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 DROP-O-RAMA

Avec Superlove, DROP-O-RAMA revient à la charge armé jusqu'aux dents, deux ans après son premier opus. A la fois moderne et rock'n'roll, le rock mélodique gorgé d'émotions de ce jeune combo fait mouche à quasiment tous les coups. N'ayons pas peur des mots, ce groupe français (oui, oui !) signe avec Superlove l'un des meilleurs albums de l'année, et ravive par la même occasion une scène française pour le moins morne en la matière ! Quelques présentations de la part d'Antoine de Montremy (batterie + claviers) et Raphaël Hautefort (guitare).

Votre second album est sorti il y a deux mois maintenant ; j’avoue avoir été littéralement scié par ce disque, et il me semble que son succès critique est du genre unanime. Des réactions ?
Antoine de Montremy : Nous sommes vraiment très heureux des retours que nous recevons par rapport à Superlove : toutes les critiques sont très positives, aussi bien dans les milieux affiliés au hard-rock et au metal, qui sont un peu nos racines, que dans des milieux grand-public plus ouverts. Nous avons eu la chance de rencontrer pas mal de professionnels de la musique ces derniers temps, et ils étaient vraiment séduits et intéressés par l’approche de Drop-O-Rama. Et quand ça vient de personnes qui travaillent dans des majors ou dans des médias nationaux à très grande diffusion, ça fait toujours très plaisir !

Deux choses m’ont profondément touché sur ce disque : le chant d’une incroyable expressivité d’Olivier Campana et la qualité des compos. Je crois que je n’ai jamais perçu une telle sensibilité dans la musique d’un groupe français. Vous sentez-vous des affinités avec la scène française, globalement ?
Raphaël Hautefort : A vrai dire, nos influences musicales sont majoritairement des artistes anglo-saxons, et nous considérons l’anglais comme « la langue du rock » : plus chantant et mélodieux. Le chant est presque un instrument mélodique destiné à accompagner les chansons, plutôt qu’à les dominer. Les productions françaises ont tendance à placer le chant trop en avant, tandis que les anglo-saxons savent mieux intégrer le chant dans la composition, afin de mettre encore plus en valeur la mélodie. Le rock en français a aussi des sonorités un peu trop dures et cassantes, et je ne pense pas que ça convienne à notre musique actuellement.
AM : Et puis, il faut rappeler qu’Olivier a joué pendant cinq ans à Londres, et qu’il a quasiment appris à chanter là bas. Il a retiré de cette expérience une technique irréprochable, et il a surtout assimilé très facilement la diction et les sonorités anglaises. Pour la petite histoire, pendant l’enregistrement du premier album, nous comptions enregistrer quelques morceaux en français, mais il n’arrivait pas à les chanter sans accent anglais ! Comme nous, à force de pratiquer en anglais, il est presque devenu incapable de s’exprimer vocalement dans une langue qui ne lui paraissait plus naturelle. Il est très difficile de se défaire de tels automatismes.
RH : Le fait qu’on ne se rende pas compte que le chanteur est français est également un atout fondamental pour Drop-O-Rama, aussi bien en France qu’à l’étranger. Il y a tant de groupes de chez nous qui chantent en anglais avec un accent abominable !

De quoi vous inspirez-vous pour composer ?
AM : Avec Nothing Changes, on nous a reproché d’aborder des thèmes un peu sombres, mais ce n’est absolument pas le cas. C’est même un peu exagéré. Je ne voudrais pas que l’on croie que Drop-O-Rama est un groupe négatif. Disons plutôt que nos paroles sont romantiques, et donc parfois mélancoliques.
RH : Le titre Superlove résume bien l’ambiance musicale et donne à l’album une coloration plus… sexy. Dans la chanson « Supergod », ou encore dans « The Invincible Man », nous jouons un peu sur l’ironie et les clichés machos du rock n’ roll, en exagérant quelque peu nos traits.
AM : Les deux reprises incluses dans l’album (« Flesh for Fantasy » de Billy Idol, et « Stronger » de Britney Spears) vont dans ce sens. Sans tomber dans le commun, cet album parle plus de s’éclater, de faire la fête en écoutant le disque ou en concert avec nous. Il n’y a pas de vrai message : ce n’est que du rock n’ roll, nous n’avons pas d’autre prétention.

