AUSPEX est un mot latin qui peut se traduire par Augure. C’était
aussi le nom des « prêtres » spécialisés dans
la lecture et le décryptage des messages et des signes permettant d’agir
le mieux possible afin d’être en phase avec l’évolution
de sa vie et son environnement. Auspex désigne maintenant un combo français,
de Grenoble, plus précisément, qui vient porter très haut
les couleurs du métal symphonique français. Si le genre est une
spécialité transalpine, avec des groupes comme RHAPSODY, la France
n’est plus en reste avec FAIRYLAND
par exemple, dont nous avons salué la dernière oeuvre. Les musiciens
ont pris le temps de mûrir, l’origine de la formation se situe en
2001, et avant de nous proposer cet album, ils ont produit une démo relativement
bien reçue en 2005. Enregistré Brett Caldas-Lima (Kalisia), ce
premier album bénéficie d'un belle production, ce qui n’est
pas toujours le cas dans l’hexagone, et qui se révèle indispensable
pour une musique si ambitieuse. L’ambition, justement, n’est pas
nouvelle, puisque dès les années 1970, Deep Purple tentait l’impossible,
fusionner la beauté, la complexité de la musique classique avec
l’énergie et la flamboyance du hard rock. Mais dans ces balbutiements,
il était clair que les musiques étaient plutôt juxtaposées
que fusionnées. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts,
et des groupes comme NIGHTWISH ont ouvert la voie avec succès, et nombre
de groupes ont suivi, copiant sans vergogne une formule à base de chant
lyrique. Auspex ne s’inscrit pas dans cette logique, Elodie ayant adopté
une façon de chanter plus axée sur le rock pop que le chant lyrique.
Ceci étant, tous les ingrédients utilisés par les groupes
déjà cités s’insinuent dans les sillons, mais paradoxalement,
avec ces éléments déjà très utilisés,
Auspex parvient à se forger une forte identité, se démarquant
franchement de la concurrence. Donc si l’on retrouve luxe d’arrangements
à base de choeurs symphoniques ciselés s’imbriquant parfaitement
dans de superbes mélodies, et des orchestrations à la grandiloquence
des formations classiques, la spontanéité et l’énergie
du speed voire du power métal maintiennent en permanence l’intérêt,
que dis je, l’enthousiasme ! Derrière les très nombreux
breaks alternant les phases rageuses portées par les riffs de guitare,
et les ambiances atmosphériques ou symphoniques, fourmillent des idées
qui en soit ne sont pas révolutionnaires, mais mises bout à bout
donnent des sensations d’inédits. Par exemple dans l’un des
breaks de Theater of Pain, le chant porteur d’émotions
d’Elodie prend une tournure orientale et flotte majestueusement au dessus
d’une nappe électro techno. Parfois ce sont des claviers de type
Hammond qui donnent une délicieuse coloration années 70. Et sans
rentrer dans le détails des titres, car l’album s’appréhende
comme une œuvre symphonique complète, il faut quand même aborder
le dernier titre épique, Rise. Tout au long de plus
de onze minutes, et après une fabuleuse intro tour à tour classique
puis speed, Auspex enchaîne les émotions, la classe, le lyrisme,
les chuchotements d’Elodie, ses montées dans les aigus, la rage
des riffs, les emballements de la rythmique, la sérénité
des plages de claviers, les montées symphoniques pour se terminer sur
un refrain fédérateur et quelques lignes de chant intimistes,
tout simplement du grand art, à l'image de tout l’album. Inutile
de préciser qu’une telle œuvre s’apprécie sur
la durée, si les premières écoutes constituent une approche
agréable, chacune des écoutes suivantes révèle un
détail passé inaperçu précédemment, et la
magie opère peu à peu pour vous envoûter complètement.
Si vous faites honneur à cette œuvre essentielle et grandiose, vous
ne serez pas déçu, ce groupe novateur mérite tout notre
soutien, d’autant qu’il est fort à parier que nos médias
passeront complètement à côté, pour privilégier
la médiocrité ambiante, c’est bien dommage !
Highlights : tout l’album
Tracklist :
01. Subjective Architecture
02. Time To Make A Stand
03. Theater Of Pain
04. Lost Academy
05. Mysteries Of The Stars
06. Phantoms
07. Celestia
08. A King's Crown For A Wealthy Weak
09. Rise
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