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anathema le trianon de paris 08 03 2020

Avec ce seizième concert au compteur, mon enthousiasme demeure à l'idée d'assister à un nouveau concert d'Anathema. Depuis que je l'ai découvert à l'Elysée Montmartre, le 30 avril 2005 (invité par Porcupine Tree), ce groupe ne m'a jamais déçu sur scène.

Je reste fidèle à leurs rendez-vous, même si sa production en studio ne me séduit plus depuis … 2012 (Weather Systems) ! Je me permets de craindre, à l'aune de leurs publications musicales depuis cette année-là, un certain manque d'inspiration. A défaut de nouvel album, ce concert est motivé par la commémoration du 10ème anniversaire de "we're here because we're here", un chef d'œuvre paru en 2010 que Monsieur Steven Wilson avait parfaitement mis en valeur en le mixant. Le ticket d'entrée pour ce soir fut par conséquent très vite acquis, sans état d'âme.

Cependant, une annonce tardive et contrariante est venue troubler mon envie d'assister à cette soirée ; The Night Flight Orchestra joue aussi ce soir sur la scène proche de La Machine. Choix pénible entre la beauté mélancolique d'Anathema, et l'énergie très festive de NFO. Par les temps moroses qui courent, j'aurais volontiers participé à la teuf au pied du Moulin Rouge… Au lieu de cela, je me retrouve placide à patienter religieusement dans cette file d'attente de dépressifs assumés, en compagnie de ma p'tite Fée qui partage la même frustration.

Paul MASVIDAL [19h15-19h35]. Voilà un musicien qui a butiné sur quelques projets, dont le plus connu est son groupe, CYNIC (deathmetal) avec lequel il a publié quatre albums, deux mini-albums et un monoplage entre 1993 et 2014. Personnellement, j'ai assisté au concert de Cynic à l'Elysée Montmartre, le 27 novembre 2008 (invité d'Opeth), lors de sa tournée "Traced in Air". Autant le confesser de suite, ce n'est pas mon style de prédilection, je n'avais pas été séduit, en dépit d'avis contraires sur les réseaux sociaux...

Il s'est ensuite consacré à sa carrière en solo et fait paraitre deux albums l'année dernière, dont un en acoustique "Human". C'est dans cette configuration qu'il se présente sur scène, seul donc, accompagné d'une "boite-à-sons", sans autre artifice qu'un écran escamotable derrière lui, qui n'aura diffusé guère plus de trois images.

Je me suis vite ennuyé ; mon esprit s'est alors mis à errer vers les couloirs de métro parisiens … Certains artistes autorisés par la RATP peuvent souvent surprendre, intriguer, parfois intéresser. Il m'arrive modestement d'en soutenir, lorsque je suis séduit. Cela ne me coute que quelques pièces et je me dis toujours que, cumulées à celles d'autres admirateurs pressés, ça peut lui rapporter gros… En revanche, s'agissant de cette soirée, après avoir payé quatre dizaines d'euros pour assister à un concert en auditorium, je confesse volontiers me sentir un peu frustré, avec tout le respect dû à un artiste solitaire aussi talentueux soit-il. Il ne s'agit pas de blâmer l'heureux élu qui a bien raison de tenter ainsi sa chance… J'estime simplement qu'une échelle de priorité devrait aboutir à promouvoir des groupes qui peineraient à s'exprimer correctement dans le métro, alors qu'ils gagneraient à suivre, au moins sur quelques dates, des artistes confirmés tels qu'ANATHEMA… Ce n'est que mon humble ressenti, il n'est pas rédhibitoire ; mais là, en l'occurrence, on va dire que j'ai attendu la suite avec impatience...

Quoiqu'il en soit, à l'unisson avec une partie bienveillante du public (l'autre partie s'était probablement assoupie), j'ai applaudi poliment. D'autant plus que le pauvre avait l'air ému par le décès récent (cette année) de son ami (très) intime avec lequel il avait fondé Cynic, le batteur Sean Reinert. Il lui a dédié un titre.

PROGRAMME (à préciser)

Hand to Mouth (Human, 2019)

Wheels Within Wheels (Re-Traced, mini CD 2010) (titre de Cynic dédié à S. Reinert).

