Ils ont fait trembler les ménagères et les suiveurs de troupeaux
à l'Eurovision cette année, et en premier lieu l'abominable
Michel Drucker qui préférait s'occuper l'esprit en déversant
son fiel sur ce qu'il ne comprenait pas, plutôt que regarder le spectacle
irréel et délirant qu'offrait le groupe finlandais à
des millions de téléspectateurs, plus habitués aux paillettes
et aux brushings qu'aux accoutrements grand-guignolesques de LORDI. Le grand
public les croyait alors sortis d'une autre galaxie - l'ami des chiens ne
se préoccupait guère de les éclairer sur le parcours
de ce groupe pour le moins singulier, se préparant sans doute déjà
à une longue et pénible thérapie pour effacer ce traumatisme
- mais les fans de metal n'avaient heureusement pas attendu le laquais du
show biz français pour les leur présenter. Avec The Arockalypse
- dont est extrait le très efficace Hard Rock Hallelujah présenté
à l'Eurovision - Lordi en est en effet à son troisième
album studio (il en est sorti quatre en tout si l'on compte The Monster
Show qui réunit des titres des deux premiers albums Get Heavy
et The Monsterican Dream), et pour ce disque, le groupe avait déjà
la notoriété suffisante pour attirer des musiciens légendaires
de la scène hard rock des années 80, des deux compères
de TWISTED SISTER Dee Snider et Jay Jay French à l'ancien guitariste
de KISS Bruce Kullick, sans oublier le chanteur d'ACCEPT Udo Dirkschneider.
Belle liste d'invités pour ce groupe qui s'inspire dans les grandes
lignes de ce hard rock festif et théatralisé popularisé
par Kiss ou encore ALICE COOPER. Et il y a un peu de tout ça sur ce
Arockalypse, Lordi est manifestement très influencé
par le hard mélodique des années 80, et signe de cette attirance,
on retrouve sur quasiment tous les titres les ingrédients qui en ont
jadis fait le succès, des refrains imparables, des solos enflammés,
un gros son typique, sans oublier les choeurs gigantesques et puissants ainsi
que des nappes de clavier bien intégrées. Vous avez apprécié
l'hymne de l'Eurovision ? Alors vous succomberez sans doute à des titres
comme They Only Come Out At Night, The Chainsaw Buffet (et
son intro à la WASP !) ou encore le furieux Bringing Back The
Balls To Rock. On a même droit à une power ballad inattendue
chez un groupe de brutes épaisses comme Lordi sur le très bon
It Snows In Hell. Au delà de ce trip grand-guignol
dont je n'ai jamais été client, il y a manifestement du talent
derrière cette mystérieuse équipe, le seul bémol
que je mettrais vient à l'évidence du chant guttural de Lordi,
qui gâche quand même un peu la fête et finit assez vite
par me fatiguer. Avec ce savoir faire et un chant plus agréable à
l'oreille, Lordi avait les moyens de frapper encore plus fort et d'aller au
delà de la fascination qu'ont sans doute beaucoup de gens pour les
à-côtés de la musique du groupe, car musicalement, il
faut bien dire que Lordi a tout d'un groupe de hard FM, sa formidable maitrise
de la mélodie et des harmonies (dans les choeurs, les claviers, les
riffs, bref, tout à l'exception du chant !) les rapprocheraient même
de l'efficacité des cadors des années 80, un peu comme WIG WAM,
dont le point commun n'est pas seulement d'avoir tenté de mettre le
feu au poussiéreux concours de l'Eurovision. Peut-être que ce
vent de sobriété viendra avec une seconde vie pour le groupe,
"unmasked" cette fois ? La musique de Lordi n'aurait rien à
y perdre à mon avis, et notre ami Michou retrouverait enfin la quiétude
!
Highlights : Hard Rock Hallelujah, They Only Come Out At Night, The
Deadite Girls Gone Wild...
Tracklist :
01. SCG3 Special Report [intro]
02. Bringing Back the Balls To Rock
03. The Deadite Girls Gone Wild
04. The Kids Who Wanna Play With The Dead
05. It Snows In Hell
06. Who's Your Daddy?
07. Hard Rock Hallelujah
08. They Only Come Out At Night
09. The Chainsaw Buffet
10. Good To Be Bad
11. The Night Of The Loving Dead
12. Supermonstars (The Anthem Of the Phantoms)