La reconstruction d'un projet après le départ de son chanteur n'est jamais une chose aisée.

D'autant plus que l'attente est grande lorsque le dernier effort en date a fait l'unanimité comme ce fut le cas de Nostalgia, qui reste l'album préféré des membres de CrossRocks en 2004, avec une moyenne - excusez du peu - flirtant avec la note maximale, le plaçant devant - excusez toujours du peu - Stage Dolls ou encore The Ladder de Steve Overland. Bruno Levesque - le maître à penser de SILENCE - a trouvé le remplaçant de Jérôme Cazard en Belgique, en la personne du jeune Benjamin Venet, que les assidus de la rubrique "Coup de Pouce" avaient eu l'occasion de découvrir il y a quelques années avec le projet hard FM : JAYHAWKERS. L'intérêt de ce choix, c'est qu'il donne une nouvelle coloration à Silence, qui prend aujourd'hui des accents BON JOVI contemporain assez prononcés grâce au timbre de Benjamin, tout en conservant la patte Levesque / Silence dans le son et le style. Rares sont en France les occasions de se pâmer devant une production, mais avec Bruno Levesque, c'est une constante, tout ce qu'il produit nous est servi aux petits oignons : sonorités claires, rafraichissantes, raffinées, en un mot, tout est somptueux, une fois de plus. Bien sûr, les mélodies sont à l'avenant, comme c'est une fois encore toujours le cas de ce qui sort du studio de Monsieur Levesque. Voilà bien un des rares musiciens français à avoir tout compris de ce genre si précieux et délicat qu'est l'AOR, un compositeur qui nous embarque dans son univers, et on s'y sent si bien qu'on n'a guère envie d'en sortir. Le chanteur Benjamin Venet a parfaitement su s'intégrer à cet univers, il est même assez incroyable d'imaginer que ces deux-là ne se connaissent que depuis un an tant l'alchimie est parfaite et saute aux oreilles. Il serait assez vain de chercher à extraire les meilleurs titres de ce disque sans temps mort, chacun renferme son lot de classe, de fraicheur, et aussi, c'est une nouveauté, son petit zeste d'impétuosité qu'apporte le nouveau chanteur sur certains passages, comme avec la jolie reprise de The Best (TINA TURNER), mais aussi Light Always Seems Brighter In The Dark ou encore If You Don't Need Me Anymore et sa petite touche de modernité qu'on retrouve toujours en filigrane dans la musique de Silence (l'excellent Voices en est une autre manifestation). Ajoutez à celà des parties de guitare absolument divines, tout en finesse et en feeling, et un duo de premier choix avec la chanteuse Valérie Paul (ex-SYRENS CALL) sur le superbe Flowers Of Pain, et vous obtenez comme il y a quatre ans un prétendant sérieux au titre d'album AOR de l'année !

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