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till lindemann paris palais omnisport de paris bercy 20 12 2023

Ma chute dans la marmite RAMMSTEIN remonte vers 2010, avant d'assister à un premier concert le mercredi 7 mars 2012, ici même à Bercy. Cette première expérience demeure, à ce jour, la meilleure pour moi.

Les quatre qui ont suivi furent plus ou moins convaincantes ; la pire était Lyon avec une sonorisation épouvantable. Quoiqu'il en soit l'univers RAMMSTEIN demeure indéniablement un des groupes incontournables du métal festif !

Toutefois, à mon humble avis, Till est fondamentalement lié à RAMMSTEIN et doit le rester, afin de contribuer à maintenir l'unité d'un des rares groupes à demeurer soudé depuis le début de leur succès. Et donc, l'idée de soutenir le projet parallèle d'un de ses membres, susceptible de créer ainsi une faille dans cette unité, ne m'enchante guère à priori. J'ai donc suivi son émancipation de loin et écouté furtivement un titre par-ci et un autre par-là ; suffisamment pour constater que sa création musicale ne me semblait pas se démarquer vraiment de son univers indus'… Quant à ses vidéos, bien réalisées au demeurant, n'étaient pas de nature à me convertir.

Cependant, son projet semble recueillir un écho favorable puisque le voilà à Bercy, dans le cadre d'une tournée dont de nombreuses étapes se sont déroulées à guichets fermés ! Tournée européenne qui se termine ici à Bercy.

Till aurait ainsi pu continuer longtemps son parcours à mon mépris ; seulement voilà, mon fils nous propose de l'accompagner à ce concert. Reconnaissant et curieux de nature, j'ai eu le pressentiment de devoir accepter, avec ma P'tite Fée, elle aussi intriguée. Pourtant nous avions encore l'esprit imprégné de notre précédent concert en Belgique d'un groupe nettement plus romantique ; THE MOSTLY AUTUMN !

Pour une fois, nous bénéficions de sièges numérotés en carré or ; nous sommes plutôt bien placés, même si une pile d'amplis suspendus me pollue partiellement la vue. Ce détail réanime mon agacement de ce découpage en zones de cette salle devenue mythique… Je me souviens avec nostalgie de mes années 80 où les premiers venus étaient les premiers servis … mais ça c'était avant. Mon fils, lui (à tout S(a)eigneur, tout honneur) est au deuxième rang, au pied de l'Ogre.

Bercy ouvre ses portes à 18h30. De nombreux sièges resteront vacants dans les deux virages de gradins. De nombreux provinciaux sont pourtant montés à Paris pour cette seule date française. Et j'ai entendu beaucoup de germanophones présents dans l'auditoire…

PHANTOM VISION [20h00-20h20]. https://phantomvision.bandcamp.com/album/guilty

Une fois n'est pas coutume, voilà un groupe portugais fondé en 2000 à Lisbonne. Totalement méconnu de mes répertoires, je lis en préalable qu'il revendique des influences de THE SISTERS OF MERCY et BAUHAUS, dans un style "gothic/darkwave".

PHANTOM VISION est actuellement composé de Pedro Morcego Santos (chant), Pedro Barradas (guitare), Tiago Barbosa (clavier) et Carlão N-Hancer (batterie). Son sixième album, intitulé "Guilty", est paru 23 Septembre 2019.

Le quatuor lusitanien dispose d'un espace restreint mais d'une sonorisation et d'un éclairage correct. De surcroit, ils ont pu arborer le logo du groupe étendu en grand en fond de scène.

Pas désagréable à entendre, mais pas non plus de nature à transcender nos esprits peut-être devenus trop exigeants. Effectivement, je rejoins la définition de leur musique sur leur bio ; on est dans une sorte de "dark-wave", un univers hybride ou l'électro se mêlent gentiment à de lointaines évocations punkies, selon les chansons.

