John Payne a été pendant douze ans le chanteur/bassiste
d’ASIA. C’est en effet en 1992, après le split du groupe,
que l’unique membre fondateur restant, Geoff Downes, s’était
associé à Payne. Et c’est bien lui qui a relançé
la machine, par son chant de qualité, son jeu de basse bien sûr,
mais aussi et surtout grâce à ses talents de composition et de
production qui ont marqué leurs cinq albums. Il a forcément été
déçu par la décision de Downes de réunir le line-up
original d'Asia, mais pas pour autant abattu puisqu’il a aussitôt
réagi avec les membres restants d’Asia : Guthrie Govan et Jay Schellen
pour former le groupe GPS, dont les initiales, qui n’ont rien à
voir ici avec la navigation par satellite, sont celles des trois protagonistes.
Il s’agit d’un voyage initiatique dans le monde du rock mélodique
et progressif auquel nous invite le groupe. Et pour rendre le voyage plus agréable,
un invité de marque a été convié aux claviers :
Ryo Okumoto de SPOCK'S BEARD. Autant dire que les fans d’Asia dans sa
dernière mouture ne seront pas surpris, l’empreinte de Payne est
bien là, mais en même temps il y a des évolutions, notamment
avec un côté plus dynamique, plus rock, accentué par la
tournure parfois un peu éraillée du chant de John et du jeu très
actif de Guthrie Govan à la guitare, mais aussi un côté
plus progressif se traduisant entre autres par la durée des morceaux.
Ce côté progressif est sûrement amplifié par l’omniprésence
de Ryo Okumoto aux claviers, mais aussi toutes sortes de sonorités de
synthétiseur, moog, Hammond, piano et mellotron, la richesse du son est
bien plus grande qu’avec Geoff Downes, ses nombreux solos sont également
plus subtils. Ceci est flagrant dès Window To The Soul,
un premier morceau qui réunit à lui seul toutes les qualités
de cet album, l’aspect mélodique avec des refrains estampillés
AOR accessibles de suite, des breaks, et de magnifiques échanges de solos
de guitare et de claviers, où la priorité est donné aux
lignes mélodiques sans démonstration inutile. Et avec New
Jerusalem, le régal est au zénith avec plus de 8 minutes
d’alternance de chants et de solos inspirés. Le côté
AOR prédomine sur le très beau refrain de Heaven Can Wait,
mais n’étouffe pas pour autant une brillante partie instrumentale
faite de break et d’alternance de synthés, piano, Hammond (un peu
dans le style Spock’s Beard) et guitare solo pour 8 minutes de pur bonheur,
le paradis peut attendre, voila un texte tout à fait justifié
! Et côté ballade la qualité n’est pas en reste, Written
On The Wind reprend tous ces ingrédients avec une intensité
émotionnelle évidente. Les morceaux s’enchaînent ainsi
sans faiblir et en variant les atmosphères, avec des riffs agressifs
dans The Objector, les refrains AOR de Gold,
le mid-tempo mélodique sur Since You’ve Been Gone
et un final rock avec Taken Dreams. Voila donc une équipe
aux allures de super groupe qui a réussi, apparemment en toute simplicité,
un cocktail de rock mélodique et progressif, avec un travail de composition
superbe qui ne laisse aucune place au remplissage. Il y aura bien quelques intégristes
du pur progressif pour déplorer ce débordement de frontière,
ne vous attachez pas aux étiquettes, cet opus offre plus d’une
heure d’un voyage musical au travers d’une alchimie mélodique
passionnante qui marquera probablement l’année 2006.
Highlights : New Jerusalem, Heaven Can Wait, Window
To The Soul, Written On The Wind, Taken Dreams …
Tracklist :
01. Window To The Soul
02. New Jerusalem
03. Heaven Can Wait
04. Written On The Wind
05. I Believe In Yesterday
06. The Objector
07. All My Life
08. Gold
09. Since You’ve Been Gone
10. Taken Dreams
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