ALICE COOPER revient à la charge tout juste deux ans
après la sortie de son dernier ouvrage, le tiède The Eyes
Of Alice Cooper qui marquait un retour à un son plus rock'n'roll
après deux albums où l'américain se perdait un peu à
chercher à prendre un train en marche en singeant MARILYN MANSON. Le
maître qui copiait l'élève en quelque sorte, la situation
avait de quoi surprendre... Dirty Diamonds ne sera en tout cas pas
un retour à ce son dur et froid, Alice poursuit sur sa lancée
du précédent opus en accentuant encore les références
à son passé 70's. D'abord, le son - que bon nombre de fines oreilles
ne manqueront pas de trouver épouvantable - traduit des choix de production
pour le moins rétrogrades. Le qualificatif "garage" n'aura
même que rarement pris autant de sens. Il est loin le temps des productions
léchées des Trash et autres Hey Stoopid, Alice
a voulu un album direct et approximatif, et il a été servi ! Curieusement,
cette rudesse de la production ne m'est pas si désagréable que
j'aurais pu l'imaginer. Certes l'emballage est crasseux à souhait, mais
il correspond finalement très bien à l'esprit de morceaux comme
Woman Of Mass Distraction, You Make Me Wanna, le doux dingue
Steal That Car ou encore le BEATLES-esque Perfect
; des titres en plein délire rétro, mais pour autant loin d'être
mauvais. Bien sûr, on est loin du Alice que j'aime le plus, sa période
70's n'ayant pas ma préférence, mais cette légèreté
de ton, cette nostalgie galopante a tout de même un certain charme. Et
il vaut mieux lui en trouver tant cette orientation est pesante sur ce disque
! De toute évidence, le chanteur prend plaisir à revivre sa jeunesse,
et j'admets moi aussi prendre un relatif plaisir à l'écouter.
Plaisir probablement à durée de vie limitée si j'en crois
mon expérience du précédent album qui, loin de m'être
insupportable, a très vite rejoint l'étagère des albums
en quarantaine... Il n'empêche que ce disque propose quelques titres très
intéressants, notamment quand Alice, fidèle à sa malicieuse
réputation, nous délivre une poignée de compos hors sujet
sur un album d'orientation passéiste comme les nettement plus modernes
Run Down The Devil - excellent titre à la rythmique
nonchalante doté de certains passages extrêmement accrocheurs -
et le rap metal light Stand (curieusement un de mes titres
favoris de l'album, avec son refrain envoûtant) qui prouve qu'Alice garde
un oeil attentif sur son époque. Ces brefs tatonnements en terrain moderne
- loin du metal sombre de Dragontown ou Brutal Planet - seraient
à mon avis une direction à explorer pour retrouver le Alice Cooper
surprenant qu'on connaissait autrefois. Dans un autre genre, on citera aussi
la très agréable ballade country The Saga Of Jesse Jane,
sur laquelle Alice - méconnaissable - se prend un temps pour JOHNNY CASH
sur un passage narré à la manière du plus grand storyteller
de l'histoire. Bien sûr, ce genre d'infidélité à
l'esprit conducteur du cd renforce le côté incontestablement fourre-tout
de ce Dirty Diamonds qui, j'en suis convaincu, ne fera pas date dans
la carrière de notre légendaire rocker. Cooper fait visiblement
ce qu'il a envie de faire, ça n'est déjà pas mal, mais
sera-ce suffisant ?
Highlights : Run Down The Devil, Stand, Steal That Car, The Saga Of
Jesse Jane...
Tracklist :
01. Woman Of Mass Distraction
02. Perfect
03. You Make Me Wanna
04. Dirty Diamonds
05. The Saga Of Jesse Jane
06. Sunset Babies (All Got Rabbies)
07. Pretty Ballerina
08. Run Down The Devil
09. Steal That Car
10. Six Hours
11. You Own Worst Enemy
12. Zombie Dance
13. Stand (bonus) +
|