ENGLISH VERSIONEntretien avec Marc Lynn (basse)
Gotthard est de retour ! Après deux albums un peu éloignés
de leur hard rock des débuts, les suisses adoptent avec Human Zoo un
rock à la croisée de deux époques. Après dix ans
d'existence, Gotthard ouvre un nouveau chapitre à son histoire depuis
longtemps couronnée de succès. En pleine tournée, Marc
Lynn décrypte pour nous ce nouvel album.
Pour
commencer, parlons du nouvel album. De nombreuses critiques saluent votre retour
à une approche plus hard rock de votre musique avec Human Zoo.
Qu’est-ce qui vous a amené à revenir à ce style ?
Marc Lynn : Pour nous, il ne s’agit pas d’un retour mais
d’une combinaison de nos précédents cds sur un seul et même
disque. Avec Human Zoo, nous voulions et manifestement nous sommes
parvenus à progresser dans le travail de composition et les arrangements.
Après le dernier cd Best Of Ballads, nous sentions qu’il
était temps de revenir à nos racines, nous sommes toujours un
groupe de rock et nous voulons le rester. Cela dit, on retrouve toujours quelques
ballades sur Human Zoo.
En ajoutant les évênements qui se déroulent actuellement
dans le monde, est-ce que tu penses que ce “zoo humain” est condamné
à fermer bientôt, ou est-ce que tu es plus optimiste ?
Human Zoo n’est pas inspiré par les évênements
actuels, mais plutôt sur ce qu’il s’y passe depuis toujours.
L’idée nous est venue lors d’une excursion en bateau à
Bangkok. Nous naviguions sur les canaux près des “boat people”.
On peut y voir où et comment ces pauvres gens vivent. On avait l’impression
d’être dans un zoo à regarder ces gens. La question qui se
posait était de savoir de quel côté des grilles nous étions.
Nous en sommes partis avec le sentiment que le monde entier ressemblait en fait
à un immense zoo. Différentes cultures, traditions, coutumes,
religions...
Cet album marque la fin d’une collaboration de longue date avec
le producteur Chris von Rohr. Est-ce qu’il n’a pas été
trop difficile de se remettre au travail avec un nouveau partenaire, après
plus d’une décennie de travail fructueux avec Chris ?
Absolument pas, ça a même été plutôt
simple. Nous n’avons pas exactement été jetés dans
l’inconnu. On avait déjà rencontré Marc Tanner, et
après quelques jours de travail à ses côtés, nous
savions exactement à quoi nous attendre. Nous ne partagions plus les
mêmes objectifs que notre ancien producteur, et après autant d’années
de succès, il est assez logique que la magie n’opère plus
à cent pour-cent. En Marc, nous avons trouvé un excellent producteur,
capable d’apporter la puissance maximum, et de nous aider dans les compos
et les arrangements. Dès le premier jour, il y avait beaucoup de respect
et de compréhension entre nous, ce qui nous a poussé à
donner de part et d’autre le meilleur de nous mêmes.
Comment
l’avez-vous rencontré, et pourquoi l’avoir choisi lui plutôt
qu’un autre ?
Comme il s’agissait de l’un des producteurs avec qui nous
voulions travailler, nous l’avons invité à venir nous rendre
visite quelques jours à Ticino. Nous voulions aussi voir ce que nous
pouvions faire ensemble, et nous avons immédiatement abordé le
travail en studio. Dès le premier jour, nous étions déjà
en studio. Nous voulions écrire toutes les chansons, et améliorer
les arrangements. Les morceaux dégageaient une certaine magie dès
le départ, par conséquent, la décision n’a pas été
difficile à prendre pour nous.
Human Zoo s’est hissé à la première
place des charts suisses très rapidement, et quelques semaines auparavant,
c’était le tour de Krokus. Comment peux-tu expliquer cet intérêt
constant pour le hard rock dans ton pays, alors que le monde entier (et la France
plus que tout autre pays) est submergé par une musique simpliste et fade
?
Je ne pense pas qu’il s’agisse seulement d’un intérêt
pour le hard rock en lui même. Notre pays est davantage intéressé
par la qualité. Les gens ont besoin de groupes en lesquels ils puissent
croire, qui puissent rester au plus haut niveau de manière durable, et
ainsi montrer qu’ils méritaient le soutien des fans. Nous avons
su conserver les mêmes membres depuis de nombreuses années maintenant,
et ça nous apporte une crédibilité auprès des fans.
Il ne s’agit pas d’un succès éphémère.
Juste une petite anecdote. J’étais au Ministry Of Rock
à Frauenfeld, l’été dernier, et durant le show, j’ai
eu l’occasion de parler avec des américaines en vacances là-bas.
Elles étaient absolument stupéfaites par un groupe dont elles
n’avaient jamais entendu parler auparavant dans leur pays. Ce groupe,
c’était Gotthard ! En considérant ce que Krokus a fait aux
USA dans les années 80, penses-tu que ce serait encore possible de nos
jours pour Gotthard ? Est-ce que le groupe y pense ?
