Si le rock pourfendeur de FAKTION accède à la notoriété internationale, ce sera en grande partie grâce au guitariste Josh Franklin dont la particularité est de jouer pieds nus à tous les gigs depuis 2002. Est-ce commun au Texas ? Le groupe ne laisse pas indifférent, au moins, pour cet aspect humoristique, qui pour le coup, fait leur image de marque, pourtant l’affaire est plutôt sérieuse, rapidement signé chez Roadrunner, on sait de notoriété à quoi s’en tenir, on se doute que ce n’est pas dans la dentelle, ni le caramel mou que Faktion va se distinguer. Tantôt comparé à BREAKING BENJAMIN dernière période, parfois à 3 DAYS GRACE ou bien à NICKELBACK, j’opterai aussi, aux fils spirituels de LINKIN PARK et d’ALTERBRIDGE, bref, une mouture Metal nouvelle vague, survolté, parfois virulent mais toujours temporisé par des vocaux ouvragés dans un registre mélodique de premier plan, puissant et émotionnel. Aaron Pose dont l’expressivité vocale magistrale peut rivaliser avec les meilleurs du genre nous a concocté là, un premier opus d’une redoutable efficacité. C’est à fond les manettes que débute l’album, Forgive Me donne 100% dans Linkin Park revisité, aspect agressif de base, nuancé par le chant imparable volontairement compacte mais particulièrement technique. Reprenons notre calme, c’est le seul titre paroxystique de l’album; plus modéré Control est un mid tempo au refrain alléchant, Let The Music Take Control, annonce-t-il, et bien, parfait tout est dit ! Les qualités instrumentales de Faktion leur permettent de s’affranchir des standards, Take It All Away très influencé par Nickelback ajoute à leur arc, la flèche des doubles vocaux que l’on retrouvent habituellement dans le Emo, et un solo de guitare court mais gratiné. La power ballade Letting You Go joliment menée, aux arpèges de guitare entrecoupés de riffs cossus et de chœurs amples, superbe. De nouveau un mid tempo entraînant Six O’Clock nous propose son solo de guitare à 300kms/heure, finement exécuté et démonstratif, s’éloignant du coup encore un peu plus des influences majeures précitées. Puis vient le tour d’un titre électro-acoustique Distance, au magnifique son de guitare folk, suprême maîtrise de l’instrument, sur fond de violon, eh oui ! et légers roulements de caisse claire, chœurs grandioses, un titre parfaitement émotionnel. Maybe résolument sans concession, gimmick atténué d’intro, puis solo genre, la claque, et refrains qui martèlent. Attention ça dégage, avec le féroce Answers, tour à tour riffs terrifiants et ponts mid tempo, implacables. Respirons, Pilot, une balade électro-acoustique, petite intro soft, d’arpèges mais la pression reste avec les riffs plombés du refrain, et final en solo de guitare, le jeu de Josh Franklin ne sera pas sans rappeler celui de Brian Robertson. Intro de type Metal Indus. pour Always Wanting More, franchement « rentre dedans » malgré son refrain mélodique, final limite screamo. Coup de grâce avec le mid tempo Who I Am le groupe est enclin à nous faire « tourner en bourrique » arpèges avec delay et reverb, plutôt soft dans un premier temps puis relayer par les amphétamines mélodiques et de sympathiques ponts vocaux, et pour finir un solo à la wah wah. Riffs heavy et destructeur, Better Today annonce un refrain qui fait mal par des arpéges en son clair. Dérouté parfois par la brutalité, mais souvent subjugué par la qualité et la diversité de cet album, Faktion reste avec le temps une valeur sûre pour les amateurs du genre.