Pour le dernier concert de l'édition 2009 du festival des 2 Cités, les Scorpions ont fait chanter le théâtre Jean-Deschamps, mardi soir. Rock jusqu'au bout des ongles, ils ont démontré la permanence de leurs talents devant un public conquis. Rock'n roll forever.
Il est de ces concerts où le public se sent faire partie intégrante du groupe, sur scène. Ce n'est pas courant. C'était pourtant le cas de celui des Scorpions, mardi soir, au théâtre Jean-Deschamps de Carcassonne. Un show Rock'n roll de la première à la dernière note, pour clore en beauté le festival 2009 dans l'enceinte de la Cité médiévale.
Et c'est devant un parterre de fans - il n'y avait qu'à compter le nombre de t-shirts à l'image du groupe parmi les spectateurs pour le comprendre - que les désormais mythiques rockers allemands ont fait démonstration de leur énergie hors norme. Spectaculairement rock.
Quarante-quatre ans après la création du groupe, les Scorpions ont prouvé que certaines choses ne vieillissent pas. A 61 ans et en pantalon de cuir rouge moulant, Rudolf Schenker, membre fondateur du groupe, faisait, sur scène, des bons d'un mètre de haut et courait d'un coin de la scène à l'autre, guitare à la main et grimace "rock" au visage... A ses côtés, les autres Scorpions ne faisaient pas taches. A la guitare, également, Matthias Jabs, "Scorpion" depuis 1979. A la basse, le plus jeune membre du groupe, Pawel Macidowa, permanent depuis 2004. Et à la batterie, le très impressionnant James Kottak, jonglant avec ses baguettes, torse nu, tatouages brillants de sueur avec le fameux "Rock'n roll forever" sur le dos.
Sans oublier l'indispensable Klaus Meine, au micro depuis 1969. Fidèle à lui-même, il a répandu cette voix rock et puissante qui a fait la recette du groupe avec des titres comme "Rock you like a Hurricane", "Coming home", "Holiday", "Big city nights", "Still loving you" et bien d'autres.
"C'est un très beau lieu d'histoire. Ce soir, nous partageons quelque chose de très spécial ici", lançait le chanteur à la foule (en anglais dans le texte). Et il était bien question de partage, dans le théâtre Jean-Deschamps. Mis a contribution durant plus d'une heure et demie, le public, comme un seul homme, a participé au spectacle, avec des cris d'encouragement constants et des chants. "Carcassonne rocks ! Vive la France", a remercié Klaus Meine, ravi.
Un seul inconvénient à cette mise à l'épreuve du public : nombreux étaient les fans qui n'avaient pas l'endurance des rock stars. Forts au début du spectacle, les cris se sont faits de plus en plus faibles, de nombreux spectateurs étant devenus aphones. Les années passées, ils avaient sûrement oublié que le rock est un sport qui mérite de l'entraînement
l y a des soirs où l'on maudirait presque ses gênes... Où l'on s'aperçoit que l'action du temps sur un crâne désormais dégarni est, hélas, inexorable. Eh oui, on aurait bien remué, comme au bon vieux temps, la tignasse rebelle sur les envolées métalliques de ces Scorpions carapacés de cuir. Hier, au théâtre Jean-Deschamps, pour la "der" à la Cité, le combo teuton a, encore une fois, galvanisé son public. Klaus Meine, 61 ans dans les chaussettes, et sa voix haut perchée... Rudolf Schenker, et ses rythmiques appuyées au son bien gras des "Flying V"... Un Matthias Jabs en pleine forme, restituant des solos que les guitaristes d'aujourd'hui ont remisé au placard par faute d'inspiration... Ajoutons la prestation de Pawel Macidowa et James Kottack (énorme batteur), derniers venus, et voilà un concert qui a de la gueule ! Les admirateurs du métal d'aujourd'hui n'y auront peut-être pas trouvé leur compte... Mais les fans de la première heure, les connaisseurs, auront apprécié le subtil mélange des époques. Un retour aux sources du feu hard-rock et ses morceaux d'anthologie (Black out,Rock you like a hurricaine, The zoo...), ses ballades (Is there anybody there, magnifique Still loving you) mais aussi une immersion dans l'univers actuel du groupe très très inspiré. Scorpions en a sous la pince : et c'est le pied !
