Bientôt dix ans que Derek Sherinian a quitté les claviers de DREAM THEATER, et depuis, il faut bien reconnaître qu’il n’a pas chômé avec quatre albums solo, le dernier - Mythology - datant de 2004. Pour cette cinquième mouture, Derek a repris la même recette, c'est-à-dire une équipe d’illustres invités au rang desquels on retrouve le guitariste Zakk Wylde (Ozzy Osbourne), le bassiste Tony Franklin et les batteurs Simon Phillips et Brian Tichy. Mais quelques nouveaux, non moins illustres, se sont joints à l’équipe, comme John Petrucci (Dream Theater), le virtuose suédois Yngwie Malmsteen et l’excellent guitariste Brad Gillis (Night Ranger), et enfin quelques invités pas vraiment inconnus : Brandon Fields au saxo, Billy Idol au chant et Slash à la guitare. Alors avec une telle affiche, l’attente est forcément importante ? Eh bien autant dire sans plus tarder que la déception est plutôt de mise. Rien de vraiment nouveau par rapport au précédent opus, et cette addition de stars conduit souvent à des démonstrations techniques, certes brillantes, mais parfois ennuyeuses et souvent au détriment de l’aspect mélodique. Par contre Derek aime la guitare, et il le montre en laissant de grandes plages aux guitaristes pour s’exprimer, et ce dans un peu tous les styles suivant les invités, donnant un album très hétéroclite. L'album commence avec Czar Of Steel, du pur progressif en collaboration avec son ancien collègue John Petrucci. Le clavier et la guitare commencent sur le même riff mélodique avant de se livrer à un dialogue technique avec des solos éblouissants de technique mais où déjà les lignes mélodiques passent un peu dans la trappe de la complexité. La rythmique ne démérite pas, la frappe de Simon Phillips se fond avec la basse de Tony Franklin. Avec Man With No Name, la parole est donnée à Zakk Wylde, qui vient nous donner une respiration mélodique heavy à la sauce BLACK SABBATH, Zakk assurant le chant toujours à la manière d’Ozzy. Au milieu du morceau, le tempo ralentit, le piano de Sherinian s’exprime plus librement, avant un brillant échange clavier guitare solo. C'est le morceau le plus heavy du disque, et il pourrait facilement être intégré dans un album de BLACK LABEL SOCIETY. Avec Phantom Shuffle, la structure mélodique repasse au second plan pour du Jazz Rock ou Jazz Fusion, et une démonstration technique supplémentaire. La mélodie reprend le dessus avec Been Here Before, une ballade instrumentale dans laquelle la guitare de Brad Gillis exprime beaucoup d’émotions. Blood Of The Snake porte indubitablement la marque de Malmsteen, avec une impression de déjà entendu, mais se laisse écouter, puis le tempo ralentit pour retomber dans l’ambiance jazzy de On The Moon, toujours très technique, entre Brandon Fields au Saxo et Brad Gillis à la guitare. L’intérêt remonte sérieusement avec The Monsoon, où sur un tempo rapide, Sherinian, Malmsteen et Wylde collaborent, et le cocktail des styles donne du piment, Sherinian et Malmsteen échangent des solos endiablés, pendant que Wylde délivre un riff heavy. L’ambiance Tzigane prévaut sur le court Prelude To Battle, forcément issu des racines arméniennes de Sherinian. Puis c’est à nouveau un instrumental sur tempo rapide prétexte à nouveau à de longues envolées techniques entre Sherinian qui signe un solo à l’orgue Hammond, et Malmsteen. Le dernier morceau vient détendre l’atmosphère avec une reprise du fameux In The Summertime de Mungo Jerry, avec BILLY IDOL au chant et Slash à la guitare. Cette version est bien rafraîchie, bien que peu différente de l'original, excepté le solo de guitare de Slash. Une touche d’humour qui semble à priori un peu incongrue mais qui finalement passe assez bien. En résumé, un album de haute technicité, qui plaira probablement aux amateurs du genre, ceux qui privilégient l’aspect mélodique y trouveront plus difficilement leur compte, l’aspect éclectique de l’album leur permettra quand même d’y trouver quelques moments de plaisir.