C’est en pleine vague punk en même temps que Never
Mind The Bollocks en 1977, que MEAT LOAF sortit le premier volet de cette
longue saga Bat Out of Hell, l’épisode n° 2 apparut
en 1993, et au bas mot, Bat Out Of Hell I et II ont été
écoulés à raison de 45 millions d’unités.
Au cours des 29 ans qui se sont écoulés depuis la sortie du premier
élément de la trilogie, les modes, les stars et les politiciens
se sont succédés mais Meat Loaf n'a pas changé d’un
iota et nous revient avec ce troisième épisode comme si rien n’avait
changé, ou presque. Les compositions des deux précédents
albums étaient l’œuvre exclusive de Jim Steinman, Meat Loaf
n’étant qu’un interprète, mais quel interprète,
on retrouve ici le feu de la passion et de la puissance de cet artiste un peu
hors normes, tant physiquement qu’au niveau artistique. A croire qu’il
se réserve pour cette trilogie, ses autres productions étant en
général en deçà. Sur cet épisode, seulement
sept compositions sur quatorze sont écrites par Steinman, pour des raisons
juridiques. Les autres ont été composées par Nikki Sixx
(MOTLEY CRUE), John 5 (MARILYN MANSON) et Marti Frederiksen (AEROSMITH). Dans
les guests, ont participé aux vocaux la Norvégienne Marion Raven,
le producteur du premier épisode Todd Rundgren, qui a pris en charge
ici les arrangements vocaux, et Brian May de QUEEN à la guitare. Au final,
le fait que Jim Steinman n’ait pas été à l’origine
de 100% de l’album n’a porté aucun ombrage sur l’oeuvre,
et même contribué à la diversifier, et la production de
Desmond Child est parvenue à magnifier le tout. L’album s'ouvre
avec Monster Is Loose sur quelques bruits inquiétants,
rapidement coupés par des riffs nu-metal qui donnent un sacré
coup de jeune au rock de Meat Loaf, lui-même entonnant avec énergie
un premier refrain rageur. Cette forte coloration métal bien sympathique
est issue de la co-écriture par Nikki Sixx et John 5. Les deux ballades
mi-tempo qui suivent viennent adoucir l’atmosphère après
cette déferlante de riffs, elles sont de facture beaucoup plus classique
mais néanmoins tout aussi réussies : la première, Blind
As A Bat, est signée par le producteur Desmond Child avec James
Michael. La deuxième, It's All Coming Back To Me Now,
par Steinman, a été précédemment utilisée
par Céline Dion. Le morceau est ici proposé en duo avec la jeune
chanteuse norvégienne de 22 ans, Marion Raven, c’est un grand moment,
beau et émotionnel, le bougre a toujours su s’entourer de partenaires
féminines pour interpréter des duos à tomber, c’est
le cas ici. Autre sommet toujours signé par Steinman (et provenant de
ses archives, plus précisément un de ses albums solos des années
80), Bad For Good, avec une superbe intro puis les superbes
solos reconnaissables entre mille de Brian May, avec également Todd Rundgren,
et un beau refrain appuyé par des choeurs. Cry Over Me
est une ballade de Diane Warren, qui officie souvent dans le sirupeux, mais
là, Meat loaf en fait ni plus ni moins qu’un nouveau classique
puissant et rempli d’émotions. Avec In The Land Of The
Pigs, l’intensité dramatique remonte en même temps
que la musique reprend une coloration heavy, aidé en cela par les lignes
de guitare très affûtées de STEVE VAI, le final est bien
en rapport avec le sujet puisque la parole est donnée à une cour
de … cochons ! Après un intermède symphonique (écrit
par Desmond Child, Elena Casals et Holly Knight) les gaz sont remis avec Alive
et un nouveau classique rock jouissif, dans la plus pure tradition de Steinman,
sauf qu’en l’occurrence il a été écrit par
Desmond Child, Holly Knight, James Michael, et Andrea Remanda, mais tous les
ingrédients sont bien là, les choeurs énormes qui alternent
avec des lignes de piano et de guitare inspirées, le tout avec une orchestration
de haut vol. Difficile de faire mieux, après tout cela, et bien la ballade
If God Could Talk (de Desmond Child et Marti Frederiksen) s’y
attèle fort bien, en détendant l’atmosphère, avant
la nouvelle tempête annoncée par les riffs heavy de If
It Ain't Broke Fix It, un superbe cocktail original de métal
et de… cuivres qui fonctionne à merveille. La pause romantique
n’a pas été oubliée avec What About Love,
(un morceau de Desmond Child, Frederiksen, Russ Irwin et John Gregory), qui
se joue des tempos avec à nouveau un beau duo (Patti Russo). Retour à
une composition de Steinman orientée symphonique pendant près
de 10mn avec Seize The Night et luxe de changements d’atmosphères.
La fin de l’album est plutôt consacrée à des ballades,
avec Future Ain't What It Used To Be, un morceau de Steinman,
en duo, et de beaux chants gospel, Cry To Heaven, toujours
de Steinman, dans le style Dion et le titre du film Titanic, et un dernier duo
sur Echo/Heaven Can Wait, clôturant d’une manière
romantique plus d’une heure vingt de musique passionnante, une oeuvre
dans laquelle Meat Loaf entretient le souffle épique et prouve qu’il
reste capable du meilleur, pour lequel nous aurons quand même attendu
treize années !
Tracklist :
01. Monster Is Loose
02. Blind As A Bat
03. It's All Coming Back To Me Now
04. Bad For Good
05. Cry Over Me
06. In The Land Of The Pigs (The Butcher Is King)
07. Monstero
08. Alive
09. If God Could Talk
10. If It Ain't Broke Fix It
11. What About Love
12. Seize The Night
13. Future Ain't What It Used To Be
14. Cry To Heaven
15. Echo/Heaven Can Wait
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