A la sortie de ce premier album officiel des américains de TOUR DE
FORCE, il était difficile d'imaginer le parcours musical qui les avaient
mené à ce hard US assez classique. Les origines du groupe remontent
vraisemblablement assez tôt dans les années 80, comme en attesteront
quelques années plus tard les deux albums sortis à titre posthume,
dont l'excellent Unreleased, le dernier d'une trilogie à rebours.
Il était à cette époque plus question d'AOR tendance
pomp rock, et le moins qu'on puisse dire, c'est que le groupe s'y montrait
particulièrement inspiré à l'époque, avec des
titres canons tels que Stand Up ou Over'n'Over. Cette virtuosité mélodique,
on la retrouvait incontestablement sur le premier titre de cet album éponyme,
le fabuleux Flesh, un hymne du hard US comme j'en ai rarement
entendu, même par les groupes les plus réputés du genre
! Hélas, une telle maestria est difficile à tenir sur tout un
album, et le soufflé a tendance à très vite retomber.
On ne peut pas dire que ce disque soit foncièrement mauvais, le fan
invétéré de hard US y trouvera très certainement
son bonheur, les titres étant suffisamment énergiques et festifs
(les mid tempo Love And Money et Bad Penny
sont caractéristiques de cet état d'esprit assez léger)
pour lui éviter l'ennui, mais il manque souvent l'étincelle
qui embrasait littéralement le morceau d'ouverture. Globalement, l'orientation
de ce disque me fait bien souvent penser à Y&T dans sa période
fin 80's / début 90's et dans sa déclinaison la plus rugueuse.
La ressemblance vocale y est d'ailleurs assez évidente ; Chali Cayte
poussant nettement plus sur sa voix que ce qu'on découvrira de son
chant sur l'excellent Unreleased, les accents Meniketti sont très
appuyés sur des titres comme le furieux Push, l'excellent
Shattered Dreams ou Dirty White Boy. On passera
en revanche vite l'interlude ultra bourrin Butthead ou la
ballade au piano Mainstreet trop classique pour vraiment
y prêter attention (on notera pour le détail la présence
du saxo, pas vraiment habituelle sur un disque de hard US), mais en prenant
le temps d'apprivoiser un peu la bête, on finit par extraire deux ou
trois autres titres comme Believer (après une intro
"rapée" qui ne sera pas du goût de tout le monde !)
ou la ballade assez aérienne et plus AOR Watercolor,
mais pas suffisamment hélas pour y revenir à l'envie. Un bon
premier/dernier album néanmoins, mais pas le chef d'oeuvre auquel on
aurait pu s'attendre sur la base de la bombe qui nous accueillait d'entrée
de jeu.
Highlights : Flesh, Shattered Dreams, Believer, Watercolor...
Tracklist :
01. Flesh
02. Perfect Lover
03. Love And Money
04. Watercolor
05. Dirty White Boy
06. Shattered Dreams
07. Believer
08. Butthead [interlude]
09. Mainstreet
10. Bad Penny
11. Push
12. Say Goodbye