SEVENDUST initialement groupe de Metalcore et de Rapcore jette entre nos oreilles ce 7ème opus ; est-ce encore une bombe à neutron au milieu des rappeurs « traditionalistes » de N.Y. ? Sevendust est-il toujours cet iconoclaste du phrasé afro-urbain, pourfendeur de la mollesse radiophonique, hantise des salons dorés, aux paroles incendiaires, et politiquement incorrectes ? Que reste-t-il de leur agressivité caractérisée, de ce groove brutal, né dans les bas fond d’Atlanta ? A mon avis : l’essentiel. Même si l’orientation musicale et parolière se veut plus maîtrisée et temporisée, pour autant, les rushes de guitares et les « explicit lyrics » font toujours passer BLACK SABBATH pour de la musique de discothèque et KISS, bons pour une revue au Moulin Rouge !!! Comme tant d’autres combos, l’aspect rapcore n’est plus qu’à peine perceptible, et le hardcore réduit à la portion congrue, à l’état de traces hargneuses mais secondaires. Il reste, l’énergie, le brûlot démoniaque et le sens inné et incandescent du Funk, principalement initié par Lajon Witherspoon, ce chanteur afro-américain, armoire à glace aussi bien musculairement que vocalement, au timbre assez similaire à SEAL qui aurait dévoré à pleines dents, SEETHER et LINKIN PARK, ou encore Jerry « wizard » Seay de MOTHER’S FINEST vampirisé par SOILWORK et NICKELBACK. Le portrait issu de ce clonage est un Funk Metal brut de fonderies, au chant souvent empreint de Soul et depuis l’album Animosity, de touches électro-synthétiques de plus en plus présentes, voire de titres acoustiques secondés de piano et autres claviers. Les quelques traces hardcore virulentes se retrouvent sur les titres tels que Inside, aux couplets brutaux et refrains en chant clair typiquement Nu Metal, presque thrash ; Enough aux vocaux Funk ou Prodigal sont dans le même esprit MOTHER’S FINEST boosté, et enfin les plus coriaces, Fear et sa rythmique syncopée et le très sévère Contradiction. La seconde « orientation » de Sevendust, plus électro synthétique, parfois même expérimentale à la manière du Metal Indus. Voix trafiquée et mid tempo assurant le contraste avec des refrains volcaniques: Scapegoat, Lifeless et le surprenant Walk Away au refrain typé power Pop. Enfin, les ballades et son cortège d’invités de marque, le sublime Hope sombre et inquiétant dont les rythmiques guitares sont assurées par Mark Tremonti d’ALTERBRIDGE, le non moins sublime The Past avec Chris Daughtry, chaque vocaliste assurant tour à tour un couplet, un refrain et un final de vocaux en canons, idem pour Sorrow avec Miles Kennedy, vocaliste d’Alterbridge, ces voix se mêlant parfaitement à l’ambiance musclée et unique de Sevendust, qui nous offre là, le plus bel album de leur carrière, moderne, inventif et à la personnalité spécifique, de quoi combler les amateurs de sensations fortes.