L'actualité de JOURNEY a été particulièrement
mouvementée depuis la sortie de Generations, un album qui
voyait le rôle de Steve Augeri nettement amoindri, tous les membres
s'étant à l'époque mis dans l'idée de l'assister
au micro, avec une réussite pour le moins contrastée entre un
Deen Castronovo remarquable et un Ross Valory complètement à
côté de ses pompes. En 2006, Augeri dut abandonner son poste
en pleine tournée en raison de problèmes vocaux sérieux.
Cet incident de parcours fit le bonheur de Jeff Scott Soto qui fut invité
à rejoindre provisoirement l'un de ses groupes favoris. Le rêve
fut de courte durée, quelques mois après l'intégration
officielle du frontman de Talisman en remplacement définitif de Steve
Augeri, les membres historiques le congédiaient dans la plus sale tradition
capitaliste du je-prends-je-jette. Son remplaçant, Journey est allé
le trouver en Asie, avec le philippin Arnel Pineda, qui jusque là semblait
rencontrer un certain succès chez lui avec un groupe local nommé
The Zoo. La particularité de Pineda, c'est que, à l'image de
Augeri, sa tessiture vocale le rapproche comme un frère du décidément
irremplaçable Steve Perry. Journey se cherchait un nouveau clone, on
peut dire que l'opération a plutôt bien réussi, et on
s'en rend compte dès le titre d'ouverture, le flamboyant Never
Walk Away qui nous ramène tout droit au triptyque magique
Escape / Frontiers / Raised On Radio. Alors vous me direz, quel intérêt
de reproduire les vieilles recettes sans une once de nouveauté ? Sur
le papier, on peut effectivement s'intérroger, mais lorsque la machine
à remonter le temps se met en branle avec une telle maestria, on aurait
plutôt tendance à ne plus trop se poser de questions, et suivre
docilement ce train express vers les 80's. Sur bon nombre de titres, l'illusion
est pour ainsi dire parfaite, on croirait entendre des inédits de la
grande époque Perry (la nouvelle version du somptueux Faith
In The Heartland tiré de Generations mais
produite un peu différemment et légèrement retouchée
- notamment le break final aux lignes vocales plus harmonieuses dans cette
nouvelle version à mon sens -, ou le très beau Where
Did I Lose Your Love). Les ballades sont comme toujours particulièrement
soignées, avec en point d'orgue le très touchant Turn
Down The World Tonight, les plus classiques After All These
Years et - dans une déclinaison plus soul - Like A
Sunshower (qui rappelle un peu la période Raised On Radio)
faisant également leur petit effet.
Il n'y a en fait pas grand chose de décevant sur ce disque, en insistant
un peu, je citerai Wildest Dreams dont le refrain laisse
retomber le soufflé après un démarrage très prometteur,
en cherchant encore un peu la petite bête, certains passages de Change
For The Better le rendant un peu longuet, et puis le bonus européen
Let It Take You Back qui me semble le plus faible mélodiquement.
La force de ce Revelation est en tout cas de viser juste, ce disque
rectifie le tir de Generations en apportant une cohérence
à l'orientation d'ensemble, aucun titre ne semblant cette fois hors-sujet.
Au milieu de cet ensemble compact de facture classique, sur les traces de
Steve Perry, Pineda parvient parfois à s'exprimer plus personnellement,
sans absolument chercher le mimétisme ; c'est particulièrement
le cas sur le superbe et intense What It Takes To Win qui,
dans un style un peu plus contemporain tout en restant fortement inspiré
des années 80, fait incontestablement figure de moment fort de ce disque.
Ajoutez à celà une production qui, sans être toujours
irréprochable, redonne de sa grandeur à Journey après
un Generations pas franchement soigné à ce niveau (un
Kevin en chasse un autre, mais Shirley - de retour aux manettes après
Trial By Fire et Arrival - a semble-t-il mieux entretenu
ses oreilles que Elson...) et vous obtenez là un album qui, en faisant
abstraction de toutes considérations extra-musicales, se rapproche
de la magie d'une époque qu'on était en droit de penser totalement
révolue. Ne reste désormais plus aux fans qu'à choisir
entre le pressage 3 disques de la version américaine (l'album + une
compilation de classiques du groupe réenregistrés par Pineda
+ un dvd live) et la version européenne de Frontiers amputée
du dvd, mais complétée d'un bonus (pas inoubliable).
NB : le second disque n'étant pas fourni dans les
versions promo du label, je ne peux pour l'instant évaluer les réenregistrements.
Highlights : What It Takes To Win, Turn Down The World Tonight, Never
Walk Away, Faith In The Heartland, Where Did I Lose Your Love, What I Needed...
Tracklist :
01. Never Walk Away
02. Like A Sunshower
03. Change For The Better
04. Wildest Dream
05. Faith In The Heartland
06. After All These Years
07. Where Did I Lose Your Love
08. What I Needed
09. What It Takes To Win
10. Turn Down The World Tonight
11. The Journey (Revelation) [instrumental]
12. Let It Take You Back [bonus Europe]
CD2 : Greatest Hits Re-Recorded (non évalué
dans cette chronique)
01. Only The Young
02. Don't Stop Believin'
03. Wheel In The Sky
04. Faithfully
05. Any Way You Want It
06. Who's Crying Now
07. Separate Ways (Worlds Apart)
08. Lights
09. Open Arms
10. Be Good To Yourself
11. Stone In Love