A l’heure du hard rock revival des années 70, avec comme point d’orgue le Rock’n Roll Train australien, les champions du hard rock US se devaient de répliquer.
Aux grands maux, aux grands moyens, Sammy Hagar, surnommé le red rocker, qui s’était illustré dès le début des années 70 avec MONTROSE, l’un des fondateurs de la composante US, puis plus tard avec VAN HALEN, s’est allié avec un autre ex Van Halen, le bassiste Michael Anthony, le virtuose de la six corde qu’on ne présente plus : Joe Satriani, et le batteur Chad Smith, bien connu pour ses prestations avec les Red Hot Chili Peppers, ou celles un peu plus hard rock avec Glenn Hugues. La méfiance reste toujours de mise à la construction de tels super groupes, parfois bâtis par intérêt économique, auquel cas les limites artistiques sont parfois rapidement atteintes.
Premier indicateur qui plaide pour une motivation plutôt artistique, la manière un peu accidentelle de la rencontre des musiciens, au cours d'une série de jams au Cabo Wabo Cantina, le restaurant de Sammy Hagar, à Cabo San Lucas, au Mexique, plus destinée à se faire plaisir qu’autre chose. Deuxième indicateur, le plaisir et l’ambiance potache transparaissant au niveau des vidéos retraçant l’enregistrement en entretenant savamment le suspense.
Le dernier enfin, c’est tout simplement l’écoute de l’album lui-même, plein de cet enthousiasme, de joie de jouer, voire de rage. La rage de Sammy s’exprime dans Avenida Revolution, sur le thème des immigrés clandestins mexicains traversant la frontière vers l’eldorado U.S. Soap on a Rope arrive à restituer une ambiance très Montrose, la basse d’Anthony ronronne sur le beat de Chad, Satriani reste au bon niveau en nous régalant de riffs et soli sans excès, le solo final étant un vrai régal, et Sammy développant la même verve que celle qu’il avait quand il accompagnait le guitariste Ronnie Montrose. Tous les autres titres s’inscrivent dans la même veine, tout en variant les plaisirs, ainsi après un Sexy Little Thing à consonance plutôt hard, Oh Yeah, au refrain très fédérateur, joue sur une ambiance funky, domaine maitrisé de Chad. Running out change complètement l’ambiance en s’orientant sur un mid tempo aérien et presque bluesy, un beau refrain relevé par des chœurs calibrés, et un solo lumineux à la wha-wha, en contraste avec Get it Up, son gros riff heayvy, le petit grain de folie latine de Sammy avec son « Arriba Arriba », un solo Hendrixien, du grand art !
Mais c’est loin d’être terminé, l’équipe des anciens est en pleine forme, sur le bluesy Down the Drain, Sammy vient chasser sur les terres de David Lee Roth dans l’intro, et de Van Halen, puis changement d’univers pour l’AOR My Kinda Girl, qui vient nous rappeler qu’entre AOR et hard rock pur, la frontière reste infime, juste une histoire de refrain un peu plus calibré, car pour le reste, ça n’empêche pas Joe de nous délivrer un superbe solo de plus. Et puis il y a la power ballade, Learning to Fall, qui vient aussi nous remettre en mémoire que si le hard rock depuis le début des 70’s signifie gros riffs, il rime aussi avec romantisme, et pour ma part, les ballades qui m’ont toujours fait le plus vibrer sont celles de nos hard rockers, celle-ci est à rajouter à la panoplie.
Et si vous faites partie de ceux qui ont du mal a différentier l’esprit hard 80 de celui de 70, Turnin' Left et plus encore Future in the Past viennent illustrer comment, là où le dictat des radios FM calibraient un peu les musiciens en limitant par exemple les soli à une quinzaine de seconde dans les années 80, les musiciens s’expriment ici sans aucune limitation commerciale à la créativité. Ils utilisent ainsi pleinement les presque sept minutes d’un Future in the Past, et après un superbe envol acoustique, puis une grosse rythmique funky, un passage oriental très « zeppelinien » conduit à une montée en puissance des plus jouissives.
Et finalement les années 2000 ont quelque part libéré un verrou, les radios FM sont largement dépassées par la liberté débridée de la toile internet qui ouvre complètement le robinet de la créativité.
Si l’on rajoute que chacun des protagonistes ici n’a plus rien à démontrer, tant au niveau artistique que commercial, on comprend mieux cette liberté de ton, cette bonne humeur, et pourquoi cet album s’apparente à un véritable orgasme musical, alliant tout le meilleur du hard rock, refrains hymniques et virtuosité musicale, bref du grand art !
Highlights : tous
Label : Sortie : Production : | Ear Music 06/06/2009 Andy Johns |
Discographie : |
Chikenfoot (2009) III (2011) LV (2012) I+III+LV (box trois précédents 2013) |
Notes des visiteurs |
Comments:
Commentaires
Et apres on dit que de temps en temps je taille???? Sans etre aussi virulent que Musiq, je partage neanmoins un peu leur avis dans le sens entre le papier et le resultat y'a un gouffre. J'ai l'impression d'ecouter un bon vieille album de hard 70, genre Bad Co en plus pechu. Par contre Satriani est meconnaissable, je ne suis pas un fan de Hagar et il est au tarif minimum. Pour les nostalgiques de cette periode ou le hard a acqui ces lettres de noblesse, pour les autres dont je fais partie ca fait un peu boeuf entre potes, genre "Les deambulateurs en goguettes" au bal des pompiers de Montceau Les Mines, non je deconne la / Non en fait je pense que la packaging est meilelur que ce qu'il ya a l'interieur sans etre non plus une bouse infame
S’abonner au flux RSS pour les commentaires de cet article.