WHITESNAKE The Purple Tour (live)
J'avoue ne pas partager l'avis de Phil93. Ou disons que si on peut être d'accord sur certains points, ce n'est pas pour les mêmes raisons. 'Overdubs'' et 'pilotage automatique' : entend-on chez les détracteurs d'un de nos derniers monstres.
Pour les zappeurs, en une phrase : Coverdale se fait vieux, mais les gratteux sont monstrueux ! Nettement plus inspirés qu'Aldrich !
Overdubs donc ? Mouais possible, je ne suis pas ingé-son ! Mais j'opterai plutôt pour un gros mix en avant de la voix. Parce que franchement, si Coverdale a re-enregistré en studio ses parties, il faut être sacrément tâche pour y reproduire des faussetés, quoique voire même talentueux : faut le faire de faire exprès de chanter faux en studio. Parce que soyons clair : l'ex sex-symbol a non seulement perdu ses aiguës, mais aussi des graves, et même son côté éraillé bluesman à la Joe Cocker, a été remplacé par un côté braillard à la Lemmy. C'est une évidence sur The Gypsy, et sur un Still of the Night de trop sur ce live, où Coverdale imite à la perfection un cochon en train de se faire égorger. Alors quel intérêt de rechanter en studio pour un tel résultat vocal ?
Sur quelques passages ? Oui possible, d'autant que ça s'entend par moment par une différence de son. Mais les groupes qui ne font aucun overdub, se comptent sur les doigts d'une main. Ce n'est pas une excuse, mais faire croire que tout le show est overdubé, me paraît excessif. De plus, il ne se cache pas, et laisse parfois ses choristes oeuvrer à sa place. Ce qui me ferait douter, ce sont les trop peu nombreux ''It's a song for ya babe'' lol. Mais franchement, si tu penses que ses ''babe'' sont overdubés, faut que tu te refasses l'intégrale des live du Cov, babe :) Je veux bien que pépé approche de l'âge de la sénilité, mais de là, à réenregistrer en studio des 'babe' ... non mais : arrête de bouffer des Snacky, leur toxicité te monte au cerveau ; et pourquoi pas devant un miroir tant qu'on y est ? lol
Quant au public overdubé, soyons sérieux : papy est resté en mode USA années 80, où les faux enregistrements du public proliféraient sur ces live (Motley Crue). C'est d'autant plus amusant ici quand le faux public côtoie le vrai. Alors, traficotage ? En tout cas, rien de changé par rapport aux récents Made in Japan et Live in Britain sur lesquels il s'était déjà expliqué. Quoiqu'il en soit quand on entend le résultat avec ce son nickel, et un clip de Burn au budget probablement conséquent à une époque où peu de groupes investissent dans des clips-films, on peut dire que la rock star ne se fout pas trop de nous, avec de surcroît une set-list qui restera unique. Maintenant, je laisse les experts arbitrer, mais pour moi c'est un faux débat, et pas vraiment la priorité de ce live. Ce qui est sûr c'est qu'il y a un big sound !
''Pilotage automatique'' ? Objection votre honneur ! On imagine les nostalgiques rêver d'un retour des solo poussifs à la slide du pourtant très bon compositeur Micky Moody. Moi pas ! Même si je regrette un Bernie Marsden, et cette époque bluesy. Mais cela fait 30 ans que Coverdale a basculé dans le rock US, faut se réveiller. Et puis tiens ! Ce live est joué un ton plus grave que les précédents. Probablement pour s'adapter à la voix actuelle du patron. Comparez Gimme ici avec la version du Made in Japan ; ou un Here I go again joué en mode plus heavy, plus lent, que la version de 2006. Du coup ce son grave général, qui contrebalance avec la période Doug Aldrich, très aiguë, me rappelle davantage la période Marsden, voire Sykes, ce qui du coup aurait du ravir les fans des années pré-1987.
