Formé sur les décombres de deux obscurs groupes canadiens - BLIND VENGEANCE qui comptait dans ses rangs le chanteur Harry Hess et le batteur Darren Smith, et MINOTAUR dans lequel officiait le guitariste Pete Lesperance - HAREM SCAREM arrivait à la fin des années 80 avec une recette autrement plus savoureuse que les fadasses carottes du héros de cartoon Bugs Bunny qui avait inspiré ce nom peu commun à nos canadiens. Aidé par une démo contenant bon nombre des perles qui allaient figurer sur ce premier album (et vite devenu un objet de collection prisé des fans, au point d'avoir bénéficié en 2003 d'une réédition officielle !), le groupe se retrouvait signé par la division canadienne de Warner au tout début des années 90. Un peu trop tard pour un groupe de hard FM sans doute, alors que les temps étaient déjà plus à la curée dans le milieu. Malgré ce climat peu favorable, nos fans de cartoons rencontraient un vif succès chez eux, écoulant leur cd par dizaines de milliers sur un marché canadien tout de même limité. Et il faut dire que le groupe ne déméritait pas ce succès. Harem Scarem arrivait peut-être après la bataille qu'avaient livré avant eux des légions de groupes de chevelus aux USA, mais Harem Scarem apportait beaucoup de sang neuf à cette scène qui commençait à perdre en spontanéité. Le groupe se trouvait un son, léché mais puissant, orné de choeurs d'une incroyable beauté et de parties de guitare absolument transcendantes. A l'évidence, ce groupe était animé par deux génies. Harry Hess s'imposait par sa voix unique, son chant mêlant classe et une certaine rage contenue, et Lesperance apportait sa fluidité de jeu et son sens de la mélodie exceptionnel dans les solos. Et puis surtout, les deux hommes signaient des hits à la pelle, combinant morceaux diablement rythmés et propices au frisson (Hard To Love, How Long, etc...), mid tempo envoûtants (Distant Memory, le divin With A Little Love) et ballades hors normes comme les somptueux Honestly et Slowly Slipping Away. Les claviers (confiés la plupart du temps à Ray Coburn de HONEYMOON SUITE) se faisaient quand à eux relativement discrets mais pas moins magnifiques lorsqu'il leur était accordé plus de place comme sur l'intro du redoutablement touchant Love Reaction. Il n'en fallait pas plus pour imposer Harem Scarem comme le nouveau géant de la scène rock mélodique. Le grand public en restera quant à lui privé. Tant pis pour lui, et dommage pour Harem Scarem qui aurait mérité une place plus au soleil. Heureusement pour nos canadiens, le Japon rattrapera un peu cette injustice quelques années plus tard, devenant par la même occasion le premier marché pour le groupe, mais aussi quasiment le seul...
Tracklist : 01. Hard To Love 02. Distant Memory 03. With A Little Love 04. Honestly 05. Love Reaction 06. Slowly Slipping Away 07. All Over Again 08. Don't Give Your Heart Away 09. How Long 10. Something To Say |