Tu rêves toujours des Etats-Unis...... Je pense que tous les
groupes en rêvent. Mais c’est toujours très difficile de
s’imposer aux USA. Tout d’abord, les américains ne s’intéressent
pas trop aux groupes européens vu que le rock est né en Amérique,
ils ne voient même pas pourquoi il devraient importer un groupe européen.
Pourquoi importer quelque chose qui vient de chez soi ? Mais il y a aussi le
fait qu’aujourd’hui, l’industrie du disque n’est pas
capable de s’occuper des bons groupes. Ils cherchent des groupes dernier
cri. De l’argent facile !
Gotthard
est quasiment le dernier groupe de rock mélodique qui soit supporté
par une major. Quel est ton avis sur l’état du rock actuellement
?
Difficile à dire. Il n’y a assurément plus beaucoup
de groupes dans notre genre, mais c’est aussi dû au fait que beaucoup
de groupes suivent les modes et n’ont aucune personnalité propre.
La plupart font ce qui est à la mode au moment où ils le font.
Nous, nous faisons ce que nous savons faire et ce que nous aimons.
Vous êtes actuellement en tournée en Allemagne qui est
précisément l’un de vos fiefs depuis le début, je
crois. Comment les fans réagissent aux nouveaux morceaux ?
Ils apprécient vraiment... Human Zoo est une sorte
de combinaison de nos précédents cds en un seul, mais réunit
les points cruciaux quant a la qualité d’écriture et de
son. Donc tous les fans en ont pour leur compte. Ce qu’ils aiment plus
que tout, c’est que les chansons leur restent et les rendent heureux après
les avoir entendues quelques fois.
Je dois dire que j’aime les deux côtés de Gotthard.
Avant et après le tournant qu’a été d-Frosted.
Je pense également que Homerun est un des meilleurs albums que
je connaisse, mais j’étais un peu déçu que vous ne
jouiez plus vos hits du passé. J’ai donc été particulièrement
heureux d’entendre à nouveau Firedance au Ministry Of Rock, l’été
dernier. Est-ce que vous rejouez ces anciens morceaux hard rock sur la nouvelle
tournée ?
Oui, nous jouons Firedance par exemple. Toutefois, les morceaux choisis
sont toujours un peu différents. Tu ne peux pas jouer les mêmes
morceaux toute l’année. En ce qui concerne Firedance, elle faisait
partie de notre set durant la tournée. Il est logique que nous ayons
une autre set list pour les open airs, sans quoi ça deviendrait ennuyeux.
Ca arrive aussi pour beaucoup d’autres morceaux. Les chansons du nouvel
album sont naturellement toujours présente dans la mesure où ce
sont celles que nous voulons promouvoir.
Je
le disais à l’instant, d-Frosted était un tournant
dans votre discographie. Vous avez sorti le best of ballads One Life One
Soul l’an dernier, et je pense que le nouvel album est un bon compromis
entre la période Open / Homerun et les débuts plus puissants
du groupe. Est-ce que vous considérez Human Zoo comme un album
de transition, et devons-nous nous attendre à des morceaux plus hard
rock encore pour le prochain album ?
Comme j’ai répondu avant, Human Zoo réunit
tous les anciens cds et pour nous, c’est comme le premier chapitre d’un
second livre. Avec One Life One Soul, on a célébré
les 10 ans de Gotthard et avec un nouveau producteur et un album tout frais,
nous sommes prêts pour une nouvelle décennie.
Lors de la dernière tournée, vous avez joué deux
fois en France. Il n’y a pas de date française au programme sur
celle-ci. Peut-on espérer de nouvelles dates après la tournée
Suisse qui se termine fin mai ?
Après la Suisse, nous partons en Russie et ensuite au Japon.
Après ça nous avons les open airs. Mais nous essaierons de passer
en France. Nous avons toujours été heureux de venir en France,
et naturellement, nous voulons jouer pour vous.
Après Jaded Heart, vous tournez avec Kingdom Come cette fois.
Ce sont des amis à vous ?
On se connait depuis peu. Mais le groupe marche bien et nous prenons
beaucoup de plaisir ensemble. Ils sont contents de tourner avec nous et nous
verrons comment ça se poursuit. On s’entend bien.
Le
DVD More Than Live était un formidable cadeau pour les fans.
Avez-vous prévu de filmer un concert sur cette tournée, en vue
d’un nouveau DVD ?
Pas pour l’instant. Nous avons prévu de sortir de nouvelles
choses, mais rien de précis encore. Une vidéo pour “Have
A Little Faith” va se faire et nous verrons ensuite.
Est-ce que tu souhaites ajouter quelque chose ?
Je pense que le plus important a été dit. Vous pouvez toujours
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Photos © gotthard.com (2003)
© Rockmeeting.com - Avril 2003
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