Et que dire alors de la créativité de ce line up ? Tout sauf du pilotage automatique. Clarifions : ceux qui ont détesté le Purple album, n'aimeront pas davantage ce live. Ceux qui comme moi, ont apprécié les nouveaux arrangements de classiques inimitables, seront intéressés. Car ça suit même jusqu'aux titres du Snake. Cela commence par les claviers, qui sonne assez Europe, année 80, parfois de bon goût, parfois non. Bien que discrets, ils se font plus présents que l'orgue Hammond. Certes ce n'est pas très nouveau, mais delà à venir faire un solo modernisé sur Fool no One, jusqu'à la frontière du prog, ca fait plutôt bizarre chez WS, même si on y est habitué chez Deep Purple, période Don Airey. Et pourtant, c'est réussi.
Quant aux deux limiers, là aussi qu'on n'aime pas, je peux comprendre, mais quel boulot ces deux-là balancent. Beaucoup plus variés, plus long, plus inspirés, plus chaleureux, paradoxalement paraissant moins cliniques et tapes à l'oeil que la période Aldrich, que ce soit en rythmique qu'en solos : écoutez donc Bad Boys et tout l'album. Live ou studio, je ne me lasse pas de ces nouveaux arrangements de You Fool no One et The Gypsy : c'est sûr qu'ils ont bien fait de ne pas rivaliser contre les VO, mais ces versions sont sacrément culotées. Et que dire de cette version de Mistreated ? Hors Blackmore, le solo qui m'a le plus séduit fut celui de Marsden, mais là c'est pas dégueu non plus : une des meilleures versions guitares, très mélodieuse. Moi qui m'en lassais, ils ont réussi à me la faire réécouter en boucle. Et ce même si je me suis fait à l'idée que je n'entendrais jamais live, ce fameux démarrage nerveux du solo final de la version studio, même Blackmore ne le faisait pas en concert. Et puis, le solo très … Marsdien et hélas trop court sur un Ain't no Love, limite acoustico-reggae, qui appuie le côté mélancolique… Bref je trouve ces deux là bien plus intéressants qu'on veut bien le laisser entendre.0
Coverdale, quant à lui, n'avait jamais chanté Soldier of Fortune en version acoustique et complète avec le Snake ; il l'interprétait a capela comme interlude. Ensuite papy fait ce qu'il peut, mais mieux vaut apposer la pancarte ''attention risque d'avalanche'' … parce que son début sur Mistreated, on se croirait chez un groupe de death :), ou moi le dimanche matin après une soirée prolongée, quand je dis mon premier mot de la journée :)
Donc pour moi l'intérêt de ce live n'est pas de savoir si c'est trafiqué ou si c'est moins bien qu'en 1983, mais c'est de voir ce que donne cette nouvelle paire de guitaristes, après le départ d'Aldrich, et ce que donne les versions live du répertoire de la Mk III+IV. Et c'est simple, je n'ai pas pris un tel plaisir, depuis le retour du serpent blanc en 2002 avec ce Take me with you inattendu, et le live de 2006 '' Live … In the Still of the Night'', déjà au gros budget-caméras, et qui redonnait un certain éclat à un blanc poussiéreux.
Alors, si le serpent se porte pâle, si David n'est plus le Snake d'antan, il reste un sacré businessman sous couvert d'artiste sincère (c'est mon avis, ma croyance). Et de là, à lui faire porter le projet de nous faire avaler des couleuvres, je ne le crois pas. Il a voulu donner un témoignage de cette tournée historique : qu'on n'aime pas, ok, mais qu'on descende ce live pour overdubs et feignantise artistique, pas Ok, ce sont des … sornettes. (ok désolé) Si on peut effectivement se lasser des énièmes versions de Bad Boys, Is this love, Gimme, … la musicalité des guitaristes compensent. Ses deux seuls torts, c'est qu'il oublie quelques titres du Purple album : un Sail away aurait été bienvenu, ainsi qu'un You keep on moving, remplaçant un Still of the Night usé jusqu'à l'aube ; et surtout qu'il arrive 5-10 ans trop tard quand Coverdale n'avait pas encore changé de peau. Bref, il me tarde ce prochain album, et voir si la paire de guitaristes restent aussi créative.
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