Avec une affiche composée de High Fighter, Hark, Downfall Of Gaia plus Conan en tête d'affiche, c'est du lourd et du gras qui nous arrive là !
La programmation est à la fois éclectique et parfaitement complémentaire, avec quatre groupes différents les uns des autres tout en ayant en commun une atmosphère pesante à souhait. Cette soirée marque également le retour des concerts de metal au Rex, une petite salle bien sympa légèrement en marge de l'hyper centre de Toulouse (tout en étant très bien desservi avec bus et métro juste à côté). Face aux difficultés du Saint des Seins et du Connexion, localisés en plein centre et qui sont emmerdés par notre chère mairie qui veut faire perdre à Toulouse son caractère de ville étudiante festive, c'est un bon repli stratégique. La dernière fois que j'y avait été (la seule, en fait), c'était pour voir Rhino Buckett en février 2010, ce qui remonte quand même à plus de sept ans ! En fait je trouve ça très bien qu'il y ait un retour des concerts dans cette salle, parce que c'est pas loin de chez moi, déjà, et aussi parce que c'est une vraie salle de concert, contrairement au Saint des Seins (que j'aime beaucoup) et au Connexion (que je n'aime pas du tout) qui sont avant tout des bars. Les problèmes de son et de visibilité ne se posent donc pas. A part qu'il faut quand même impérativement avoir des protections auditives parce que le son était très fort, mais une fois les bouchons bien visés sur les oreilles, c'était impeccable.
J'arrive juste au début de la prestation de HIGH FIGHTER et il n'y a pas grand monde en ce début de concert. La salle se remplira cependant petit à petit, surtout pour les deux derniers groupes en fait. C'est dommage parce que High Fighter, c'est bien ! J'avais découvert ce groupe allemand à Wacken, où je les avais vus en passant faire un showcase à la salle de presse de l'espace VIP. J'ai écouté sur albums quelques mois plus tard, et j'ai bien accroché. C'est du stoner bien lourd et assez accrocheur avec chant féminin. Mona Miluski, la chanteuse, a une excellent voix, éraillée à souhait et donc parfaite pour ce style. J'aurai l'occasion de discuter un peu avec elle à la fin, et j'ai pu constater que sa voix n'était pas éraillée que quand elle chantait, bien entretenue en cela par une consommation abondante de cigarettes et probablement aussi d'autres substances (surtout si j'en crois les odeurs qui émanaient des loges quand les musiciens y faisaient des allées et venues...). En tout cas elle assure bien. Par contre comme frontwoman, si elle est bien active, elle a un peu de mal à meubler entre les morceaux et comme le public n'est pas très nombreux, pas encore chaud et qu'une majorité des gens présents ne connaissent pas High Fighter, ça a tendance à faire un vide. Heureusement, le groupe ne traîne pas trop et enchaîne assez rapidement. C'est carré, il n'y a pas une fausse note et ça passe comme une lettre à la poste. Les Allemands sont satisfaits de l'accueil, et l'accueil est satisfait des Allemands ! Une bonne prestation de leur part, et je pense qu'on en réentendra parler.
C'est ensuite au tour des Gallois de HARK. Eux, je les avais déjà vus au Sylak en 2015. Je n'avais pas trop aimé, en tout cas je n'étais pas parvenu à rentrer dedans et je n'avais pas du tout aimé la voix du chanteur. Mais en festival open air et de jour, ce n'est pas toujours évident d'accrocher à un groupe qu'on ne connait pas et dont on n'est pas forcément fan du style à la base. Ils pratiquent en effet un sludge mâtiné de stoner et de hardcore, avec une voix très méchante qui ne m'avait pas vraiment plus à Saint-Maurice de Gourdans. Mais peut-être que dans une petite salle, ça allait le faire ? Au début, pas trop. Je reste bloqué par le chant. Mais à force, je commence à me rendre compte que la musique est quand même pas mal du tout, avec de très bons riffs. Et finalement, je finis par rentrer complètement dedans et à réellement apprécier. Le son est bon, les mecs sont bien motivés et le chanteur guitariste descendra même dans la fosse tout à la fin pour exécuter son dernier riff dans le public avant que le groupe s'en aille. Je n'irais pas jusqu'à écouter du Hark chez moi mais je reconnais que les Gallois m'ont fait une très bonne impression ce soir.
Changement de style avec le deuxième groupe allemand de la soirée, DOWNFALL OF GAIA. Eux se situent dans ce qu'on appelle le post black... Au passage, je déteste ces appellations en "post machin" qui ne veulent strictement rien dire. Ils font du black torturés, ils ont des influences extérieures à ce style, ils ne sont pas satanistes, je comprends qu'on leur attribue une nouvelle étiquette. Mais parler d'"après-métal", c'est complètement ridicule... Le style de Downfall Of Gaia est en fait un mélange assez personnel de black metal et de sludge. Avec eux, qu'on ne vienne plus dire après que le métal allemand ne se renouvelle pas, parce qu'on est assez là éloigné d'un Grave Digger ou d'un Running Wild ! En particulier au niveau de l'atmosphère générale de la musique de la chute de la terre, qui ne donne pas précisément envie de beugler les refrains bras dessus bras dessous une bière à la main avec les camarades de concert. C'est sombre, oppressant et dépressif. Mais c'est trippant. Malgré des petits problèmes de micro et malgré la longueur de certains morceaux, on rentre de suite dans la musique de Downfall Of Gaia (ce qui est moins évident sur album, de mon point de vue personnel). Mention particulière au batteur, qui est assez phénoménal et est vraiment habité par ses chansons. Mais de manière globale, tous les membres de Downfall Of Gaia ont assuré. Belle prestation d'un groupe original et méritant !
Enfin la soirée va se clôturer sur CONAN ! Avec les Anglais, ça ne rigole pas. C'est du doom lourd de chez lourd, avec un son particulièrement massif. Sur album, ce n'est pas forcément ce que je préfère. C'est extrêmement bien fait et personnel, mais il faut le temps de digérer. Mais en live, c'est la puissance épique et surtout la lourdeur à l'état brut. La bande à Jon Davis est une véritable machine de guerre scénique. Conan a un son bien particulier, dû essentiellement au style de guitare et au chant bien particulier de son leader, qui donne instantanément l'envie de headbanguer. Pour rajouter une touche épique à leur musique un dessin animé réalisé par leur illustrateur est projeté sur un écran en fond, mettant en scène des aventures de... Conan bien entendu ! Le groupe arrive à varier les tempos, en alternant avec son doom pachydermique des accélérations voire du blast, du mid-tempo ou, à l'inverse des passages psychédéliques d'une lenteur et d'une lourdeur proche du drone. Les Anglais jouent pas loin d'une heure et demie, qu'on ne voit pas passer. Pas de doute, la musique de Conan est clairement faite pour la scène !
Voilà donc une bonne soirée sous le signe de la lourdeur, très bien organisée par l'association Noiser. Et ça fait plaisir de revoir le Rex, une bonne petite salle qui est promise à être le lieu de repli de nombreuses associations toulousaines pour éviter la répression draconienne menée par la mairie au nom de la tranquillité publique contre les salles et bars qui font du bruit en ville. En tout cas, du bruit ce soir, il y en a eu et ça a fait plaisir à tout le monde !
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