La prestation ne nous a pas davantage convaincu que le reste du public, qui leur a accordé quelques applaudissements convenus.

Titres à déterminer

AESTHETIC PERFECTION [20h35-21h]. www.aesthetic-perfection.net

Deuxième prestation, encore des inconnus pour moi. J'apprends qu'ils sont Austro-américains ; c'est un projet "électro" fondé par Daniel Graves en 2000, Los Angeles (Californie) avant qu'il émigre vers Linz (Autriche).

La composition d'AESTHETIC PERFECTION actuelle me laisse perplexe. Sur le site officiel on peut lire que Daniel Graves (chant, claviers, programmations, depuis 2000), est entouré de Joe Letz (batterie, depuis 2018 et membre de TILL LINDEMANN), mais aussi de Constance Antoinette Day (claviers, guitares, basse, depuis 2021, et membre de TILL LINDEMANN). Or, nous avons une brunette bien agitée mais qui ne ressemblait pas vraiment à la blonde officiant au sein de groupe de Till… Si quelqu'un a une info, je suis preneur… Il semblerait qu'à la guitare/clavier ce fut Lore Jarocinski et à la batterie ce fut (si j'ose dire) Mike Schopf.

Un huitième album studio"MMXXI" est paru le 3 juin 2022.

On le pressentait déjà à l'équilibrage de la sonorisation, la batterie est puissante. La voix souvent rauque du chanteur accompagnée par deux des membres de Till Lindemann, confirme que l'auditeur se rapproche de la thématique musicale de la soirée. Servi par un éclairage et un espace de scène équivalent au groupe précédent, le groupe semble soulever une plus grande part du public.

Certaines séquences ont pu me séduire, mon pied a battu le rythme de satisfaction. Mais, je demeure allergique aux bandes préenregistrées ; or le clavier pourtant installé sur la scène, est rarement occupé au profit de celles-ci. Fatalement, au bout d'un moment on ressent ainsi une certaine lassitude. Dommage car on sent un potentiel, d'autant que les protagonistes ne manquent pas d'énergie.

Leur prestation aura eu au moins le mérite de chauffer le public.

Titres à déterminer

A ce stade, je demeure inquiet pour le reste de la soirée…

TILL LINDEMANN [21h20-22h55] https://www.lindemannworld.com/

Au départ, en 2013, Till s'intégrait dans un projet avec Peter Tägtgren (PAIN, HYPOCRISY). Mais cette collaboration n'a pas survécu à la Pandémie, ce dernier quitte le navire en 2020.




©Samuel C

Sa discographie présente huit monoplages, un mini-album (2015), un enregistrement en concert (à Moscou) et deux albums studio. "Skills in Pills" est paru le 22 juin 2015. "F & M" (Frau und Mann) est paru le 22 novembre 2019. "Zunge" est le troisième album de la carrière solo de Till Lindemann, et le premier sorti en son nom propre (les deux précédents étaient sous le projet Lindemann). Jusqu'à présent "Zunge" n'est disponible qu'en format digital, depuis le 3 novembre 2023. La sortie physique avait été repoussée, mais il était en vente à l'échoppe ce soir. Cet album est dans la continuité de ceux composés avec Peter Tägtgren pour Lindemann, cependant les sons électro semblent plus poussés.

Cette parution est l'occasion d'une tournée de vingt-sept concerts dans quatorze pays durant l'année 2023.

Désormais, Till Lindemann s'entoure sur scène de Danny Lohner (basse, depuis 2022 américain –Texas- et collaborateur de NINE INCH NAILS et A PERFECT CIRCLE), Constance Antoinette Day (claviers, depuis 2022, Américaine –Californie- et membre de AESTHETIC PERFECTION), Emily Ruvidich (guitares, depuis 2022, Américaine - Caroline du Nord), Jes Paige (guitares, depuis 2022, Américaine -New York-), et Joe Letz (batterie, depuis 2022, Américain -New York-, et membre de AESTHETIC PERFECTION).