Comment travaillez-vous ? Qui fait quoi dans le processus d’écriture ?
RH : Les chansons qui se trouvent sur ce nouvel album ont été composées et maquettées entre juin 2002 et juillet 2003, dans la foulée de la sortie de Nothing Changes. Nous ne voulions pas nous reposer sur ce premier album et, plutôt que privilégier les concerts, nous nous sommes immédiatement replongés dans le travail de composition.
AM : Nous avons écrit et maquetté près de 25 morceaux en moins d’un an. Certains étaient un peu plus anciens, mais la plupart ont vu le jour après Nothing Changes. Ensuite, il ne restait plus qu’à trier et à conserver les meilleurs. Et encore, le choix était tellement difficile qu’il reste quand même 14 titres sur l’album !
RH : Promis, on essaiera de faire plus court sur le troisième ! Pour revenir à la composition, nous avons conservé les méthodes dont le résultat a été salué par les critiques lors de la sortie de notre premier album : si Antoine est souvent à la base des chansons, nous avons tout arrangé et réorchestré ensemble, si bien que le résultat instrumental résulte vraiment d’une collaboration complète. Ensuite, Olivier s’est beaucoup plus impliqué dans la création des lignes mélodiques et des paroles. Contrairement à Nothing Changes, qui était plus le résultat d’un travail de studio rigide, cet album est un véritable effort de groupe. Il faut dire que nous avons aussi appris à mieux nous connaître à travers les concerts.

De quels moyens disposiez-vous pour l’enregistrement ?
RH :
Nous voulions bénéficier d’une liberté artistique et technique totale, et nous avons construit notre propre studio à Dijon dans cette optique. Pour la première fois dans l’existence de Drop-O-Rama, nous avons réalisé un enregistrement dont nous sommes responsables à 100%. C’est à la fois très épanouissant, mais également risqué et excitant : nous ne pouvons plus nous reposer sur des personnes extérieures pour justifier tel ou tel aspect de notre musique, comme ce fût le cas auparavant. Par exemple, pour Nothing Changes, quand on nous reprochait des faiblesses de production, il était facile de nous défausser sur le contexte particulier de l’enregistrement de l’album. C’est un réel challenge car sur Superlove, si un morceau n’avait pas bien sonné au final, nous n’aurions eu aucune excuse !
AM : Pour Nothing Changes, nous avions étalé les sessions d’enregistrement sur un an, et le résultat tenait plus du projet studio que d’un véritable premier album. Nous découvrions également le studio et le stress de l’enregistrement. Cette fois-ci, nous avons pu nous organiser à notre guise, gérer nos emplois du temps, échelonner les enregistrements, et nous épargner les prises de tête en studio. C’est un luxe non négligeable, cela nous a permis d’être réellement à l’aise durant tout le processus – et cela s’entend sur Superlove !
RH : Dès l’écriture des premières maquettes, nous avions une vision très claire de ce que devait être ce second album. Il nous a paru évident et naturel de travailler de façon plus isolée, avec nos propres moyens. Le producteur est généralement là pour guider et orienter les artistes, mais nous savions exactement quel résultat nous voulions obtenir, et comment devait sonner Drop-O-Rama en 2004.
AM : Nous ne dénigrons pas la profession, mais Raphaël et moi-même nous sentions réellement en phase et capables de surmonter la charge de travail qu’imposait un investissement aussi fort dans le projet. En revanche, nous travaillerons sans doute avec d’autres personnes extérieures dans le futur, car cela nous permettra d’évoluer encore maintenant que nous avons franchi un nouveau palier.

Superlove est un album d’une grande variété, et du coup, on ne sait pas très bien comment le définir avec les catégories existantes. Je serais tenté de le décrire comme du rock émotionnel. Cette étiquette vous convient ?
RH : Tout à fait ! Je n’aime tellement pas le terme hard-rock mélodique qui revient partout ! Tout cela n’a pas grande importance, mais il est vrai que nous avons un style musical assez varié et difficile à cataloguer. Nous aimons bien dire que nous appartenons à la grande famille du rock et que, même l’étiquette « pop-rock », si elle parait un peu large, nous convient très bien. Au risque d’en effrayer certains, je pense que nous sommes plus proches du rock que du metal, mais que nous conservons l’énergie et l’attitude de ce dernier, car il a fait partie de notre apprentissage musical.

Superlove montre d'ailleurs une facette rock’n’roll extrêmement efficace sur des titres comme 'There’s No Place Like Home' qui me fait beaucoup penser aux QUIREBOYS. Ce genre de groupe fait partie de vos influences ?
AM :
C’est marrant, parce que c’est la troisième fois qu’on nous en parle et… personne dans Drop-O-Rama n’a jamais écouté une seule note de ce groupe ! Mais il va falloir qu’on jette une oreille dessus, ça a l’air pas si mal, visiblement !

