Les capacités à rebondir des rescapés de JADED HEART
après l'éviction de leur leader Michael Bormann m'avaient surpris.
Le groupe avait su reproduire la patte Bormann sur certains titres de Helluva
Time, et globalement rester plus ou moins fidèle à l'esprit
des précédents albums ; restait le chant de Johan Fahlberg,
qui faisait quand même perdre une grande partie de l'identité
du groupe à mon goût, même si le successeur de Michael
Bormann se défendait honorablement dans son registre plus haut-perché.
Cette année, le groupe revient à la charge après un nouveau
départ, celui du guitariste Barish Kepic qui bien qu'arrivé
tardivement dans le line up, faisait partie des piliers du groupe depuis le
chef d'oeuvre IV. Je n'irais pas spéculer sur les raisons
de ce départ, ni sur les chances de voir le line up enfin stabilisé
à la prochaine livraison, ce qui est plus certain en revanche, c'est
que l'esprit du groupe, lui, s'est pour le moins fait la malle sur ce Sinister
Mind. On peut déjà le remarquer avec la pochette, qui va
plus taper dans l'univers metal classique tendance poilu et tatoué
que du côté FM des débuts. Le problème pour moi,
c'est que ce changement d'univers ne s'arrête pas à la pochette.
En écoutant ce Sinister Mind, j'en viens à me demander
si l'orientation de Helluva Time relativement fidèle à
l'oeuvre de Bormann n'était pas qu'une heureuse coïncidence. Qu'on
s'entende, ce disque n'est pas la bouse de l'année, c'est simplement
un album qui s'adresse davantage aux fans de metal mélodique qu'à
ceux qui comme moi étaient tombés sous le charme du groupe pour
ses hymnes FM puissants et sa forte personnalité. De ce Jaded Heart
là, il semble falloir faire son deuil, d'où une question inévitable
: pourquoi s'être emparé du nom du groupe pour reconstruire presque
aussitôt sur de nouvelles fondations ? Ce que le groupe a gagné
en puissance et en vélocité, il l'a manifestement perdu en originalité,
au point de sonner aujourd'hui comme un groupe heavy/hard mélodique
de plus, certes d'honorable facture, mais impossible à identifier dans
la masse. Le style est plus épique que par le passé (Sinister
Mind, Going Under...), les rythmiques plus lourdes. Les mélodies
quant à elles ont à mon sens beaucoup perdu en finesse, si bien
que je suis assez incapable de retenir un titre après quelques écoutes,
si ce n'est Hero, non pas pour ses vertus, mais plutôt
pour le côté assez insupportablement téléphoné
de son refrain. Heureusement, tous les titres ne tombent pas dans cet écueil,
et il est fort à parier que les habitués et amateurs de ce style
de metal porteront un tout autre jugement à la qualité des mélodies,
mais qui, honnêtement, pourra reconnaître Jaded Heart sous ce
camouflage ? Le seul trait d'union entre le passé et le présent
est certainement la production, car il faut de ce point de vue bien reconnaître
qu'une fois encore, on a affaire à du lourd et du soigné, mais
ça ne suffira pas à mon bonheur. A moins d'un revirement, je
dois cette fois me résoudre à tirer un trait sur ce Jaded Heart
qui ne me correspond plus. Je me rabattrai désormais exclusivement
sur la carrière solo de Michael Bormann dont le prochain album est
attendu pour début 2008. Lui au moins devrait rester fidèle
au Jaded Heart que j'aime, le sien, et le seul digne de porter ce nom.
Tracklist :
01. Hero
02. Justice Is Deserved
03. Sinister Mind
04. Going Under
05. See The Light
06. Open Your Eyes
07. My Eager's Red
08. Always On My Mind
09. Heavenly Devotion
10. To Please And Give In
11. Hellucinate
12. Crush That Fear