Les choses commencent peut-être enfin à bouger pour les Zurichois
de REDWOOD. Après deux albums dont l'excellence n'avait d'égal
que l'indifférence du public au delà de la région natale
du groupe, Lesley Meguid et ses compagnons se sont vus récompensés
par un titre honorifique de meilleur nouveau groupe suisse lors de la première
édition des Swiss Music Awards (l'équivalent de nos tristes
Victoires de la Musique, qui consacraient également Gotthard au titre
de meilleur album suisse de l'année 2007 avec Domino Effect).
Les ventes de l'album n'ont semble-t-il pas été mauvaises, avec
une jolie percée dans les charts suisses à une remarquable 19ème
place, ce qui, pour un groupe indépendant, relève de l'exploit.
Mais lorsqu'on connait le groupe, il s'avère évident qu'il n'a
pas volé ce début de succès, car avec ce troisième
album, les Suisses font une nouvelle fois étalage de tout leur talent,
avec un rock à la fois moderne et respectueux du passé, où
chacun des membres est parvenu à apporter sa petite touche personnelle
synonyme de diversité, tout en préservant l'identité
musicale fortement marquée du groupe. Au fil des albums, il apparait
flagrant que ce groupe ne sonne pas comme les autres, il doit sa singularité
à bien des facteurs, et à l'évidence au timbre si particulier
de la belle Lesley. La new-yorkaise apporte sensualité et fraicheur
à la musique de Redwood, et sait s'adapter à tous les styles,
des plus nerveux aux plus délicats (les magnifiques The Darkest
Star et So Silent, ou encore la ballade acoustique
au parfum country Glass Train) en passant même par
les plus dansants comme l'entêtant single Fat Chance,
sur lequel il est bien difficile de ne pas se dandiner de plaisir. Toutes
les variantes du rock ou presque sont donc abordées sur ce disque,
le rock moderne et la pop pour ce qui est de l'orientation principale, mais
le tout mâtiné de touches tantôt bluesy dans le remarquable
jeu de guitare de Mark Lim (qui nous délivre quelques solos pleins
de feeling, comme sur le final de Plywood), tantôt
plus résolument hard rock sur des riffs décapants à souhait
(Song For A Lesbian, The Whole World, Year Of The Dog...),
avec, en filigrane, un sens de la mélodie rarement atteint sur l'ensemble
d'un album. Car c'est bien simple, sur ce disque comme sur les précédents,
tous les refrains restent en tête (les superbes Do You Love
Me et Enough - et son final en "code morse
explicite", d'où le sticker apposé humoristiquement sur
l'album - sont assez caractéristiques de cet effet instantané),
et les lignes mélodiques redoublent d'inventivité d'un titre
à l'autre pour nous embarquer dans un univers unique et fortement addictif.
Une coloration musicale gorgée de fraicheur, le reflet d'un groupe
d'une rare intelligence, sachant parfaitement où il souhaite aller,
hors des sentiers battus, et qui parvient à tous les coups à
destination les yeux bandés. Une fois de plus, un disque indispensable
à ma santé mentale, fidèle à l'esprit Redwood
tout en restant innovant ; où s'arrêteront-ils ??
NB : l'album est pour une fois disponible hors Suisse en
passant par amazonold.de.
Pour les commandes en Suisse, voir cede.ch.
Highlights : tous les titres !
Tracklist :
01. Bottle
02. The Darkest Star
03. Fat Chance
04. Do You Love Me
05. Glass Train
06. Song For A Lesbian
07. Enough
08. Plywood
09. So Silent
10. Prison Wall
11. The Whole World
12. Year Of The Dog
13. The Darkest Star (reprise)
14. Merry Christmas (interlude)
15. Fat Chance (radio version)