Autre référence à laquelle vous rendez un bel hommage : Billy Idol. La reprise de Flesh For Fantasy est très fidèle. L’originale vous semblait trop parfaite pour la modifier ? :o)
AM :
Ça aussi on nous l’a beaucoup dit, mais je ne suis pas d’accord. Nous sommes restés assez fidèles à la version originale car, de toute manière, personne ne peut égaler Billy Idol ! Mais nous l’avons quand même remis à notre sauce : nous avons modifié un peu la structure, rajouté quelques sonorités plus modernes, et surtout retiré ce passage de slap hideux et inutile !
RH : Après, nous voulions surtout nous faire plaisir et faire découvrir le morceau aux rares personnes qui ne le connaissent pas encore, et il était hors de question de le massacrer ! Par ailleurs, nous avons eu la chance d’écouter 4 nouveaux morceaux de son prochain album récemment, et je peux vous garantir que ça va faire très mal !

A l’inverse, vous vous accaparez à merveille un titre de Britney Spears - Stronger - résolument rock et même poignant ! C’est votre façon de démontrer qu’une mélodie n’est jamais mauvaise quand on l’accommode à la sauce rock, ou un moyen vicieux de faire culpabiliser les plus fervents détracteurs de Britney ? ;o)
AM : Tu vises juste : les deux bien sûr ! Ça va paraître condamnable aux yeux de certains, mais j’ai un profond respect pour la démarche musicale derrière Britney Spears. L’aspect grosse machine m’importe peu, tant mieux si ça marche… Mais je trouve surtout que les compositeurs et producteurs qui travaillent pour cette grosse structure sont extrêmement talentueux, très ingénieux et pas si éloignés que ça de nos influences rock. C’est ce qu’on voulait prouver avec « Stronger » : les gens qui écoutent l’album sans être avertis pensent même que le morceau a été écrit par Drop-O-Rama ! Et, personnellement, je crois que nous sommes restés encore plus fidèles à « Stronger » qu’à « Flesh for Fantasy »…

Le public rock et hard rock se complait généralement à une certaine uniformisation du style. Ne craignez-vous pas que l’aspect assez indéfinissable de votre musique soit un frein à un plus large succès ?
AM :
Pas nécessairement. Le rock populaire à succès est constitué de nombreuses branches et de courants très variés. A nous de tenter d’appartenir à la famille avec une démarche un peu différente et originale : un rock énergique et mélodique à la fois. Et de toute façon, passé un certain stade, ça ne dépend plus de nous. Le marché de la musique est tellement compliqué, surtout en France…

Votre musique me semble avoir un potentiel commercial indiscutable, et je crois que quelques radios locales vous soutiennent un peu. Qu’en est-il des radios plus importantes. Avez-vous ne serait-ce que des contacts ou bien sentez-vous que ce genre de média est inébranlablement cadenassé ?
RH : Nous avons été beaucoup diffusés et soutenus par les radios locales. Maintenant c’est beaucoup plus difficile de toucher les radios à plus grande diffusion, car le circuit est justement verrouillé par les gros labels. Ceci dit nous avons toujours de bonnes opportunités qui se présentent : il y a deux semaines, nous avons eu la chance de pouvoir jouer trois morceaux sur France Culture ! C’est un média assez inattendu pour un groupe de rock, tout le monde ne passe pas là bas, et puis c’est toujours sympa de jouer en direct devant presque 150.000 auditeurs !

Paradoxalement, en dépit du succès critique que vous rencontrez dans les médias spécialisés, j’ai l’impression que le public rock mélodique reste assez hermétique pour l’instant. Avez-vous déjà quelques indications sur l’accueil du cd au niveau des ventes ?
AM : Le public rock mélodique est plus difficile à convaincre, et ce n’est pas évident de décrire la musique sur papier. Tant que les gens n'ont pas un accès direct et rapide à ta musique, ils ne peuvent ni te connaître réellement, ni avoir envie de se procurer ton album, c’est le cercle vicieux de la musique. Tous les gens qui ont l’occasion d'écouter l’album ont eu envie d'en connaître plus, et les magasins qui le travaillent en borne d'écoute ont tous eu des résultats très encourageants. Mais ensuite, ce n'est plus de notre domaine, il faut en parler à notre distributeur Musicast…

