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Très honnêtement, je dois rappeler que leur concert de septembre 2015 à l'Olympia ne m'avait que partiellement emballé.

J'avais bien reconnu le talent des musiciens et j'avais bien identifié leur paternité sur l'origine des créations de mes idoles actuelles du rock progressif (Steven Wilson, Haken, Anekdoten, ou Astra pour ne citer qu'eux). Mais leur musique m'avait semblé trop souvent hermétique et présidée par une certaine autosatisfaction. J'étais d'autant plus affligé que les âmes bienveillantes qui m'entouraient persistaient à m'affirmer que nous venions de vivre un moment mémorable.

Enclin à me remettre en question, j'ai donc entamé une exploration plus approfondie de leur discographie (du moins les premiers opus, car l'actualité musicale 2016 ne m'a pas laissé beaucoup de temps) avec le soutien d'un adepte déjà convaincu (merci Joël). Et j'ai décidé de prendre le ticket pour le concert, l'année suivante.

Si bien que, si l'an dernier je ne connaissais que leur premier opus, cette fois je me rends au concert conforté dans la connaissance de quatre opus (In the Court, Larks' Tongues, Lizard et Red). De quoi mieux approcher cet univers musical particulier et si difficilement définissable aux confins du jazz et des rocks psychédélique, progressif ou expérimental.

 

Argument supplémentaire pour ce déplacement ; la salle Pleyel ! Pour m'y être personnellement déjà produit sur scène, je sais pertinemment que l'acoustique de cette salle est juste exceptionnelle, et le public dispose d'un point de vue et d'écoute parfaits. Cet a priori fut évidement confirmé bien que nous fûmes assis en deuxième balcon, proche du pigeonnier ! Avec un point de vue plongeant sur une scène éclairée sobrement (projecteurs blancs qui ne deviendront rouge que sur le dernier titre), et une sonorisation tout simplement parfaite, les conditions sont dignes du salon du plus exigeant des mélomanes !

La soirée est exclusivement consacrée au groupe, en deux actes ; les musiciens s'installent à 20h25 dans la même configuration qu'à l'Olympia avec la rangée de trois batteries surplombée par les quatre autres musiciens. Nous retrouvons ainsi Robert Fripp (guitare, clavier, pistes sons, depuis1969), Mel Collins (saxophone, flute (depuis 1970–72, 2013), Tony Levin (guitares basses, chapman stick, funk fingers, choeur (depuis 1981), Pat Mastelotto (batterie, percussions (depuis 1994), Gavin Harrison (batterie depuis 2007), Jakko Jakszyk (chant, guitare depuis 2013) mais cette fois Bill Rieflin est remplacé par Jeremy Stacey (batterie, mellotron, percussions, choeur depuis 2016).

Je ressens les quatre premiers titres avec un réel soulagement ; j'ai enfin trouvé la Porte ! Je suis d'autant plus heureux que j'apprécie le premier titre issu d'un des opus déjà découverts (Larks’ Tongues) mais également les deux suivants dont l'album m'est inconnu (In the Wake of Poseidon) ! Je me dis alors qu'après ce concert je vais pouvoir continuer mon exploration discographique. Le quatrième titre (issu de Lizard) me conforte dans ce régal et la soirée s'annonce alors excellente.

Mais ma genèse n'est sans doute pas encore aboutie car les deux titres suivants (issus de Islands) me replongent dans l'incompréhension avec ce désagréable sentiment d'assister à une démonstration d'autosatisfaction dans une quasi-totale cacophonie affligeante. Chacun vient à un concert y chercher sa conception du plaisir auditif ; pour ma part, si la technique et le talent des musiciens constituent un attrait important, la perception de sons harmonieux capables de satisfaire à la fois ma sensibilité et ma réflexion est tout aussi importante à mes oreilles. Bref, sur ces deux titres, je suis resté perplexe telle une poule devant un cure-dent !

Fort heureusement, "Epitaph" vient me rassurer ; non, je ne suis pas complètement largué ! Sublime moment qui sera suivi de titres qui m'ont paru plus ou moins intéressants jusqu'à la fin de l'acte 1 qui sera clôturé toutefois à 21h45 par un superbe "Larks' Tongues in Aspic, Part Two". Cet hors-d'œuvre de 80 minutes aiguise somme toute mon appétit.

L'entracte de 20 mn vient à point nommé pour échanger et comparer mes impressions avec ma petite Fée. Nos avis ne sont pas tellement éloignés, même si je suis davantage satisfait.