Dès le début de son concert, on comprend que l'efficacité et l'expérience allemande sont à l'œuvre. Une sonorisation puissante mais audible, et un éclairage davantage porté sur les rouges, mais cependant lumineux ainsi qu'un vaste écran en fond de scène, ont permis d'exprimer toute la puissance des chansons. L'espace dévolu aux claviers est sur la droite, la batterie plutôt sur la gauche, les trois guitaristes (dont une basse) sont très mobiles et engagés. Till quant à lui, harangue son public sur tout l'espace, y compris dans la fosse où il n'hésitera pas à baigner.

©Samuel C

Alors que je ne connais pas vraiment le répertoire du Monsieur, je parviens immédiatement à m'imprégner de son univers pourtant brutal et malsain que, reconnaissons-le, nous sommes tous venus chercher ici, plus ou moins volontairement. Mais TILL LINDEMANN est un musicien suffisamment talentueux pour nous faire partager ses fantasmes orgiaques et licencieux, voire obscènes.

Musicalement, sa voix au timbre ténébreux et profond, est captivante même pour un non germanophone. C'est un véritable phénomène de scène. Pourtant dans une démarche cynique, son charisme et son sens artistique ont produit un concert éruptif et exaltant ! Ses musiciens assurent efficacement leurs fonctions ; je n'ai pas perçu de bande préenregistrée sauf durant "Allesfresser" (mais là c'était justifié). J'ai été impressionné par la frappe fougueuse et redoutable du batteur, qui est aussi déjanté que Till. Le bassiste s'est montré d'une grande efficacité pour assurer le lien entre les rythmes infernaux du bûcheron de service avec les harmonies des guitares et claviers. Ces derniers pupitres étant tenus par trois Américaines très impliquées, même si le style musical ne leur confère pas une subtilité extraordinaire. Nous sommes loin des fantaisies délicates et ciselées du rock progressif que j'admire tant par ailleurs. Assumons ; a priori, nous sommes là pour festoyer avec exubérance et désinhibition…

Une certaine forme de délicatesse avait toutefois sa place ; notamment l'intro (2'30) de "Knebel", durant laquelle Till est en duo avec la guitare sèche. Mais la débauche d'énergie n'est jamais contenue longtemps avec Till, et l'explosion qui suit est d'autant plus jouissive !

En dehors de l'aspect musical, on retrouve les attitudes inhérentes au style indus'. Les musiciens ont clairement leurs corps constamment électrocutés, la tête dans le sac à poussières

© Sam C

Le batteur, au-delà de son énergie exubérante, n'a pas quitté son accoutrement sadomaso ; bâillon, faux seins, et collant résilles laissant voir ses fesses, et une immonde fausse vulve. Allant jusqu'à balancer au public des accessoires sexuels retirés de son string. La claviériste, entre deux accords, ne perdait pas une occasion de prendre des postures lubriques, notamment autour sa barre verticale …

Toutefois, s'agissant de la mise en scène, alors que RAMMSTEIN base son spectacle davantage sur la pyrotechnie, Till accentue le sien sur les atmosphères torrides illustrées notamment par les vidéos sur l'écran. Elles défilent, débridées de toute censure (au contraire de YouTube). D'emblée, avec celle de "Zunge" on comprend qu'il va y avoir de l'émotion !