Est-ce que la promotion de Superlove a commencé dans d’autres pays ? Si c’est le cas, comment est-il accueilli ?
RH :
L’album devrait sortir courant 2005 sur des labels étrangers, en priorité européens. Nous sommes en train de finaliser divers contrat, mais rien n’est encore défini, et c’est toujours très long… Pour l’instant, nous concentrons naturellement le maximum de nos efforts sur notre territoire, mais nous savons qu’un album comme Superlove dispose d’un réel potentiel à l’étranger, c’est pourquoi la distribution et la promotion seront également internationales.
AM : De la même manière, en 2002, Nothing Changes est sorti en France, mais il a rapidement été distribué dans de nombreux autres pays. Notre label français, Brennus Music, disposait de nombreux contacts et partenariats avec des labels étrangers, si bien que l’album a été disponible dans toute l’Europe, aux Etats-Unis, au Japon, et même dans des pays improbables comme l’Ouzbékistan ! Ils étaient certes travaillés par des labels indépendants, mais ceux-ci sont toujours les plus motivés pour promouvoir notre musique ! Notre dossier de presse comportait presque autant de chroniques de l’étranger que de la France (Italie, Pays-Bas, Suède, Allemagne, …). Le plus gros des ventes a cependant été réalisé en France, mais il faut reconnaître qu’il est toujours très délicat pour un groupe français de s’exporter, même s’il chante en anglais.

Un mot sur Fifteen Music. Est-ce votre propre label ?
AM : Absolument. Ça faisait partie de notre volonté de rester maîtres de toute la création de l’album : du début de l’enregistrement à la réalisation du livret. C’est beaucoup plus de travail, mais ça a également des avantages.
RH : Nous aurions dû travailler avec d’autres labels, mais nous avons joué de malchance à chaque fois, si bien que les discussions avec les labels plus importants n’ont jamais abouti. Nous avions également des contacts avec des structures indépendantes, mais nous avons préféré nous débrouiller seuls, et travailler avec un distributeur autonome, car sinon nous aurions dû bouleverser notre vision et nos ambitions artistiques.

Le chant est généralement à mon sens ce qui fait le plus défaut aux groupes français. Olivier fait franchement figure de perle rare, à mon avis. Comment vous êtes-vous rencontré ?
RH : C’est Eric Pagès, du groupe Lake, avec qui nous travaillions au moment de l’enregistrement de notre premier album, qui nous l’a présenté. Ils avaient joué ensemble dans un groupe de rock dans les années 1990, et Eric pensait que l’association pouvait vraiment être intéressante. Je crois qu’il a eu du flair !

Quels sont vos projet pour 2005 ?
AM :
Donner un maximum de concerts et pouvoir s’acheter des hôtels particuliers !
RH : Mais avant de réaliser cet objectif, nous allons commencer parallèlement aux concerts à maquetter en vue d’un troisième album pour 2006, tout en enregistrant un album acoustique à paraître fin 2005. Nous n’arrêtons jamais !

Avez-vous commencé à travailler sur le prochain album ?
RH :
L’album acoustique sera composé de morceaux issus de Nothing Changes et Superlove, mais dans des versions réarrangées et réorchestrées, avec parfois des rythmes un peu décalés et différents. Nous avons pris goût à ces nouvelles versions lors des showcases acoustiques que nous avons effectués en octobre/novembre, et nous avons très envie de proposer ces versions sur un album studio.
AM : Quant au véritable troisième album, il est encore trop tôt pour en parler. Nous avons déjà pas mal de chansons en réserve, nous allons encore en composer un maximum, et Olivier sort d’une formidable expérience studio à Londres sur un autre projet qui nous laisse plein de nouvelles perspectives. Sans être très original, je pense qu’on y retrouvera le meilleur de Nothing Changes et Superlove, mais en encore meilleur !!

Des projets de scène pour les mois à venir ?
RH :
Nous effectuons la promotion de l’album depuis sa sortie en octobre. Nous devrions encore jouer des showcases dans des disquaires spécialisés, afin de toucher un maximum de public, tout en effectuant le plus de concerts possibles. Notre notoriété reste très relative : espérons que nous obtiendrons rapidement le soutien des radios et des médias généralistes…
AM : Nous n’avons aucune illusion : nous sommes un groupe nouveau et tout petit pour le grand public, et il va falloir beaucoup tourner pour le convaincre. Nous comptons nous produire dans le plus de salles possibles en 2005, en même temps que nous composons en vue d’un troisième album. Vous pourrez retrouver toutes les dates sur notre site www.droporama.com. Merci infiniment pour ton soutien sur Cross-Rocks, et à très bientôt !

 


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© Rockmeeting.com - Décembre 2004

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