, le titre le plus court ne fait pas moins de 12mn. On œuvre donc là dans des arrangements et des changements d'ambiance à outrance, ce qui peut déjà donner un début de réponse quand à l'investissement exigé. Mais quantité vaut-il qualité ?
Ben vois tu, cher lecteur, pour ma chronique, je vais suivre le même concept que l'artiste, si tu veux savoir la suite de la chronique, envoie tes dons à Rockmeeting lol… bah je déconne, quoique, vu le prix que tu payes pour nous lire, tu peux toujours offrir ta mousse une de ces quatre saisons, pour suivre le concept de l'album. Donc blague à part, je me suis donc écouté un paquet de fois cet opus pour en déchiffrer les multiples codes. Mais pour t'éviter une grosse migraine, je fais faire court : on œuvre ici dans un mix de Blind Guardian, Beyond Twilight, Devin Townsend Project pour les côtés sombres, directs et rageux, et un zeste de Nightwish, pour les côtés mélodieux et autres ambiances apaisantes, au milieu d'un death & black métal mélodique enrichi de viking power métal symphonique. On a droit à un mélange de chants clairs, grollés et autres chœurs. Et donc une musique riche, complexe et variée. Et au bout de la première écoute, on comprend les besoins, pour offrir de tels albums de qualité, d'autant que le son au début sonne un peu froid les premières minutes, notamment la guitare rythmique. Mais cela s'améliore par la suite, car l'album a été composé, vous vous en doutez, sur une longue durée, et en parallèle à l'évolution des moyens qui arrivaient. Et puis les mélodies et l'émotion vont vite vous embrasser. Pour les allergiques aux grolls, commencez par la fin avec l'hiver Loneliness de toute beauté.
Bâti sur le concept des 4 saisons de qui vous savez,
Awaken from the Dark Slumber (Spring), gambade dans les nordistes prairies. La rythmique et les chœurs nous emportent au grand galop autour des lacs finlandais et de la forêt boréale. Bonne entrée en matière en mode amical.
The Forest That Weeps (Summer),
Le refrain celtique donne envie de courir dans les vers pâturage, en mode Laura Ingalls lol. Refrain fédérateur, puis déchirant, mais on peut se demander si la longueur du morceau (14mn) se justifie, vu le peu de changement d'ambiance et de mélodie tout le long de ce titre flamboyant à la Blind Guardian ?Quoiqu'il en soit l'été est beau même dans les pays nordiques.
Eternel darkness (Autumn) jette ses premières pluies du coté de DTP et Beyond Twilight. La batterie projette des torrents d'orages... c'est si brutal et glacial telles les premières tempêtes automnales supportant mal le changement climatique et de température entre les 2 saisons. On est en plein remous, et il n'est pas bon naviguer par ce temps là au Cap nord, devenu aussi effrayant que le Cap Horn, même si par moment la guitare apporte une accalmie, et une beauté digne des plu s beaux paysages nordistes.
Loneliness (Winter), aussi froide et douce que la tombée de la neige, est une bouleversante ballade en forme de valse mélancolique qui monte crescendo dans la dramaturgie, façon Phantom de l'Opera de Nightwish ! Poignant !
*L'album propose une version acoustique tout aussi touchante, d'autant que sur cette version, on entend mieux certains passages proche de la voix d'un James Labrie (Dream Theater) sur les parties calmes et d'un Devin Townsend ou d'un Marco Hietala (Nightwish) sur les parties vocales écorchées. Tous simplement magnifique. Jari Mäenpää a vraiment une très belle voix.
Un album prenant donc, côtoyant dramaturgie et l'épique, entre agressivité, noirceur et mélodie sur un équilibre parfait, qui donne l'envie d'écouter à l'infini. D'autant que la longueur des titres aère un style qu'on croirait, pour les néophytes, trop étouffant, donnant ainsi à l'inverse, une sensation d'espace et de liberté. Et quand on sait que le produit de ce crowfunding n'a pas pu être encore utilisé pour la production de cet album, cela laisse augurer d'une excellente suite pour le prochain album. A écouter au casque.
Alors si vous trouvez que ce genre n'est pas le vôtre, ou si vous pensez que cette forêt manque de champignons, de fées ou de trolls, faites tout de même l'effort d'écouter cette œuvre. Tout comme cette chronique, elle est quelque part gratuite sur le web. Tu pourras donc te faire envoûter, comme le profane du genre que je suis, le fût.
Va donc te promener dans cette forêt, voir Dame Nature, notre mère à tous, y caresser les arbres. Et après tout, qui n'aime pas se balader dans les forêts, aussi riche en ambiance, en couleurs, en parfums, et ce quelque en soit la saison ?
Label : | Nuclear Blast Records |
Sortie : | 21/07/2017 |
Production : | Wintersun |
Discographie : |
Wintersun S/T (2004) TIME I (2012) |
Liens multimédia - videos | SITE OFFICIEL | facebook.com/wintersun/ |
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