Quatre ans déjà que les Milanais de LACUNA COIL nous avaient livré leur précédent opus, Comalies, qui avait obtenu un large succès ; ils avaient ainsi vendu un demi million d’exemplaires, dont la moitié aux US. Cet album avait été un petit peu dopé, il faut bien le dire, par le succès d’Evanescence, qui avait eu pour effet une ressortie de Comalies bien après sa première édition ! Cette longue période a aussi été utilisée par le groupe pour capitaliser son succès et battre la campagne par de nombreuses tournées, en Europe, mais aussi aux US. On ne change pas une équipe qui gagne, c’est bien connu, donc le groupe a pris son temps, et fait appel à nouveau à son producteur de toujours, Waldemar Sorychta (Sentenced, Samael, Tiamat, Moonspell…), pour conforter l’orientation prise sur Comalies, et même l’amplifier. Et en effet, dès la première écoute, le coté néo métal prédominant saute aux oreilles, avec notamment des sons de guitares et de basses nettement plus graves sur pas mal de morceaux. Les refrains sont entraînants, les lignes mélodiques plutôt simples, tout semble être orienté pour faire de ce Karmacode un album attractif en terme de ventes. Reste ce qui a fait le succès initial du groupe, c’est à dire le duo vocal Andrea Ferro et Cristina Scabbia, la voix de cette dernière est toujours envoûtante, et elle assure une plutôt belle prestation. Alors dans les meilleurs, susceptibles de devenir des hits, on retiendra Devoted, son refrain accrocheur et son riff mélodieux, Closer, dans une moindre mesure le morceau choisi pour le single et la vidéo : Our Truth, mais surtout et paradoxalement la reprise de DEPECHE MODE : Enjoy The Silence. To The Edge de part son riff très typé vient confirmer ce que le groupe a lui-même affirmé, c'est-à-dire que KORN fait partie des influences de cet album, idem avec la basse rythmée de What I See. Cet aspect n’est pas forcément positif car il donne une certaine uniformité, et l’on a du mal à retenir l’un plutôt que l’autre de ces morceaux. Les ballades sont plutôt réussies, Within Me, d’abord, une ballade semi-acoustique, et Without Fear, morceau chanté quasiment tout en italien, et qui dégage une véritable ambiance mélancolique. L’objectif de calibrer son style au marché US par une accentuation néo métal est donc atteint, cela donne un album plutôt mitigé, avec des morceaux courts adaptés à la radio, qui vraisemblablement fera aussi bien sinon mieux que Comalies en termes de ventes, et qui devrait capter de nouveaux fans, séduits par cette nouvelle approche. Par contre, il est fort à parier qu’une partie des fans de la première heure seront déçus par cette orientation qui laisse de côté l’aspect gothique initial du groupe.