RENDEZ-VOUS POINT [19h50-20h10]. Ce quintet norvégien de metal progressif, aux rythmes proches de Leprous, a déjà eu l'occasion de me séduire, puisque j'ai assisté à un concert au Divan du Monde le 5 octobre 2015 (invité de Leprous), lors de la promotion de son premier opus, "Solar Storm". Album que je m'étais immédiatement procuré dans la foulée de la prestation ! Je les retrouve dans la même composition ; Baard Kolstad (batterie, depuis 2010 et également batteur de Leprous, dont la tournée vient à peine de se terminer !), la très charmante (doux euphémisme) Gunn-Hilde Erstad (basse, depuis 2010), Petter Hallaråker (guitares, depuis 2010), Nicolay Tangen Svennæs (claviers, depuis 2010), et Geirmund Hansen (chant, depuis 2014).

Leur deuxième opus "Universal Chaos" est paru en 2019 ; il contient neuf titres.

La sonorisation m'a paru audible, quoiqu'un peu surpuissante au niveau de la basse et de la batterie, nécessitant donc mes protections auditives. L'éclairage m'a semblé sombre, peu propice à des photos éloignées (mais finalement pas beaucoup moins que pour la tête d'affiche).

La parenté avec leur illustre concitoyen ne les confine pas dans un rôle de clone, leur musique me parait davantage incisive, portée sur le metal et moins nuancée. La voix du chanteur dispose d'une bonne tessiture mais me semble manquer d'un peu de puissance. Les musiciens sont assez exubérants et communiquent ainsi leur fièvre (il fallait oser pour ce soir, je l'ai dit) à un public ravi.

Excellente prestation, mais bien trop courte. Au vu de l'emprise de leur musique sur l'auditoire, je me demande si cette restriction ne serait pas une brimade volontaire d'Anathema qui aurait de bonnes raisons de se méfier de cette redoutable concurrence ? En tous cas, je ne me souviens pas avoir assisté à un concert aussi court d'un groupe de cet acabit ! Alors qu'ils mettaient le feu dans la fosse et aux étages, les musiciens nous quittaient une vingtaine de minutes à peine après y être entré !!

PROGRAMME (à vérifier)
Apollo (Universal Chaos, 2019)

Wasteland (Solar Storm, 2015)
Mirrors. (Solar Storm, 2015).

Ce n'est pas faute d'avoir ovationné leur prestation (et on sait pouvoir me faire confiance sur ce point !…) mais il n'y eu pas de retour. En fin de soirée, j'ai acheté (15€) leur opus à l'échoppe et obtenu la dédicace de quatre des cinq membres. Et hop ! un de plus… (va falloir "pousser les murs" de ma discothèque)

Anathema n'avait qu'à bien se tenir pour combler ma (désormais double-)frustration …

ANATHEMA [20h30-22h40]. La dernière fois que je les avais vus, au festival Night of the Prog 2019, l'absence de John Douglas ne m'avait pas paru altérer leur prestation. Mais afin de garantir les atmosphères si particulières j'espérais néanmoins retrouver le sextuor qui avait contribué à maintenir le navire à flot, même après 2012 ; mais non. Le duo fondamental est bien là ; Vincent Cavanagh (chant, guitares, clavier), Daniel Cavanagh (guitare, chant, clavier) mais le troisième frangin, Jamie Cavanagh (basse) est remplacé sur cette tournée par Charlie Cawood (éclectique et multi instrumentiste, ayant même à son actif un album solo "The Divine Abstract" paru en novembre 2017). Daniel Cardoso (batteries, percussion) est toujours présent, mais John Douglas n'est toujours pas réapparu (n'étant pas un "informé" j'en ignore le motif) ... Le micro resté isolé sur la droite entretint une légère angoisse de quelques longues minutes, avant de voir ENFIN apparaitre la toujours aussi ravissante et indispensable Lee Douglas (chant).

Anathema se présente donc à nous en quintet, les frangins assumeront eux-mêmes les segments de clavier les plus indispensables. Les deux frères disposent chacun de leur clavier, celui de Vincent est en surplomb au fond, à gauche de la scène.

La sonorisation est puissante mais audible. L'éclairage m'a semblé un peu sombre en dépit de l'usage très esthétique de tubes verticaux fluorescents et multicolores. En fond de scène un grand écran diffuse quelques images sensées refléter l'atmosphère des titres.

