Déjà le quatrième album de NEGATIVE alors que seulement
cinq années nous séparent de l'inégalable War Of
Love, le premier volet de la discographie des finlandais. Depuis, le
groupe de Jonne Aaron n'a à mon sens jamais su tout à fait retrouver
sa maestria originelle. Le second album m'avait beaucoup plu, et me plait
toujours, mais force est de constater que je ne le sors plus que très
rarement aujourd'hui, en dépit de ses qualités. Des qualités,
Anorectic en avait également, mais un peu noyées dans
certaines rudesses dont je me serais bien passé, car le fait est que
le Negative auquel j'adhère pleinement est celui qui joue sur les nuances
et la subtilité. Quant au dvd live sorti l'an dernier, ma déception
fut telle que je n'ai toujours pas eu le courage de le visionner dans son
intégralité, tant le chant plein de faussetés de Jonne
Aaron est pénible sur cette prestation. C'est difficile à admettre
pour le fan de la première heure que je suis, mais la magie du groupe
s'est un peu fait la malle en cinq années. Il reste un style reconnaissable
au quart de tour, mais le groupe a tendance à se répéter
quand il ne cherche pas à jouer la surenchère en tentant de
se farder d'aspérités qui ne lui siéent à mon
avis pas du tout. Aujourd'hui, le groupe nous revient avec ce Karma Killer,
et un guitariste en moins (le blondinet Christus). Au niveau
du style, la bonne nouvelle est que nos finlandais ont remis un peu d'eau
dans leur vin, même si on y trouve encore quelques passages un peu rugueux,
mais plus habilement menés que sur le précédent cd (sur
A Devil On My Shoulder par exemple, ou encore le sympathique
Motherfucker avec son ambiance à la Mission Impossible).
On retrouve aussi avec plaisir des traces de War Of Love comme sur
les très bons Won't Let Go et Sealed,
mais les premières écoutes laissent apparaître un manque
de titres réellement singuliers pour crier à nouveau au génie.
Le style du groupe est parfaitement maitrisé, mais l'album laisse l'impression
pas très agréable de ne pas entendre grand-chose de neuf. Un
titre comme l'excellent Giving Up relance tout de même
la machine, dans un style moins connoté rock finlandais, plus aéré,
plus léger, plus universel serais-je tenté de dire, et c'est
peut-être là une piste à creuser pour sortir de la relative
impasse (beaucoup de groupes rêveraient de s'y empêtrer !) dans
laquelle Jonne Aaron a tendance à s'enfermer. Un peu de renouvellement,
c'est tout ce qui serait nécessaire pour éviter à ce
groupe si talentueux de trop tourner en rond, et ce disque ouvre déjà
quelques pistes encourageantes, comme également la ballade fortement
teintée de piano électrique Gravity Of Love,
et son final éblouissant. Dans l'absolu, Karma Killer reste
quoiqu'il en soit un très bon album, il a le mérite de corriger
le tir d'Anorectic et aussi de jouer la concision avec seulement
10 titres là où le précédent cd présentait
quelques déchets dans sa tracklist à rallonge, mais il me manque
quand même le grand frisson et le pouvoir addictif de War Of Love.
C'est le revers de la médaille quand un groupe nous a fait goûter
à une telle excellence : le très bon devient insuffisant !
Highlights : Giving Up, Gravity Of Love, Sealed, Won't Let Go, A
Devil On My Shoulder...
Tracklist :
01. A Devil On My Shoulder
02. Sealed
03. Won't Let Go
04. Motherfucker (Just Like You)
05. Giving Up!
06. An Ornament
07. Dead As We
08. Anna Simona
09. Lust N' Needs
10. Gravity Of Love