"Comment transmet-on le code des armes nucléaires ?
Parmi les informations confidentielles que le président sortant devra transmettre à son successeur - si celui-ci l'emporte -, il y a le déclenchement de la force de dissuasion.
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Qui dit nouveau président dit passation de pouvoir, et notamment transmission des codes permettant l’utilisation de l’arme atomique. Si François Hollande est élu dimanche prochain, comment cela va-t-il se dérouler ?
1. Un dispositif sécurisé
En France, le président de la République a également le titre de chef des armées. Aussi, c’est lui, et lui seul, qui dispose de l’arme nucléaire. Si cette dernière revêt principalement un rôle dissuasif, elle n’en reste pas moins importante aux yeux des dirigeants. En 2010, Nicolas Sarkozy affirmait qu’elle était “garante de la sécurité de [son] pays”.
Le Président de la République est donc le seul habilité à déclencher le feu nucléaire, et peut, en théorie, l’utiliser n’importe quand en cas d’attaque sur la France. Quand il est à l’Elysée, il rejoint le “PC Jupiter”, construit en 1969, sous le palais, où sont situées les commandes permettant de lancer la bombe. Quand il est en déplacement, il dispose d’un “poste de commandement mobile”, une valise qui lui permet également l’actionnement de l’arme. Pour se faire, il dispose d’un code confidentiel, à rentrer avant de déclencher le lancement.
2. Une passation en tête à tête
Et c’est ce code, qui est transmis du président sortant à son successeur, fraîchement élu. Dix jours après le second tour de l’élection, les deux hommes se rencontrent, à l’Elysée. Un rituel censé assurer la continuité de l’Etat, où l’ancien élu donne ses conseils au nouveau et transmet les dossiers en cours.
C’est également à cette occasion que le code de mise à feu de la force de frappe nucléaire française est transmis. Si, pour des raisons évidentes de sécurité, tous les détails ne sont pas officiels, en 2007, ZD Net racontait : “la communication des codes se fait en tête à tête. Selon toute vraisemblance, dans le centre de commandement Jupiter, situé sous le palais de l'Elysée”.
Outre le code en lui-même, le site explique, s’appuyant sur le témoignage d’un général des armées : “Le point majeur dans cette transmission est l'identification formelle du nouveau chef de l'Etat. Il est en effet capital pour la sécurité du pays que l'identité de Nicolas Sarkozy [en 2007, ndlr] ne puisse être usurpée d'une manière ou d'une autre. D'où cette nécessité d'enregistrer la personnalité du nouveau président pour générer son passeport vocal et visuel.”
Ensuite, le nouveau chef de l’Etat modifie le code de l’arme nucléaire et le conserve, d’une manière sûre.
3. Rien n’empêche les couacs !
Malgré cette procédure, il est déjà arrivé, par le passé, que le code de l’arme nucléaire soit égaré. En 2000, Bill Clinton, par exemple, aurait perdu pendant “des mois” la carte digitale abritant ce code, outre-atlantique.
En France, c’est François Mitterrand qui, après sa victoire de 1981 a sans doute été un peu étourdi. Selon Patrice Duhamel et Jacques Santamaria dans “L’Elysée, coulisses et secrets d’un palais”, lors de la passation de pouvoir, Valéry Giscard d’Estaing remet au socialiste une petite plaque avec le code nucléaire. François Mitterrand la range dans sa poche de costume. Costume qu’il enverra le soir même chez le teinturier... avec le code nucléaire toujours à l'intérieur. S’en rendant compte le lendemain matin, “il fait récupérer son costume en catastrophe”, racontent les auteurs."