Relativement confiant a priori quant à leur capacité à m'emporter dans des ambiances mélancoliques et doucement énergiques, cette fois j'ai pourtant peiné à trouver la Porte. Honnêtement, hormis quelques moments sublimes (principalement par la grâce de Lee, notamment pendant "A Natural Disaster"), je n'ai vraiment décollé que dans le dernier quart d'heure ; en fait, avec l'imparable diptyque "Untouchable, part I & II".

Etant plutôt enclin à soutenir les artistes, on pourrait me définir comme "bon public" ; néanmoins la fin de ce concert m'a laissé perplexe. Mon ressenti est délicat à exprimer, car il est peut-être infondé, mais j'ai bien peur que leur manque d'inspiration puise ses racines dans des difficultés intrinsèques qui me semblent malheureusement transparaitre dans leur musique. Ajoutons à cela, la confusion actuelle sur la composition du groupe ; bien qu'absents Jamie Cavanagh et John Douglas sont encore à ce jour mentionnés au sein le groupe sur le site officiel…

Dany et Vincent s'en sortent ma foi plutôt bien aux pupitres claviers. Cependant, lors de certains segments de claviers que j'estime superflus, et leur guitare étant à ces instants indispensables, ils s'obstinent à vouloir les diffuser par des bandes préenregistrées. Cette obstination inadéquate me ramène à mes couloirs de métro...

Bref, je ne ressens plus la flamme qui chauffait mon esprit il y a peu de temps encore. Heureusement, pour Anathema, ils peuvent compter sur un public qui évolue mais qui semble acquis à leur cause quoiqu'ils fassent ; la faune n'est pas plus la même, des amis ont lâché l'affaire depuis quelques temps déjà, leurs remplaçants semblent moins exigeants. En ce qui me concerne, je laisse mon pied sur le pas de la Porte, histoire de capter un salvateur mais hypothétique rebond à l'occasion du prochain album. Mais il est probable qu'à l'avenir, faute de mieux, je passerai mon tour. Ce sera toujours ça de gagné sur mon calendrier !

Les dix titres de WHBWH (2010) sont interprétés scrupuleusement dans l'ordre identique. Un second acte oubliera les trois opus pourtant honorables de la période 1998-2001, au profit de quatre titres des deux derniers albums que je n'apprécie guère. Nonobstant, je dois reconnaitre que ces titres-là passent plutôt bien en concert. En rappel, je crois avoir compris qu'il s'agit d'un titre qui figurera sur le prochain album en cours. Mais c'est une reprise du compositeur de musique de film Hans Zimmer, ce qui n'est pas de nature à calmer mes inquiétudes quant à leur quête inspiration …

Alors que le groupe quitte la scène, Vincent et Lee en incitent le public à chanter avec la bande son "Twist and Shout" de The Beatles, terminant la soirée avec le sourire de Lee. C'est mieux que rien.

PROGRAMME
Acte I : We’re Here Because We’re Here
Thin Air (We’re Here Because We’re Here, 2010)
Summernight Horizon (We’re Here Because We’re Here, 2010)
Dreaming Light (We’re Here Because We’re Here, 2010)
Everything (We’re Here Because We’re Here, 2010)
Angels Walk Among Us (We’re Here Because We’re Here, 2010)
Presence (We’re Here Because We’re Here, 2010)
A Simple Mistake (We’re Here Because We’re Here, 2010)
Get Off, Get Out (We’re Here Because We’re Here, 2010)
Universal (We’re Here Because We’re Here, 2010)
Hindsight (We’re Here Because We’re Here, 2010).
ACTE II (sans interruption)
Can't Let Go (The Optimist, 2017)
The Lost Song, Part 3 (Distant Satellites, 2014)
Springfield (The Optimist, 2017)
Closer (A Natural Disaster, 2003)
Distant Satellites (Distant Satellites, 2014)
A Natural Disaster (A Natural Disaster, 2003)
Untouchable, Part 1 (Weather Systems, 2012)
Untouchable, Part 2 (Weather Systems, 2012).
RAPPEL
Day One (prochain opus), (reprise de Hans Zimmer).


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