Hier soir. Pour la fermeture annuelle du festival à la Cité, le pu-blic de Scorpions a fait beaucoup, beaucoup de bruit. Le groupe lui, n'a pas usurpé son titre: «Rock you like a Hurricane!»
Photos DDM, Roger GarciaEn haut de la travée centrale, la mesure des décibels sur la console son, affichée en gros cristaux liquides rouges, est passée de 87 à 97dba (décibels audibles). C'est que Scorpions vient d'entrer sur scène, et même à moins de cent décibels, ça fait du raffut! L'équivalent d'un Boeing 737-200 (type Ryanair), et à peine moins qu'un F16 (avion de chasse). Le groupe est arrivé sur une intro bizarre, un tiers orchestre symphonique, un tiers Ben Hur, et un tiers feux de l'enfer. Tout, sauf de la musique de chambre. Dans une débauche de lumières, Klaus Meine a lancé un premier sprint sur «We Let It Rock, You Let It Roll», puis «Loving You Sunday Morning» et «Is there Anybody There». La collection de guitares de Rudolf Schenker est ahurissante, celle de Matthias Jabs pas moins, les basses de Pawel Maciwoda rempliraient un magasin, et le stock de baguettes de James Kottak a dû coûter une forêt. Le chanteur va même en faire la distribution aux premiers rangs, comme s'il s'était agi de spaghettis. C'est que chez Scorpions, on partage les affaires, et on traite le public d'égal à égal. Les banderoles des fans vont ainsi venir d'abord orner les épaules de Klaus Meine, puis les fûts de batterie de Kottak. Lequel est laissé seul en scène pour un solo grand cirque et double grosse caisse qui atteint des sommets en calories (seconde) dépensées. Un furieux... On comprend mieux quand il se tourne, arborant sur toute la longueur du dos ce tatouage: «Rock'n'Roll Forever» (au rock'n'roll pour la vie). La vie de Scorpions, c'est ça: le rock, les tournées. ça se voit sur scène, tous ont «la banane», le plaisir d'être là. Manifestement le groupe est sensible au site, et à la chaleur qui s'en dégage. Et même si les poses en jeans moulant des fesses plates de quinquagénaire ça peut paraître ridicule, l'essentiel est de sentir la joie qu'ils transmettent. «Vive la France, baby!!!», s'exclame Klaus Meine après «Send me An Angel» et un «Holiday» (semi-)acoustique. En rappel, le groupe va faire défiler les tubes comme à la parade, «Still Loving You», «Wind of Change» et «Rock you like a Hurricane», avant de revenir encore et ça, ça n'était peut-être pas prévu...
De rnier grand c oncert de l'édition 2009 du festival des 2 Cités, le show des Scorpions prévu ce soir était pourtant parmi les premiers à afficher complet. Rien d'étonnant pour ce groupe mythique qui dispose d'un curriculum épais comme un bottin. Quarante-quatre ans de carrière, 16 albums stu dio et cinq albums live, les Allemands de Scorpions ont vendu pas moins de 75 millions d'albums et ont ainsi marqué l'histoire du rock. À l'origine du phénomène, il y a Rudolf Schenke. Il a 17 ans quand il fonde, en 1965, un groupe nommé The Scorpions. Après une dizaine d'années en amateur et de nombreux changements internes, les musiciens rencontrent leur premier grand succès avec " In Trance" en 1975. Ils explosent sur la scène hard rock internationale en 1982 avec " Blackout".
C'est le début d'une grande aventure qui les mènera à travers le globe. En tournée, parfois dans des lieux très reculés (jusqu'en Sibérie), ils chantent inlassablement leurs incontournables " No one like you", " Rock you like a hurricane", " Still loving you" et " Will of change". Ce soir à Carcassonne, ils joueront pour le public comme ils l'ont fait des centaines de fois, avec une énergie et talent indéfectibles. Ultime preuve de leur succès incessant : le montant de leur cachet, fixe depuis plusieurs années selon les organisateurs du festival. On ne change pas une formule qui gagne...