Steelheart a toujours été un nom que mes yeux ont vu circulé sans que mes oreilles n'y prêtent attention. Et va savoir pourquoi, aujourd'hui j'ai cœur à découvrir quelques décennies plus tard.
Soit parce que je m'ennuie trop de ne pas avoir pu aller au Hellfest, soit parce que j'ai le cœur grenadine. Va savoir !
Steelheart est un groupe né en 1990 et mis en sommeil en 1992. Il semblerait que l'acier fut donc trop trempé. En fait, ce groupe est venu surfer sur le succès des Bon Jovi, Skid Row, White Lion, avec un chanteur beau gosse à la voix proche d'un Sebastien Bach et pouvant monter dans des aigus extra-terrestre à faire couler le maquillage de King Diamond, tout en pouvant moduler aussi dans l'agressif, et ce pour un big rock rempli de ballades. Autrement dit, le chanteur n'est pas un charlot, même si sa musique d'alors peut en faire douter. Puis le grunge a sifflé la fin de la récrée, et renvoyé chez leur mère tous ces groupes au bronzage californien et à la rollex J.Seguela.
Après un retour en 1996 aussi éclair qu'un éjaculateur précoce, Frontiers vient donc repêcher ce groupe caché dans les hautes profondeurs.
Dépité, barbe de 8 jours, j'appuie, sceptique, sur Play. Et ma foi, … suspense … ben la surprise est plutôt (très) agréable.
Seul rescapé et maître à bord, le croate-américain Miljenko Matijevic, qui a aussi fait une courte pige avec les Doors, c'est dire que ce n'est pas un pitre, a mis du poil sur son torse bronzé. On dira en ces temps de coupe du monde qu'il a musclé son jeu, même s'il ne plaisantait pas auparavant.
Presque trente ans plus tard, on peut se douter que sa voix a évolué et que son côté fluet s'est tassé. Tout en délivrant encore de beaux aigus, sa voix œuvre désormais du côté d'un Kip Winger, voire d'un Johnny Gioeli en plus complet ; du tout bon en somme qui nous met la chair de poule avec ses passages de voix en papier de verre, ou ceux de castra magnifique. Il est assez incroyable d'entendre l'évolution de sa voix qui a tout de même conservée profondeur et puissance. Et ce n'est pas pour rien si l'homme en solo a repris le HALLELUJAH de Leonard Cohen ; Type de chanson émotionnelle et frissonnante qu'on peut retrouver avec I AM SO IN LOVE WITH YOU, qui n'est pas sans rappeler aussi le MORE THAN WORDS d'Extrême, voire avec la version acoustique de YOU GOT ME TWISTED. Chapeau !
La musique, tout en gardant des ballades, s'est épaissie aussi. Si on est loin du hard-rock progressif du sous-estimé Winger, on s'y rapproche : le prog en moins, le hard en plus. On flirte entre Great White, pour le côté rock'n roll, Skid Row pour le coté punk, The Cult pour un zest de classe et cette voix suave, et Winger pour le côté plus « sérieux », le tout enrobé d'alliage Led Zeppelinien.
L'opener STREAM LINE SAVING, très Led Zep-The Cult, envoie les faire-parts pour un mariage qui s'annonce plutôt bien, vite suivi par un apéritif au 90 degrés d'alcool avec le Skid Row MY DIRTY GIRL ou encore un Led Zeppelinien survolté COME INSIDE – énorme prestation vocale qui ravirait Robert Plant ! Respect ! - MY WORDS clôture la série hard avec son groove dansant. 4 titres ravageurs qui démontrent que le hurleur a du temps à rattraper, et que les ballades, réussies, qui sont choisies en single, cachent bien l'acier de ce cœur tendre.
5 Titres qui poutrent et 5 power ballades se succèdent avec bonheur. Ces dernières, un coup piano, un coup gratte acoustique & violons, un coup acier trempé, sont toutes chantées avec du … cœur. Ce qui du coup ne gêne en rien au fait qu'elles s'enchaînent YOU GOT ME TWISTED, LIPS ON RAIN, WITH LOVE WE LIVE AGAIN, MY FREEDOM, ici aussi Miljenko Matijevic est vocalement monstrueux, et peut se renommer Miljenko « Majestic » …
Sceptique au départ quant à cette image véhiculée en 90, il n'y a rien à caricaturer ici. Ca chauffe dur quand ça rocke, et ça réchauffe bien quand le cœur se fait lourd. Seul GOT ME RUNNIN', esseulé au milieu de ces dames, heu, de ces ballades, sonnent, avec son refrain punky, un peu trop convenu.
Sans dire que c'est du Caviar, quoique, Frontiers qui a tendance parfois à nous repêcher de la Sardine, - ce qui je précise est bon pour la santé, - nous amène là un rare et excellent Rouget. L'intensité est bien présente. Pour un premier album du retour, c'est très prometteur, et une voix de ce niveau là se doit d'être écoutée au moins une fois.
Belle surprise donc … en espérant que cela dure davantage qu'en 1996, … et avec Frontiers et vous en soutien, il n'y pas de raison que cela ne se poursuive pas. Pinaise, je ne pensais pas conclure si positivement. Un disque et une prestation vocale qui donnent grande envie d'être vécus en concert. Retour gagnant !
Tracklist :
01. Stream Line Savings
02. My Dirty Girl
03. Come Inside
04. My Word
05. You Got Me Twisted
06. Lips Of Rain
07. With Love We Live Again
08. Got Me Runnin'
09. My Freedom
10. I'm So In Love With You
Line Up :
Chant principal, Guitare acoustique, Guitares, Guitares Ebow: Miljenko Matijevic
Musiciens sur l'album:
Guitares: Uros Raskovski
Bass: James "Rev" Jones, Sigve Sjursen, Jesse Stern
Batterie: Mike Humbert, Randy Cooke
Piano: Daniel Fouché, Ed Roth
Guitare solo et rythmique partiel sur "My Dirty Girl" de Kennet Kanowski
Cordes dirigées par Glen Gabriel
Orchestrated par Anthony Weeden
Label : Frontiers
Sortie : 15 septembre 2017
Production : Chris "The Wizard" Collier
Discographie :
Steelheart (1990)
Tangled in Reins (1992)
Wait (1996)
Good 2B Alive (2008)
Through Worlds of Stardust (2017)
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