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FAITH NO MORE Sol Invictus - Superhero

Je voudrais corriger un manque car il semblerait que le meilleur album 2015 toutes catégories n’ait pas été chroniqué sur ce site !

!   Séance de rattrapage.    Et pour commencer un peu d’histoire…   
Dix-huit ans. C'est très long. Mais c'est pourtant le temps qui sépare ce "Sol invictus" du précédent opus de FNM. Autant dire une éternité pour un fan.   Faith No More est officiellement né en 1982, ses membres créateurs étant Billy Gould, Mike Bordin et Roddy Bottum. Après deux premiers albums sans beaucoup de relief et l'arrivée de Mike Patton derrière le micro en 1988, c'est l'album "The Real Thing" emmené par le single "Epic" qui va propulser le groupe sur le devant de la scène US. La conquète de l'Europe attendra la sortie du 4e LP, "Angel Dust" en 1992. Curieusement, c'est une reprise de The Commodores, "Easy" qui cassa la baraque alors qu'elle n'était pas présente sur le pressage initial (!). Les éditions suivantes sortirent donc "Angel Dust" avec un 13e titre...C'est à cette époque que je pus pour la première fois assister à un set des californiens puisqu'ils se produisirent à l'hippodrome de Vincennes en guests associés à Soundgarden pour le show de Guns N'Roses (tournée "Use your illusions").  En 1993 le guitariste Jim Martin se fait virer (au sens propre) pour incompatibilité d'humeur et d'orientation artistique. Il s'en est allé depuis cultiver les potirons géants [véridict!] ce qui fit dire à certains qu'il avait pris la grosse tête...     En 1995 sortit "King for a day...fool for a lifetime" (certainement la galette la plus 'rentre-dedans' produite par le groupe), puis en 1997 "Album of the year". Ces deux albums sont pour moi inférieurs aux deux précédents mais confirmèrent les énormes performances vocales de Patton et la capacité énorme du groupe à mélanger les genres sans pour autant tomber dans de la 'fusion' classique. Malheureusement, les tournées éprouvantes et la pression montante eurent raison des dernières motivations des musiciens qui décidèrent alors de jeter l'éponge.     Après le split de 1997 et un vide au passage du millénaire (tic-tac, tic-tac…), l'espoir était quand même ré-apparu avec cette heureuse reformation en 2009, sur le line-up de "Album of the Year" (1997) soit sans le guitariste Jim Martin. Suivirent plusieurs tournées et participation à des festivals: à ce propos j'ai lamentablement raté leur passage à Bilbao en 2010 [BBK fest.], ou encore leur prestation hexagonale l'année précédente à Rock en Seine [2009]...

Mais depuis plus rien. La rumeur fit état d'un possible album en 2013. Mais c'est avec Tomahawk que Patton l'hyperactif nous délivra un très bon "Oddfellows".    Il fallut donc attendre la sortie du premier single, l'excellentissime "Motherfucker", disponible dans les bacs le 28 novembre 2014 pour enfin avoir la certitude que les 5 musicos étaient en studio afin de nous concocter le 7e album du groupe (8e si on inclut le cultissime live "Live at Brixton Academy" enregistré sur la tournée "The Real Thing".   

Le second single laché sur internet et Youtube le 1er mars 2015 ("Superhero")encore meilleur que le premier eut l'effet d'une onde de choc parmi les aficionados du combo US. 'Madre mia', est-ce possible que ces mecs de 50 ans passés aient pu conserver intactes leurs qualités d'écriture? Surtout Billy Gould le taciturne bassiste (mais non moins actif que Patton puisque lui aussi entre 1997 et 2009 a fait tourner son propre label Koolarrow, tout en participant à divers projets en particulier avec Jello Biafra & The Guantanamo School of Medicine). Mike Patton justement et ses vocaux aussi variés qu'improbables; ses projets multiples (Tomahawk, Mr Bungle, Fantômas...) et son label Ipecac recordings: comment maintient-il une telle verve et tant d'enthousiasme (en studio mais que dire de ses prestations scéniques dignes d'un acteur de théâtre moderne de classe interplanétaire?).    N'oublions pas le calme claviériste Roddy Bottum dont la palette d'influences allant du metal au classique sait magnifier chacun des morceaux de FNM, et son alter ego Mike Bordin, batteur puissant et racé.    A la guitare nous retrouvons ici Jon Hudson qui avait remplacé Jim Martin quand celui-ci s'était fait virer du groupe en 1996 pour incompatibilité d'humeur...

