Les concerts en semaine ne sont décidément pas le meilleur des choix. Surtout lorsqu'ils sont réputés débuter à 19h !
C'est pourtant avec bonheur que nous parvenons à la file d'attente vers 18h50. Mais c'était sans compter avec une Autorité Lumineuse qui a décidé de faire passer les malheureux Twilight Force, le premier des trois groupes de la soirée, alors même que le gros des troupes était encore dehors à attendre les palpations désormais de rigueur ! Brillante intelligence d'organisation, une fois de plus !
ACCEPT : [19h00-20h00]. Lorsque je suis allé voir Accept ce 29 avril 1983 à la Mutualité, c'était sur leur tournée "Restless and Wild" (déjà leur quatrième opus !) ; je ressentais un véritable engouement en dépit des influences très marquées (Judas Priest et Scorpions, à l'évidence), mais nous nous disions alors que nous tenions là déjà une
bonne relève ! C'était sans compter avec les tensions humaines souvent inhérentes à la réussite commerciale. Je déplore toujours le départ du chanteur Udo Dirkschneider en 1987, alors que je groupe pensait pouvoir conquérir un autre public, plus américain disons-le. J'avais alors lâché une première fois l'affaire, mais lorsqu'Udo était revenu, moi aussi ! C'est ainsi que je suis allé acclamer une sixième fois le groupe sur ses Terres, le 28 septembre 1993 à Munich sur leur tournée "Objection overruled" (un de mes meilleurs souvenir du groupe !). Depuis lors, je n'ai plus ressenti l'envie de les suivre ; ce que j'entendais et lisais sur la main-mise de Duffy leur parolière m'agaçait prodigieusement.
Cela étant, des amis me disant tout le bien qu'ils ressentaient lors de leurs récents concerts, je retrouvais une certaine motivation, sans doute par nostalgie alors qu'il ne reste plus que deux membres d'origine ; Wolf Hoffmann à la guitare et Peter Baltes à la basse. C'est désormais Mark Tornillo qui tient le micro depuis 2009, entouré d'Uwe Lulis à la guitare et de Christopher Williams à la batterie depuis 2015.
Je tenais à récapituler mon vécu pour expliquer mon présent. Car ce soir, mes émotions sont contrastées. Les titres les plus récents ne parviennent pas vraiment à m'enivrer mais il suffit que les titres de la grande époque soient interprétés pour ranimer une certaine flamme.
Ces propos peuvent sembler subjectifs mais à tort, car en fait même sur les titres "époque Udo", je ressens parfois une légère frustration au niveau de la voix. En dépit du bon niveau de Mark Tornillo, celui-ci ne parvient pas totalement à restituer les aigus. Mais je relativise en me disant qu'à 65 ans, Udo ne serait peut-être plus à la hauteur non plus …
Réflexion faite, je me laisse alors aller, sur les cinq derniers titres à ce qui ressemble à mes doux tourbillons adolescents (Teutonic Terror me paraissant conforme à l'esprit du reste) ! La tête à donf dans le sac à poussières, hurlant et yaourtant les refrains, mimant les frappes impitoyables du batteur (très efficace, celui-là !) et les soli endiablés des guitares !
A la fin de Ball to the Wall, je reviens à la réalité frustrante ; Accept n'a plus la notoriété d'antan et se retrouve ainsi contraint de se contenter d'une petite heure, sans rappel, pour ouvrir la soirée d'un groupe de gamins suédois.
La petite ritournelle ravageuse "avec le temps" de Léo Ferré me revient une nouvelle fois à l'esprit.
PROGRAMME : Stampede (Blind Rage) ; Stalingrad (Stalingrad) ; Restless and Wild (Restless and Wild) ; London Leatherboys (Balls to the Wall) ; Final Journey (Blind Rage) ; Princess of the Dawn (Restless and Wild) ; Fast as a Shark (Restless and Wild) ; Metal Heart (Metal Heart) ; Teutonic Terror (Blood of the Nations) ; Balls to the Wall (Balls to the Wall).
SABATON [20h45-22h15] Ce groupe suédois semble avoir aussi connu des problèmes de stabilité d'effectif car du groupe que j'ai découvert le 23 janvier 2007 à l'Elysée Montmartre (tournée Attero Dominatus/Metalizer, ils ouvraient la soirée avec Grave Digger pour Therion), il ne reste que les deux membres d'origine Joakim Brodén au Chant depuis 1999 et Pär Sundström à la basse depuis 1999. Désormais c'est Chris Rörland à la guitare depuis 2012, Hannes Van Dahl à la batterie depuis 2013 et le dernier arrivé (après un nouveau claquement de porte ?) Tommy Johansson à la guitare depuis fin 2016. C'est donc encore une formation différente de celle que je viens de voir au Download l'été dernier.