Les musiciens se réinstallent à 22h10 pour interpréter un sublime "Lizard" ! Je ne connais pas encore l'album "Discipline" mais le titre suivant qui en est extrait m'a également scotché ! L'heure qui va suivre sera composée d'une succession de titres éblouissants. Voilà qui est de nature à parfaire ma connaissance des albums ad hoc.

Le summum de la soirée sera finalement atteint avec une interprétation tout simplement somptueuse de "Starless" (issu de Red), encore au-dessus de la version studio (qui est pourtant remarquable). Ce final aura laissé une trace indélébile dans ma mémoire, c'est certain !

Deux minutes après un ardent rappel mérité, le groupe revient peu avant 23h15 pour nous enchanter avec "21st Century Schizoid Man" titre phare logiquement très attendu par le public tant il est emblématique d'une époque du groupe que personne ne veut oublier !

Les sept musiciens sont tous des virtuoses dans leur domaine et je pourrais disserter des pages sur leur talent respectif : Collins multi-instrumentiste exprimant de magnifiques sensibilités, Levin bassiste extraordinaire manipulant avec une grande adresse tous les outils à sa disposition, Jakszyk au registre vocal parfaitement adapté et bien sûr l'austère et flegmatique Monsieur Fripp multi-instrumentiste à la précision chirurgicale.

Mais je m'attarderai plus volontiers sur la section "batteries" qui m'a carrément subjugué toute la soirée. Il est vrai que de larges plages de trio leur ont permis de s'exprimer avec brio !

La nouvelle recrue Jeremy Stacey, outre une adresse remarquable aux fûts et autres accessoires assure également de superbes interventions au mellotron et plus rarement au chœur. J'ignore son pedigree, avec son apparence qui n'est pas sans rappeler John Bonham, mais je gage que nous entendrons parler de lui.

Pat Mastelotto, batteur peu démonstratif mais d'une redoutable efficacité, il nous a gratifié d'interventions délicieuses aux percussions.

Et comment évoquer la prestation de Monsieur Gavin Harrisson (que j'ai le privilège de voir sur scène pour la onzième fois ; neuf avec PORCUPINE TREE) sans souligner son aisance, sa fantaisie, la précision et la subtilité de son jeu ; un pur bonheur à le regarder ! D'ailleurs Monsieur Fripp et ses acolytes ne s'y trompent pas en lui accordant l'expression d'un solo monumental.

Le concert finit ainsi en apothéose à 23h30 sous une acclamation particulièrement enthousiaste.

 

Globalement, même si je n'ai pas complètement adhéré au premier acte, je ne regrette pas d'avoir assisté à cette nouvelle prestation d'une des légendes encore vivante du rock progressif ! Un public à la moyenne d'âge pas aussi élevée que je l'aurais imaginé, est sorti visiblement ravi de cette soirée qui se renouvellera au même endroit le lendemain.

PROGRAMME Introduction musicale : Monk Morph Chamber Music (Pre-enregistré depuis "Islands")

Nombreux trios de batterie intercalés durant les deux actes.

Acte 1 : Larks' Tongues in Aspic, Part One (Larks’ Tongues in Aspic) Peace: An End (In the Wake of Poseidon) Pictures of a City (In the Wake of Poseidon) Cirkus (Lizard) The Letters (Islands) Sailor's Tale (Islands) Epitaph (In the Court of the Crimson King) Hell Hounds of Krim (Live in Toronto) VROOOM (THRAK) Meltdown (Live in Toronto) Easy Money (Larks’ Tongues in Aspic) Larks' Tongues in Aspic, Part Two. (Larks’ Tongues in Aspic).

Acte 2 : Lizard ('The Battle of Glass Tears) (Lizard) Indiscipline (Discipline) The Court of the Crimson King (In the Court of the Crimson King) Red (Red) The ConstruKction of Light (The ConstruKction of Light) A Scarcity of Miracles (reprise de Jakszyk, Fripp and Collins) Suitable Grounds for the Blues (Radical Action to Unseat the Hold of Monkey Mind-Live) Level Five (The Power to Believe) Starless (Red). RAPPEL : Devil Dogs of Tessellation Row (Radical Action to Unseat the Hold of Monkey Mind-Live) 21st Century Schizoid Man (In the Court of the Crimson King).

Patrice du Houblon.

 

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