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scorpions l american tours festival 05 07 2019

Lorsque j'assistais à leur concert du 6 mars 1982 à l’Hippodrome de Pantin, à l'occasion de la tournée promotionnelle "Blackout Tour", le groupe n'avait "que" dix-sept années d'existence et pourtant SCORPIONS me semblait déjà être inscrit dans la légende des groupes de hard-rock.

Il animait alors les débats suite au départ de Mickael Schenker en 1973 puis à celui peut-être plus douloureux d'Uli Jon Roth en 1978. Certains jetaient déjà le groupe allemand aux gémonies, estimant qu'il ne survivrait plus très longtemps au départ d'Uli. Quelques décennies plus tard, ils sont pourtant toujours là et dans une belle forme…

Déjà satisfait de les avoir revus une dixième fois ce 27 juin 2018 à Bercy, je n'envisageais pas vraiment de les revoir avant quelques temps. Mais un concours de circonstance m'a permis de saisir des tickets pour le vendredi de l'American Tours Festival (ATF), dont je ne connaissais même pas l'existence. Ce qui n'est pas vraiment étonnant puisque je ne prétends pas cultiver d'américanophilie particulière…

L'ATF est un grand rassemblement d'admirateurs du "rêve américain" ; on y trouve des Harley, des trucks, des bagnoles datant des 50's aux 80's, des échoppes de vêtements, de vinyles et autres plaques d'immatriculations en tous genres, des enclos pour le rodéo, mais aussi des salles de danse ou de concerts. Des groupes se succèdent sur des scènes de plus ou moins grandes taille ; leur style de musique est essentiellement country, rockabilly, ou blues… Aux alentours de 20h30, j'ai assisté à quelques séquences de la prestation énergique de SMOKY TONK, dont le chanteur et leader Big Mo n'hésite pas à reprendre des standards de Johnny Cash ou d'Elvis notamment. Il y avait aussi le Chris Slade Timeline que j'avais déjà vu à deux reprises ; mais dans ces circonstances, je me suis permis de le zapper plus ou moins sciemment. Je ne suis arrivé que pour la fin, nonchalamment avec ma Bud' ("Budweiser, the great (?) american lager beer", man ! cqfd) à la main. Un petit public s'était amassé autour de leur scène pour leur accorder une écoute méritée. J'ai applaudi sur un beau final reprenant le légendaire "Highway to Hell".

Tous les ans la scène principale accueille au moins un groupe susceptible d'intéresser les mélomanes au-delà de ce cadre. Les affiches précédentes, montrent des invités très intéressants, tels que les texans ZZ-Top ou même les anglais Deep Purple ! A l'avenir il conviendra d'être donc vigilant sur cet événement (aussi)… Cette année donc, la tête d'affiche du samedi est offerte aux Stray Cats (que je manquerai pour la seconde fois cette année, après le Rétro C Trop la semaine dernière) et aux Rival Sons (que je verrai cet automne à Paris) ; mais bon, il faut savoir être raisonnable. J'ai déjà de la chance d'être présent ce vendredi pour les allemands SCORPIONS, dont le rapport avec l'Amérique est peut-être à rapprocher de leur succès phénoménal qu'ils y ont connu durant les années 80 …

Le torride soleil tourangeau m'a prédisposé à une relative désinvolture qui m'a amené à errer trop longtemps entre les échoppes avant de me rapprocher du site principal de concert… J'avais sous-estimé la notoriété de Scorpions parmi ces amateurs de corn-flakes et de coca cola. J'ai dû reconnaitre à mes dépends que parmi ceux-ci, des metallos s'étaient spécialement déplacés pour la même raison que moi ; beaucoup de tshirt trahissaient une appartenance à notre cher microcosme… Bref, arrivé dans l'enceinte, je n'ai pu que subir une foule considérable (21 000 personnes, selon "Info-Tours.fr"). Impossible de se rapprocher de la scène. Quant aux gradins réservés, je ne les jalousais pas car ils étaient bien trop en retrait à mon gout ! Cependant, j'ai limité les dégâts en fendant un peu la foule pour nous placer devant la console de mixage. De ce point, nous avons bénéficié d'une sonorisation parfaitement réglée. Pour les plus petits de mon entourage, deux écrans latéraux permettaient de suivre ce qui se passait sur scène.

Les allemands sont ponctuels (pléonasme), ils débutent comme prévu à 22h. Même intro, mêmes fonds de scène, même programme que l'an dernier à la même époque ; on pourra regretter que Scorpions ne renouvelle plus son répertoire de concert. Certes, ce sont des titres demandés, efficaces et quasi indispensables, mais il y en aurait tant d'autres … De surcroit, SCORPIONS persiste à frustrer les puristes (dont j'assume faire partie) en interprétant des mélanges de leurs titres ; ils ont ainsi passé à la moulinette l'ère UJ-Roth, ainsi que des titres de 1984 à 1990. En outre, l'emblématique "Holiday " a été odieusement écourté… Même dans un festival américain, ce fast-food musical me parait indigeste. Appréciera qui pourra.

