Les Finlandais sont de retour avec ce cinquième opus, trois ans après Reckoning Night, le précédent effort en studio. Et si ce dernier avait marqué une évolution du groupe, celui-ci s’inscrit comme une véritable révolution, qui va, comme toute révolution, laisser une partie des supporters sur la touche. Exit le speed mélodique adossé aux doubles pédales, et bienvenue dans le monde du mid tempo, avec Unia, qui signifie rêve. Tony Kakko, le chanteur, et principal contributeur aux compositions, s’est donné le temps, et outre le ralentissement très net du tempo, a complexifié sa musique avec quelques éléments progressifs. Sous l’impulsion de son épouse, grande fan de QUEEN, il a réécouté toute l’œuvre du combo, et l’ombre de ces derniers plane par moments dans les titres, notamment au travers des chœurs par moment très élaborés. Il s’agit de la deuxième production, depuis le dvd, chez Nuclear Blast, et ces derniers n’ont pas lésiné sur les moyens, avec une grosse production. La coupure n’est cependant pas totale par rapport au Sonata speed des débuts, The Harvest fait le lien avec cette époque. Et habilement, les compositions les plus accessibles, dès les premières écoutes, sont plutôt au début, un peu pour ne pas éloigner d’emblée les plus rétifs au changement. In Black & White est ainsi très direct et presque traditionnel d’un tempo encore assez rapide, avec des soli comme au bon vieux temps, il bénéficie également d’une véritable chorale pour assurer des choeurs. Paid In Full ralentit le rythme pour développer un refrain particulièrement accrocheur qui a orienté le groupe à choisir ce titre comme premier single, il est par ailleurs emblématique du virage opéré pour plus de heavy et un peu moins de soli de guitares, au bénéfice d’un rééquilibrage sur les claviers, et ici le piano. Et après For The Sake Of Revenge à structure relativement classique, It Won't Fade apporte, sur l’une des thématiques favorites du groupe, à savoir les loups, un côté mélodique progressif qui alterne les passages atmosphériques laissant le champ libre à la rythmique, les chœurs symphoniques à la Queen, des riffs heavy, bref du grand art. Under Your Tree, une très belle ballade imprégnée de mélancolie, viens nous rappeler que le speed est presque de l’histoire ancienne, avant de laisser la place au superbe Caleb, le troisième volet d’une série instaurée sur Silence avec The End Of The Chapter, et poursuivie sur Reckoning Night avec Don’t Say a Word. Piano et violoncelle clôturent cette œuvre avec Good Enough Is Good Enough, une deuxième ballade tout aussi mélancolique, une manière toute symbolique de tourner la page. Une œuvre atypique, donc, dans la discographie du combo, dont le nouveau côté plus heavy progressif rebutera une partie des fans les plus attachés à l’ancien speed mélodique. Par contre tous les autres, qui sauront l’apprivoiser peu à peu, découvriront au fil des écoutes, un bel univers musical renouvelé et peuplé de belles mélodies, un univers créé par un grand groupe, qui n’a pas eu peur de se remettre en cause, et rien que pour cela, respect.