Michael Schenker est devenu une véritable légende vivante de la guitare et a marqué ces trente dernières années par des albums exceptionnels au sein d’UFO (Force It, Lights Out, Strangers In The Night…) ou dans le cadre du MSG avec notamment les deux premiers albums. A l’instar d’autres groupes des seventies, comme Whitesnake ou UFO, il a traversé les décades, et après avoir débuté avec un hard rock classique marqué par les seventies, il a aussi eu une période hard FM, dans le cadre du MSG, marquée par les albums Perfect Timing et Save Yourself avec Robin Mac Auley. Avec Tales Of Rock'n'Roll, point n’est question de tomber dans la facilité de reprises qui fait souvent office pour les anniversaires, le mad Axeman s’est donné comme objectif d’écrire un concept album, originalement prévu avec UFO, mais Phil Mogg n’a pas donné suite. Ce concept a donc été investi dans MSG, avec le but avoué de célébrer 25 ans de rock'n'roll avec ce groupe et tous ses vocalistes sans exception, avec un morceau chacun, les 13 restants étant confiés au petit dernier, Jari Tiura, soient 19 morceaux au total. Michael en a profité pour revenir à un hard rock plus carré, avec des morceaux plutôt courts, certainement l’album le plus heavy de sa longue carrière, et le choix de Jari comme vocaliste conforte cette direction. Rappelons aussi que le virtuose a traversé des périodes chaotiques avec des problèmes de santé dus à l’alcool, ou des conflits avec son ex ou encore avec UFO, et ses dernières productions étaient en deçà, manquant d’inspiration, et faisaient appel aux reprises. La longue attente des fans pour une production digne de ce nom est ici enfin récompensée. Incontestablement Michael a retrouvé la forme. A noter que les premières écoutes laissent un peu perplexe, le temps d’assimiler les vocaux de Jari, dont le style est nettement plus heavy que les chanteurs au style hard rock plus prononcé, comme Gary Barden ou Phil Mogg dans UFO ; Jari officie dans un registre plus dans les aigus que ces deux derniers. Les fans de la période FM seront probablement un peu désorientés. La qualité des compositions de Schenker est très dépendante du talent du chanteur qui l’accompagne, Jari ne s’en sort plutôt bien, son apport à manifestement dopé le guitariste et rajeuni le style. Sur les 13 morceaux qu’il interprète, seuls trois morceaux sont moins aboutis, faute de mélodie suffisamment entraînante, voire de refrains un peu agaçants, ou encore la voix de Jari trop poussée dans ses retranchements : Setting Sun, St. Ann, et Shadow Lady. A l’inverse il y a de nombreuses réussites, on retiendra notamment le formidable mid tempo Freedom, où il y a symbiose entre le chant et les solos de Michael, ou encore le heavy et pêchu Dust To Dust, l’accrocheur et dynamique Love Trade, l’excellent et digne du répertoire d’ UFO (style Sharks) Bitter Sweet, et la très belle ballade Human Child. L’autre partie du cd est donc consacrée à tous les chanteurs du groupe, et là, c’est quasiment un sans faute, tous les « anciens » ont mis le meilleur, sauf dans une moindre mesure Angel Of Avalon dont je trouve le refrain un peu lassant. Dans les morceaux pêchus, citons très bon Big Deal interprété par Kelly Keeling , et sur lequel un solo de claviers très Purple à la John Lord initie un beau dialogue avec les solos du maître, ou encore les excellents Life Vacation et Tell A Story dans lesquels Gary Barden puis Robin McAuley montrent qu’il restent des acteurs privilégiés du MSG ; Graham Bonnet, dans Rock ‘n’ Roll, s’en sort aussi avec les honneurs. Chris Logan quant à lui interprète le très beau mid tempo Dreams Inside. Dans tous les cas Michael se fend de solos et de riffs inspirés et renouvelés, et est épaulé, ne les oublions pas, par quelques valeurs sûres, dont l’inusable et très actif bassiste d’UFO Pete Way, Jeff Martin (RACER X, BADLANDS) à la batterie, déjà présent sur Be Aware Of Scorpions (pour la tournée européenne, Way et Martin sont remplacés par Rev Jones et Peter Holmes) ; et Wayne Findlay aux claviers. En conclusion, oui le mad Axeman a retrouvé l’inspiration, peut être pas pour le meilleur album de sa discographie, mais pour un très bon millésime 2006 avec une majorité d’excellents titres, éclairés par ses solos inimitables et si caractéristiques.