Après deux albums sortis en 1998 et 2001, on n'avait plus de nouvelles
des norvégiens de HUSH (à ne pas confondre avec le groupe US
du même nom). On était loin de la révolution à
l'époque, mais le groupe savait assez habilement tirer partie de son
AOR typé US. Le groupe pouvait compter sur un bon chanteur - Patrick
Simonsen - et le soutien du renommé guitariste de TNT Ronnie Le Tekro,
qui avait supervisé l'enregistrement du premier album. Tout ceci avait
amené nos norvégiens à être remarqués par
les labels spécialisés, d'abord AOR Heaven - qui rééditait
le premier opus - puis Frontiers, à qui on devait la sortie du second
cd. Que reste-t-il aujourd'hui de Hush ? Déjà, les deux principaux
membres du groupe - Simonsen au chant et Kenneth Kristiansen à la guitare
- sont toujours de la partie, rejoints par une nouvelle section rythmique.
Au niveau musical, Hush a en revanche très nettement dévié
de son chemin habituel. Il ne reste plus vraiment de trace de l'AOR classique
que le groupe pratiquait autrefois ; leur musique reste globalement basée
sur la mélodie, on peut d'ailleurs toujours la rattacher au rock mélodique
sur les tempos les plus calmes, mais dans une version un peu actualisée
(Walk On Through, Till We Become The Sun, What Have We Become...).
En revanche, sur les morceaux les plus pêchus, Hush a manifestement
fait une cure d'anabolisants, les guitares y sont nettement plus rugueuses,
les ambiances plus sombres et âpres (Lies & Rumors, Hell
Or High Water...). Sur ces titres, on se retrouve finalement avec un hard
rock brut de décoffrage, d'orientation 70's assez marquée. Cette
démarche entre deux époques me rappelle finalement beaucoup
AUDIOSLAVE, le syndrôme Cochise vs Like A Stone en quelque sorte. Sur
Mirage et son rythme effréné, on se rapproche
de l'esprit des titres les plus modernes du célèbre groupe américain,
la voix de Simonsen étant d'ailleurs étonnamment proche de Chris
Cornell sur ce titre. A l'inverse, sur Hell Or High Water,
on reste dans un esprit assez proche de la bande à Morello et Cornell,
mais cette fois par le biais de leur tonalité la plus 70's, la plus
rêche, bref, pas du tout ma tasse de thé. Surprenante reconversion
que voilà ! Avec le très bon When You Fall
(mi ballade / mi mid tempo), retour à un style Audioslave plus actuel,
très touchant. C'est bien là que j'aurais préféré
retrouver plus souvent le groupe, mais hélas, Simonsen et Kristiansen
ont visiblement énormément écouté la bande à
Cornell ces dernières années, et ils s'en inspirent dans les
moindres détails (jusqu'à leur garde-robe !), reproduisant sans
cesse les deux facettes du groupe au fil de ce cd, parfois même au sein
d'une même chanson comme sur Enemy, calme et subtil
sur les couplets, et explosif et rugueux sur le refrain. Du coup, ce Mirage
pâtit d'un évident manque de cohésion, hésitant
entre un son rétro et une envie d'aller de l'avant, de moderniser la
musique du groupe, entre finesse et puissance, bref, c'est en pleine crise
de schizophrénie que l'on retrouve nos norvégiens sur ce troisième
volet de leur discographie. L'album n'est pas pour autant totalement inintéressant,
fort d'une poignée de très bons morceaux, mais pas sûr
que leur public d'hier les suive sur ce coup là...
NB: voir site
officiel pour écouter des extraits (rubrique "media
room") et commander l'album (19 euros port compris)
Highlights : Mirage, When You Fall, Just Me
Tracklist :
01. Is This... ?
02. Mirage
03. Hell Or High Water
04. When You Fall
05. The Dark Inside The Light
06. Walk On Through
07. Just Me
08. Enemy
09. What Have We Become
10. Lies & Rumors
11. Till We Become The Sun [bonus]