Sol Invictus… 
"Sol invictus" débute par quelques notes de piano d'une langueur monotone ce qui surprend pour ce groupe hors du commun, (from San Francisco, United States of America) dont on attendait un retour plus pêchu. Ce premier titre va ainsi nous tenir en haleine, lentement, de façon quasi parfaitement sadique car à tout moment on s'attend à une délivrance électrifiée qui jamais ne vient. On comprend plus tard que ce n'est que pour mieux préparer le deuxième morceau, le magnifique "Superhero". Un morceau que seul FNM pouvait écrire: alliant passages thrash, voix hurlée, batterie pilonnante, à des passages lancinants sur lesquels le piano (encore) se distingue par une mélodie décalée, associée à une guitare orientalisante et des choeurs déments. Un titre ultime, digne des morceaux d'anthologie du groupe (au hasard "Out of nowhere" ou "Small victory" entre autres). Exceptionnel.   Sur "Sunny side up", on a encore droit à du FNM sans contrefaçon: du rythme, des breaks, une mélodie accrocheuse et un mélange des genres là aussi superbement arrangé. "Separation anxiety", 4e morceau, laisse tomber le piano pour nous rappeler que le synthé des années 80/90 n'a pas été bazardé par Bottum et que ma foi, sur ce titre à l'ambiance tendue et frénétique, c'est lui qui donne une cohésion à l'ensemble, les divers vocaux de Patton et la 6 cordes semblant s'entrelacer autour de lui tel des boas constrictors hypnotisés et ensorcelés.   "Cone of shame", déjà le 5e titre (on est à la moitié du CD, et la peur nous tiraille alors, peur que cet LP ne finisse et ne nous abandonne à notre pauvre sort d'humanoïde, élément inconsistant d'un prolétariat occidental malmené par les multinationales et les soubressauts du CAC-40), "Cone of shame" donc fait voyager l'auditeur vers les vastes étendues de l'ouest, comme une sorte de western spaghetti: sauf que la sauce est bien piquante, et que le plat est arrosé de bourbon sans âge. Un met là aussi très atypique mais au combien addictif au fil du temps.    Titre 6, "Rise or fall" est une sorte de ballade. Entendez au sens de FNM, avec une montée en puissance sur laquelle les instruments s'auto-stimulent derrière la voix de crooner de Patton, voix qui par instants devient rugissante. Le genre de titre estampillé FNM car franchement quel combo serait capable d'en pondre ne serait-ce que la moitié?  Le titre suivant "Black friday" est peut-être le moins bon de la galette. Mais attention tout est relatif ici car je connais un tas de groupes qui aimeraient écrire un tel titre au moins une fois dans leur vie. Le fait est que sur ce morceau la rythmique me semble un peu trop répétitive et qu'au final on est déçu de l'absence de breaks et de variations mélodiques (comparativement aux autres titres bien sûr).    Sur "Motherfucker", un des singles, les roulements de batterie suivant un débit textuel parlé là aussi répétitif, nous entraînent lentement vers une explosion de riffs et un refrain qui s'étoffe progressivement. Encore un superbe titre comme d'ailleurs "Matador" qui lui succède: une ambiance 'froide' avec un piano léger survolant une base rythmique linéaire. Patton donne ici une prestation haute en couleurs, semblant véritablement 'habité' et (peut-être) sous l'emprise de quelque substance prohibée. En deuxième partie l'explosion sonore toujours empreinte de la ligne rythmique initiale est tout bonnement magnifique et propre à vous faire headbanguer tel un taureau dans l'arène qui sait que non, malheureusement non, il ne pourra certainement pas éviter l'estocade terminale que va lui donner le matador aux paillettes scintillantes qui virevolte devant lui. En final "From the dead" revient à une ambiance moins lourde que les titres précédents; sorte de chanson pop pour crooner de fin de soirée. Ce morceau n'en est pas moins sympathique et se laisse écouter en boucles.

     Dix-huit ans c'est donc très long et je ne pouvais donc pondre ici qu'une chronique aussi longue. J'espère pourtant ne pas être tombé dans une sorte de diarrhée narrative pour fan ultime et que cette chronique n'aura pas été  indigeste à lire et t'aura donner envie, ami lecteur, d'aller te plonger et t'immerger dans cette oeuvre magistrale que constitue "Sol invictus". Un album phénoménal dont au final on ne pourra que reprocher la brièveté (39 minutes au compteur).      Dans un élan d'écriture enthousiaste suite à l'écoute du disque certains sont même allés, tel Olivier Drago, rédac'chef de la revue New Noise, jusqu'à délivrer le titre de meilleur groupe du monde à Faith No More.     Mais entre nous, cela, je le savais déjà!  

  

 

 

 

 

 

  Tracklist  : Line Up :  
1.         "Sol Invictus"   Gould, Patton  
2.         "Superhero"      Bordin, Gould, Patton   
3.         "Sunny Side Up"           Gould, Patton  
4.         "Separation Anxiety"      Bordin, Gould, Patton   
5.         "Cone of Shame"          Gould, Patton  
6.         "Rise of the Fall"           Bottum, Gould, Patton  
7.         "Black Friday"               Bordin, Gould, Patton   
8.         "Motherfucker"              Bottum, Patton
9.         "Matador"         Gould, Patton  
10.        "From the Dead"           Gould, Patton
Mike Bordin (batterie),
Roddy Bottum (claviers),
Bill Gould (basse),
Jon Hudson (guitare)  
Mike Patton (chant).

am

Discographie :

We Care A Lot (1985)
Introduce Yourself (1987)
The Real Thing (1989)
 
Live at Brixton Academy (1991)
Angel Dust (1992)
King For A Day, Fool For A Lifetime (1995)
Album Of The Year (1997)
Who Cared A Lot? - Greatest Hits (1998)
Sol Invictus (2015)


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