La sortie assez confidentielle du premier album de STRANGEWAYS n'avait pas
donné lieu à beaucoup d'émoi de la part du grand public,
en dépit de l'évidente qualité de ce disque et du talent
déjà éblouissant de ce groupe. L'insuffisance de moyens
alloués par leur petit label canadien Bonnaire Records avait de plus
limité à un strict minimum les opportunités de tournée
des écossais, et au final, le groupe se retrouvait dans une sorte de
sommeil forcé durant trois années. Durant ce laps de temps,
Strangeways se séparait de son chanteur Tony Liddell, et c'est ainsi
que le guitariste et leader du groupe Ian Stewart se retrouvait au micro sur
les démos enregistrées durant cette période de latence.
Sur la base de ces enregistrements, la major américaine RCA commençait
à manifester son intérêt, tout en souhaitant apporter
quelques changements en imposant notamment un chanteur de leur choix. Bien
leur en prit ! L'arrivée de Terry Brock (ancien choriste pour KANSAS,
MICHAEL BOLTON ou AVIATOR entre autre) s'avérait être le déclic
qui allait faire passer Strangeways du stade d'excellent groupe à celui
de cador absolument incontournable de la scène AOR ! Avec sa voix chaude,
son feeling extraordinaire et sa classe innée, très proche d'un
Steve Perry, cette nouvelle recrue permettait aux écossais de venir
titiller le géant JOURNEY sur son terrain, et pour celà, le
groupe s'appuyait sur des compos d'un niveau extrême de classe et de
richesse mélodique, comme le somptueux Dance With Somebody
ou encore l'imparable Where Do We Go From Here.
Difficile de faire plus étincelant que ce genre de titres aux refrains
imparables, aux rythmiques étonnamment dansantes, et servis par l'une
des plus belles voix du rock mélodique. La bande à Ian Stewart
excellait tout particulièrement dans le mid tempo assassin, fait d'ambiances
ouatées, délicates et gorgées de beauté et d'émotions,
comme sur Face To Face, Never Going To Lose It ou encore
le magnifique Only A Fool. La ballade n'était pas
non plus une lacune pour ces orfèvres de la mélodie, comme en
attestaient des merveilles telles que So Far Away ou
Goodnight L.A.. Strangeways se permettait en quelque sorte de surpasser
Journey en ne tombant pas dans les mêmes travers que la bande à
Neal Schon parfois tentée de se laisser aller à une curiosité
artistique dénaturant l'orientation d'un album comme Frontiers,
par exemple, avec ses quelques lourdeurs plus rêches comme Back Talk.
Avec Strangeways, rien de tout ça, de l'AOR pur jus du début
à la fin, un son du tonnerre avec un John Punter qui faisait vite oublier
le travail du renommé Kevin Elson sur le premier opus, et puis surtout
un flôt d'émotions sans le moindre temps mort. Un album quasi
parfait donc (réédité pour la 2ème fois en ce
début d'année 2006, chez Majestic Rock, avec quelques bonus
live), mais dont le faramineux Walk In The Fire allait encore réhausser
le niveau deux ans plus tard !
Highlights : Where Do We Go From Here, Dance With Somebody, Only
A Fool, Face To Face, Empty Streets, Never Going To Lose It....
Tracklist :
01. Dance With Somebody
02. Only A Fool
03. So Far Away
04. Where Do We Go From Here
05. Goodnight L.A.
06. Empty Streets
07. Stand Up And Shout
08. Shake The Seven
09. Never Going To Lose It
10. Face To Face