Hormis cette légère amertume, le concert fut parfaitement exécuté. Les gars ont calibré leur répertoire de manière à la fois à satisfaire l'attente du public et à ménager les cordes vocales de Klaus. Ce dernier parvient habilement à masquer ses limites en jouant avec les octaves inférieures et les partitions de ses complices. Mais ça ne me choque pas, c'est très bien fait et sa bonne humeur porte le public bienveillant à le soutenir. Désormais, il met sa voix en pause non plus sur un, mais sur deux titres ("Coast to Coast", "Delicate Dance"). L'essentiel est que le groupe dégage toujours une énergie remarquable, les limites physiques sont là mais elles sont compensées par une attitude positive et généreuse. En fermant les yeux on pourrait parfois encore se croire dans les années 70-80-90, surtout que 80% des seize morceaux du programme en sont tirés !


En 2020, Rudolf Schenker (guitares, depuis 1965), qui fêtera ses 71 ans en aout prochain, pourrait fêter également les 55 ans de son groupe (même si, à mon sens, SCORPIONS n'a réellement pris consistance qu'en 1970 avec l'arrivée de son frère et de Klaus). Pourtant, il me parait toujours aussi fougueux et adulescent ! Klaus Meine (chant, guitare, depuis 1970), qui a 71 ans depuis mai, prend manifestement toujours autant de plaisir à partager des émotions avec son public ; ça tombe bien, c'est réciproque ! Quant à Matthias Jabs 63 ans (guitares, chœurs, depuis 1979), s'il fut une époque où il souffrait (injustement) de ma comparaison avec le Grand Uli, force est de constater qu'il constitue avec ses deux complices un trio très efficace, depuis maintenant ...eh oui, 40 années … pfiouuuu… Le polonais Paweł Mąciwoda, 52 ans (basse, chœurs, depuis 2004) reste discret, il assure proprement mais paisiblement sa partie. Le p'tit dernier arrivé, le suédois Mikkey Dee, 55 ans (batterie, depuis 2016) assume son pedigree avec vaillance ! Rappelons qu'il a rejoint le groupe après la fin tragique de Motörhead qui coïncidait avec l'épuisement de son valeureux prédécesseur James Kottak.

Nous n'aurons toujours pas eu droit à voir apparaitre sur scène Uli Jon Roth ; quelques dates avaient offert ce privilège dans un passé relativement récent. Nous devrons nous contenter de la seule apparition désormais habituelle de Ingo Powitzer, le technicien-guitare de Matthias, durant "Delicate Dance".

Après deux heures de concert, SCORPIONS salue son public qui, ravi, l'ovationne comme il se doit ! Musicalement on en voudrait encore, mais honnêtement après cette journée, on a hâte de se détendre un peu et je pense qu'ils sont dans le même cas !

Après une lente évacuation du public, nous retournons errer dans les hangars d'exposition et je m'arrête devant une autre scène sur laquelle SUGAR RAY FORD finit son concert. Cette musique jouissive alterne rhythm'n'blues et rock and roll, conjuguant des saxos et guitares. Trop courte sensation. Il est temps pour eux de plier bagage ; pour nous aussi.


Set-list Scorpions
Going Out With a Bang (Return to Forever, 2015)
Make It Real (Animal Magnetism, 1980)
Is There Anybody There ? (Lovedrive, 1979)
The Zoo (Animal Magnetism, 1980)
Coast to Coast (Lovedrive, 1979)
Top of the Bill / Steamrock Fever / Speedy's Coming / Catch Your Train (extraits de l'ère UJ Roth, 1974-77)
We Built This House (Return to Forever, 2015)
Delicate Dance (MTV unplugged, live in Athens) avec Ingo Powitzer, technicien guitare pour Matthias.
Holiday (Lovedrive, 1979) (extrait en acoustique)
Send Me an Angel (en acoustique) (Crazy World, 1990)
Wind of Change (Crazy World, 1990)
Bad Boys Running Wild/I'm Leaving You (Love At First Sting, 1984) / Tease Me Please Me (Crazy World, 1990) (extraits)
Solo de Mikkey
Blackout (Blackout, 1982)
Big City Nights (Love at First Sting, 1984).
RAPPEL :
Still Loving You (Love at First Sting, 1984)
Rock You Like a Hurricane (Love at First Sting, 1984).

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