Quinze ans, depuis Images And Words, que DREAM THEATER
surfe avec succès sur la vague du métal progressif, un genre qu’il
a lui-même contribué à mettre en place. Et depuis cet album
déjà mythique, chaque nouvel album devient sujet à controverses
dans la légion des fans, ainsi Falling Into Infinity a été
jugé par certains trop mou, Train Of Thought trop heavy par
d’autres, Scenes From A Memory trop technique, Octavarium
pas assez technique… Alors qu’en sera-t-il de cette dixième
mouture (en prenant en compte dans les album studios A Change of Season),
qui est aussi la cinquième avec le line-up actuel (incluant Jordan Rudess
aux claviers), et la première sur le nouveau label Roadrunner. Et bien
les premières chroniques et commentaires s’avèrent tout
aussi diversifiées et contradictoires que pour les opus précédents,
et ce, pour une bonne et simple raison, c’est que le groupe œuvre
dans le progressif. Et oui, qui dit progressif, dit progression, et si le groupe
a été novateur au point qu’il a été plus ou
moins copié par bon nombre de groupes, le paradoxe est qu’il n’hésite
pas lui-même à s’inspirer des groupes du moment pour évoluer,
Petrucci déclarant ainsi en 2005 que le groupe était une "éponge
musicale". On peut supposer qu’il s’agit aussi d’élargir
le cercle des fans, sachant qu’au final, le nombre de nouveaux fans conquis
par les nouvelles orientations dépasse celui de ceux qui sont déçus
de ne pas retrouver un Images And Words bis repetita. Et donc probablement
que pour les puristes du progressif, tous les éléments sujets
à controverse des derniers albums sont toujours là, avec par moment
un côté heavy qui ne sera pas forcément de leur goût.
Mais pour beaucoup, c’est un excellent cru. Le premier titre, In
The Presence Of Enemies – Part I, nous remémore d’emblée
toutes les qualités du combo, avec luxe de soli de guitare et de clavier
de grande technicité, mais sans excès, des riffs massifs, dans
des structures mélodiques puissantes et attractives. Forsaken
sera peut être jugé trop simpliste par les même puristes
du progressif, mais ravira les amateurs de rock mélodique par son approche
conviviale et ses lignes mélodiques accrocheuses, un régal au
final. Changement complet d’atmosphère pour le très heavy
Constant Motion manifestement destiné aux fans de METALLICA,
avec un refrain un peu répétitif sur lequel je n’accroche
pas trop, comme le début du titre suivant, The Dark Eternal Night,
les seuls moments pour moi peu atractifs de l’opus, qui ne concernent
dans les deux cas que la première moitié des titres, l’autre
étant dédiée à des envolées instrumentales
impressionnantes. Le reste de l’album n’est que plaisir, avec Repentance,
une ballade atmosphérique dans un style très Floydien, le superbe
Prophets Of Wars, véritable petit chef d’œuvre
mélodique, des chœurs guerriers soulignant le thème de la
guerre d’Irak abordé dans ce titre. Autre point d’orgue,
la longue ballade The Ministry Of Lost Souls et son magnifique
refrain, qui inclut en son milieu un superbe développement instrumental,
une structure que l’on retrouve dans le dernier titre, In The
Presence Of Enemies – Part II, un titre épique à
souhait, au travers de plus de seize minutes, dans lequel Jordan Rudess signe
de belles lignes de clavier en support au chant toujours meilleur de James Labrie.
Paul Northfield, un professionnel très expérimenté du style
progressif (Rush, Queensrÿche entre autres), a assuré une production
époustouflante. Au-delà des polémiques habituelles, Dream
Theater nous livre donc une dixième production de métal progressif,
qui n’est peut être pas la meilleure de sa discographie, mais qui
surclasse toujours bon nombre de concurrents, et qui a le mérite d’agrémenter
l’aspect progressif de son métal par une approche mélodique
de bon aloi.
Highlights : Prophets Of Wars, The Ministry Of Lost
Souls, Forsaken, In The Presence Of Enemies I et II
Tracklist :
01. In The Presence Of Enemies – Part I
02. Forsaken
03. Constant Motion
04. The Dark Eternal Night
05. Repentance
06. Prophets Of Wars
07. The Ministry Of Lost Souls
08. In The Presence Of Enemies – Part II
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