Ces difficultés ne semblent pas avoir nuit à leur notoriété car c'est sur leur nom que l'Olympia s'est quasiment rempli ce soir ! Manifestement ils disposent d'un public conquis d'avance à voir dans l'assistance le nombre de T-shirts estampillés, de déguisements guerriers et même de sosies du chanteur ! L'avantage c'est qu'avec une bande de fêlés comme ça on va passer une soirée très chaude ; ca tombe bien, dehors le thermomètre tourne autour de zéro !
Les lumières s'éteignent et une bande-sons laisse entendre une reprise étonnante de "In the Army Now" des Status Quo. Peut-être un hommage à Rick Parfitt récemment disparu ? Il me plait d'imaginer que ce titre pacifiste serait un message destiné à inviter le public à prendre les thèmes guerriers avec le recul nécessaire ?
Musicalement, le chant rugueux mais mélodieux, et la section batterie/basse adéquate ne sont pas sans rappeler les heures de gloire d'autres guerriers de scène, un certain Manowar, dont ils ont dû entendre parler (doux euphémisme), mais aussi d'autres scandinaves comme Manticora.
Heureusement, la sonorisation est excellente (protection auditive retirée, bien qu'étant situé proche de la scène, sur sa gauche !), mais elle laisse entendre le principale grief que je leur oppose. Un omniprésent mais invisible clavier agrémente avantageusement les titres. Cette hypocrisie est d'autant plus incompréhensible qu'ils ont le toupet de faire porter un synthé sur scène pour interpréter en semi-acoustique "The Final Solution" !!! Les bandes-sons ne sont d'ailleurs pas rares pour introduire certains titres. Moi, ce genre de démarche me gênera toujours ; cela ne me paraît pas correspondre à l'esprit "concert", mais je reconnais que cela procure un certain confort d'écoute et, assurément, un confort d'exécution, d'accompagnement auditif pour les musiciens, une fausse note est si vite arrivée... Les mélodies valent bien ce petit soin, même si les thèmes musicaux se ressemblent souvent (nous sommes loin des thèmes parfois alambiqués du rock progressif).
S'agissant du concept de groupe, je préfère ne pas trop disserter sur le message ambigu des paroles qui sont principalement basées sur les guerres qui ont marqué l'Histoire. Est-ce pour les dénoncer, pour les glorifier ou est-ce juste pour accompagner avec une fausse naïveté les accents metal de ces valeureux Vickings ? En tous cas, ils font feux de tous bois et tous les grands combats sont évoqués sans parti-pris apparent. Certaines mises en scènes peuvent prêter à sourire (ah, ces guerriers grecs !), d'autres à inquiéter (diffusion en fond d'écran d'images au relent de Nürnberg et/ou avec une iconographie troublante). Ces mêmes questions ne m'ont pas empêché d'apprécier Manowar en son temps, alors je ne me prive pas de me laisser entrainer dans un tourbillon de folie qui s'est vite emparé de la foule très enthousiaste !
La musique est si entraînante et festive que, dans la mesure où je ne suis pas venu à l'Olympia pour claquer des mains avec Chantal Goya, je ne peux que participer à ce véritable délire collectif ! Volontiers fêtard, mes jambes semblent souvent montées sur des ressorts pour marquer les temps binaires et souvent répétitifs, et mon esprit s'égare à hurler avec tout le monde des "hoo-haah, hoo-haah" guerriers ! J'ai toujours pensé qu'il faut se méfier de la foule, rester à l'écart de la meute, mais en cette soirée hivernale je fais une nouvelle exception, hypocrite que je suis ! Il sera toujours tant pour moi d'enfiler ensuite un costard cravate pour retourner docilement au bureau. Oï ! Et puis le charisme de Joakim Brodén aide aussi il faut bien le dire ; il chante, il saute, il claque des mains, il prend la guitare (pour nous faire chanter “beat it” de Mickael Jackson) ou le clavier (pour tapoter un air inadéquate), il plaisante (il a chambré son nouveau guitariste) et invite le public à la fête. Il me semble sincère, même lorsqu’il nous affirme que le public de ce soir est le plus émouvant dans le parcours de Sabaton ! C’est vrai que l’Olympia était chaud bouillant ce soir !!!
A ce rythme, l'heure et demie passe trop rapidement. Cette petite fête m'aura permis d'éliminer une partie des toxines accumulées pendant les Réveillons et rien que pour cela je ne regrette pas le déplacement ! Hoo-haaaaaaaaaaâââââh … Mouaharfharfharf … !!!
PROGRAMME : Ghost Division (The Art of War) Sparta (The Last Stand) Blood of Bannockburn (The Last Stand) Swedish Pagans (World War Live: Battle of the Baltic Sea) Carolus Rex (Carolus Rex) The Last Stand (The Last Stand) Far from the Fame (Heroes) Winged Hussars (The Last Stand) The Final Solution (version ballade) (Coat of Arms) Resist and Bite (Heroes) Night Witches (Heroes) The Lion From the North (Carolus Rex) The Lost Battalion (The Last Stand) Union (Slopes of St. Benedict) (The Art of War) Rappel : Primo Victoria (Primo Victoria) Shiroyama (The Last Stand) To Hell and Back. (Heroes).
Patrice du Houblon
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