Les images sont délibérément insolentes, extrêmement libres à l'égard des mœurs, provocatrices, portées sur le sexe, le sang, la démesure, l'outrance, et l'abus. Ad Nauseum. Les textes étant souvent à double sens, les films ont le mérite de montrer le fond d'une pensée extraite d'un cerveau qui semble malade. Où qui feint de l'être en tout cas. Détailler les illustrations prendrait le risque d'heurter les âmes sensibles. On est loin de la poésie romantique, c'est gras, c'est cru, c'est violent… Outre, les anatomies exhibées, nous en avons appris beaucoup sur les mœurs dissolues de certains …

Je reconnais volontiers avoir été souvent mal à l'aise et pourtant je ne suis pas né de la dernière pluie ! Je m'interroge sur la démarche, est-il dans la provocation ou dans la dénonciation ? Peut-être les deux …

© Sam C

Bravant sa prétendue timidité (vantée dans sa biographie), le pape de l'électro-metal est descendu dans la fosse, accompagné par sa sulfureuse claviériste, et transporté sur une chaise à porteurs. Une caméra "Gopro", fixée sur son chapeau, montre sa déambulation. Il en fait le tour avant de remonter sur scène. Nous pouvons ainsi mieux distinguer son costume dans la même teinte rouge que tous ses complices et son maquillage rouge sang. En parlant des porteurs, vêtus de noir, je les ai plains toute la soirée, car ils étaient aussi chargés de rétablir constamment les pieds de micro et les éléments au sol que Till se donnait un malin plaisir à bousculer dans la fosse ! ou de ramasser les débris d'une guitare cassée par une des guitaristes qui devait sur croire sur un ring de catch…

On peut apprécier ce cirque. Ou pas. Disons que je m'autorise à apprécier cette parenthèse festive.

En tous cas, le public est ravi et l'a montré, même quand les musiciens leur ont balancé des (faux) gâteaux (durant une longue séquence intermédiaire "Allesfresser" [omnivore]), ou des (faux) poissons (durant "Fish on" jets de poissons). Ou encore des oreillers, alors que personne n'avait prévu de dormir ! Sans omettre les jets d'eau, visant sans doute à refroidir les esprits échauffés !!

Bref, à la base nous étions dubitatifs, le concert nous a finalement convaincu d'un talent musical et théâtral.

Parmi les dix-huit titres interprétés ce soir, six sont issus de Zunge (2023), sept sont issus de F & M (2019), cinq sont issus de Skills in Pills (2015).

PROGRAMME

  1. Zunge (Zunge, 2023)
  2. Schweiss (Zunge, 2023)
  3. Fat (Skills in Pills/Lindemann, 2015)
  4. Altes Fleisch (Zunge, 2023)
  5. Allesfresser (F & M /Lindemann, 2019)
  6. Golden Shower (Skills in Pills/Lindemann, 2015)
  7. Tanzlehrerin (Zunge, 2023)
  8. Ich weiß es nicht (F & M /Lindemann, 2019)
  9. Sport frei (Zunge, 2023)
  10. Blut (F & M /Lindemann, 2019)
  11. Praise Abort (Skills in Pills/Lindemann, 2015)
  12. Platz Eins (F & M /Lindemann, 2019)
  13. Fish On (Skills in Pills/Lindemann, 2015)
  14. Gummi (F & M /Lindemann, 2019)
  15. Steh auf (F & M /Lindemann, 2019).

RAPPEL :

  1. Knebel (F & M /Lindemann, 2019)
  2. Ich hasse Kinder (Zunge, 2023)
  3. Skills in Pills (Skills in Pills/Lindemann, 2015).

Bande son finale : Home Sweet Home.

 

Je m'abstiens d'acquérir le t-shirt pourtant plutôt joli qui coutait 35€. Mon fils et ma p'tite Fée sont absolument conquis ; moi je me définirais plutôt comme sidéré. Nous avons cependant tous convenu que nous ne sommes jamais sortis aussi perturbés d'un concert de RAMMSTEIN. L'audace de Till est d'autant plus surprenante à l'issue d'une année où sa réputation fut judiciairement mise en cause. Mais aucun de nous n'a regretté d'être venu à ce qui sera notre dernier concert de l'année 2023, car c'est assurément un spectacle à voir et, qui sait, à revoir !

walt
PATRICE DU HOUBLON

Plus d'infos à propos de l'auteur ici


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