Le plan de carrière de MASTERPLAN est loin d’être
linéaire. Ce groupe initié par les deux ex-HELLOWEEN Roland Grapow
et Uli Kusch a produit deux albums majeurs de la scène heavy metal, il
faut bien le dire un peu grâce à la participation du charismatique
chanteur Jorn Lande. Alors quand ce dernier a décidé de quitter
le groupe pour « divergences musicales », et qu’en plus le
batteur et co fondateur Uli Kusch l’a suivi, cela a résonné
comme un terrible coup de tonnerre, et bon nombre de fans se sont empressés
d’enterrer le groupe, en décrétant qu’il n’y
avait point d’avenir sans un chanteur tel que Jorn Lande. Pour avoir vécu
plusieurs décades de métal, je n’ai pas vraiment partagé
cette inquiétude ou ce pessimisme, car ce genre de situation s’est
déjà reproduit à l’infini, sans que cela ne sonne
forcément le glas d’un groupe. Si l’on se projette par exemple
dans les années 70, cela est tout à fait comparable au départ
de Ian Gillan de Deep Purple, et les commentaires furent nombreux et analogues
pour décréter la fin du groupe. On sait qu’il n’en
fut rien, et qu’au contraire le groupe a rebondi, en dévoilant
avec David Coverdale un formidable vocaliste et des albums majeurs comme Burn.
Le parallèle Jorn / David est évident pour tout le monde, le groupe
s’est amusé à pousser la comparaison plus loin avec Deep
Purple, en reprenant la terminologie qui identifie les différents line-ups
du groupe : MK I, II, III … en intitulant son album MK II, version 2 donc
du groupe. Souhaitons lui autant de MK que son illustre modèle ! Cette
version se distingue de la précédente par ses deux nouvelles recrues,
Mike Di Meo (ex RIOT, THE LIZZARDS) au chant, et Mike Terrana (ex-RAGE). Ces
derniers ont pris l’affaire au sérieux et ont démissionné
tous les deux de leurs groupes respectifs. Pour avoir vu Mike Di Meo avec The
Lizzards, j’avais déjà un à priori plutôt favorable,
le bonhomme s’y révèle excellent, capable de tenir les aigus
assez longtemps, sans le moindre artifice électronique. Et effectivement
il s’avère être un très bon choix, le style de voix
est bien entendu différent de celui de Jorn, mais très complémentaire
du jeu de Roland Grapow pour un nouveau duo d’exception. Côté
compositions, la marque Grapow est omniprésente, qui fait que l’on
reconnaît le son Masterplan d’emblée, même en l’absence
de Jorn. Dès Warrior's Cry, ce cocktail gagnant fait
toujours appel à un heavy à la fois très mélodique,
puissant, speed sur la base d’une rythmique survitaminée, le chant
de Mike s’impose sur un premier refrain accrocheur, et Roland s’acquitte
d’un superbe solo. Le single Lost And Gone, qui fait
aussi l’objet d’une vidéo, vient nous rappeler que le combo
excelle aussi dans les mid tempos, avec bien sûr, les mêmes recettes
que précédemment, un peu plus de place aux claviers, et un refrain
aux allures de hit. Et pour éviter de sombrer dans la monotonie, le combo
varie ses compostions en jouant habilement avec les tempos, revenant sur le
speed avec le superbe Watching The World, et Masterplan,
l’énergique hit Keeps Me Burning, des mids tempos
comme l’excellent I'm Gonna Win et son refrain lumineux
appuyé par des chœurs, Call The Gypsy, et une semi
ballade, Trust In You, qui s’intensifie à la fin
avec une belle prestation de Di Meo. Contre toute attente, la version II se
révèle donc être un très bon plan, se traduisant
par un album, qui, comme tous les grands albums, se dévoile et augmente
la dose de plaisir au fur et à mesure des écoutes. Le duo Mike
Di Meo - Roland Grapow fait largement oublier l’absence de Jorn Lande
avec une galette qui vient s’imposer comme une des meilleures productions
de heavy metal mélodique de ce début d’année.
Highlights : Lost And Gone , Warrior's Cry, I'm Gonna
Win, Watching The World, Call The Gypsy, Trust In You, Masterplan,…
Tracklist :
01. Phoenix Rising
02. Warrior's Cry
03. Lost And Gone
04. Keeps me Burning
05. Take Me Over
06. I'm Gonna Win
07. Watching The World
08. Call The Gypsy
09. Trust In You
10. Masterplan
11. Enemy
12. Heart Of Darkness
|