Entretien avec Chuck Wright (basse). HOUSE OF LORDS est de retour ! Alors que la plupart des fans de la première
heure s'attendaient à un refondu intact de leur hard mélodique
classieux d'antan, ce malgré les 12 années qui séparent
The Power And The Myth du précédent album studio, HOUSE OF LORDS
a préféré suivre son instinct et emprunter de nouveaux
sentiers musicaux. Chuck Wright s'explique sur les raisons qui ont amené
le groupe à changer...
Bonjour
Chuck. Avant de commencer, je dois dire que j’ai aimé le nouvel
album, même si je ne le trouve pas aussi énorme que les deux premiers
albums du groupe. Peu de gens semblent partager cet avis si j’en crois
ce que j’ai lu dernièrement. Je suppose que tu es très déçu
par le nombre de critiques négatives. Comment expliques-tu cette réaction
?
Chuck Wright: Je suis heureux que tu apprécies ce que nous avons
fait, merci. Nous avons essayé de faire un disque qui sonne de la manière
dont nous l’aurions fait sonner si nous étions restés ensemble
durant cette dernière décennie. Nous espérons que nos fans
ont évolué avec nous et qu’ils écouteront ce disque
sans préjugés. Il s’est quand même écoulé
12 années. Je suppose que certaines personnes s’attendaient à
retrouver nos hymnes AOR d’antan aux refrains soyeux. J’ai remarqué
que la plupart des gens qui en discutent sur les sites de rock rejètent
systématiquement ce qui ne correspond pas à un titre pop metal
de 3 minutes. C’est dommage qu’ils ne puissent pas prendre plaisir
à écouter de la musique pour ce qu’elle est, un art, un
mode d’expression libre, pas une vulgaire recette pour faire des cookies.
Pour certains, la musique doit sonner comme tel ou tel groupe ou bien ils ne
lui donneront pas la moindre chance.
Ne crois-tu pas que les gens auraient eu une réaction différente
si cet album était sorti sous un autre nom ?
C’est possible, mais comme je disais, il faut l’appréhender
sans idées préconçues sur la manière dont nous devrions
sonner. Ceux qui y sont parvenus ont bien compris ce disque. Ils se laissent
porter par la musique. Par ailleurs on y trouve quelques prouesses au niveau
de l’interprétation. Vous devriez tous le réécouter,
ne serait-ce que pour cette seule raison.
Je décrirais votre nouvelle orientation comme un mélange
d’AOR moderne & émotionnel et de hard rock typé 70’s.
Tu es d’accord avec ça ?
Je pense que c’est difficile de déterminer précisément
ce qu’est ce disque… Il est un peu moderne, un peu old school, il
est vivant et les paroles sont subtiles et originales, avec des arrangements
et une production soignés.
J’ai
entendu dire que les premières démos de The Power And The
Myth étaient très différentes du résultat final.
Comment sonnaient-elles et pourquoi avez-vous préféré ne
pas les utiliser tel quel ?
La plupart d’entre elles sonnaient comme si nous essayions de revenir
dans les années 80… Une parodie de ce que nous étions…
Ca n’était pas honnête. Nous nous livrions à un petit
rituel qu’on avait nommé 'gag factor'. Si une idée de paroles,
un refrain ou une partie sonnait trop convenue, nous jouions un son associé
au gag en grimaçant, nous étions alors convaincu qu’il fallait
abandonner l’idée. La chanson Bitter Sweet Euphoria s’intitulait
à l’origine In Heaven, ce qui nous semblait vraiment merdique,
si tu vois ce que je veux dire.
La reformation de HOL était annoncée depuis longtemps.
Pourquoi cela a-t-il pris autant de temps ?
Au départ, nous avons dû nous occuper des problèmes liés
à l’utilisation du nom du groupe, ce qui n’était pas
une mince affaire. Nous avons ensuite eu de sérieux problèmes
d’organisation dans la mesure où nous vivons éparpillés
d’un bout à l’autre du pays, et nous devions aussi faire
face aux problèmes de calendrier sans oublier le bras de fer avec le
label en ce qui concernait le budget. Il faut aussi garder à l’esprit
que nous sommes et étions tous très pris par les occupations qui
nous font vivre. Ensuite Gregg nous a fait faux bond et le label nous a plus
ou moins retiré le disque des mains. On a failli jeter l’éponge
à ce moment là, mais nous y avions mis beaucoup trop de nous-mêmes
durant toutes ces années que nous avons passées à bosser
sur ce disque, donc nous avons continué, nous nous sommes adaptés
à la situation et avons fait du mieux que nous pouvions. Dans des circonstances
normales, avec tout le monde réuni au même endroit au même
moment, on peut faire un album en 6 à 8 semaines.
Comme tu le disais, Gregg Giuffria a quitté le groupe quelques
semaines seulement avant la fin de l’enregistrement. Qu’a-t-il fait
exactement sur cet album ?
Il était impliqué depuis le début, il était sensé
travailler de son côté avant de nous rejoindre. Il était
d’accord pour participer, mais malheureusement, environ 6 semaines avant
la fin, alors que nous attendions toujours ses idées, il signait un contrat
solo avec notre label (Frontiers) se disant ainsi ‘maintenant que j’ai
mon propre contrat, je ne vais pas faire ce disque avec House Of Lords’.
Il n’avait de toutes façons pas été très concerné
par l’album, étant donné qu’il n’avait pas pris
part aux nouvelles compositions. Il avait pourtant eu pas mal d’occasions
d’y contribuer. Deux années doivent être suffisantes pour
proposer une idée de chanson, je pense.
Ne penses-tu pas que Frontiers a fait une erreur en le signant pour
un contrat solo avant qu’il ait accompli son travail avec HOL ?
Oui, c’était une très mauvaise idée. S’ils
nous en avaient parlé avant, j’aurais pu les prévenir que
Gregg nous lâcherait.
Comment vous a-t-il annoncé son départ ?
Il nous a juste envoyé un mail nous disant qu’il partait pour faire
un album solo. Je ne lui ai pas parlé depuis.
Le
cd ne contient que 10 titres, dont un instrumental. Combien de morceaux ont
été écrits pour l’album ?
Nous avons écrit beaucoup de nouveaux morceaux, en fait plus de 30 chansons.
On a également repris ‘Army Of Me’ de BJÖRK et une ballade
de la fin des années 60 intitulée ‘Darkness, Darkness’
d’un groupe nommé THE YOUNG BLOODS. Mais bien sûr notre label
n’en voulait pas. Il y avait un style et un son pour lequel nous étions
connu, donc nous devions essayer de suivre cette ligne directrice autant que
possible sans quoi nous aurions vu le disque rejeté par le label. Nous
avions fait ça au début.
Pourquoi n’avez-vous retenu que 10 morceaux ?
Nous avons enregistré 11 morceaux finis. Nous avons fait une chanson
que Gregg a co-signée intitulée Havana, qui figure en bonus sur
l’édition japonaise. Nous l’avons enregistrée simplement
pour essayer d’impliquer Gregg dans l’écriture. Le label
n’en voulait même pas sur l’album. Nous n’avions pas
non plus un budget nous permettant d’enregistrer beaucoup de chansons.
De nos jours, les budgets ne représentent que 20% de ce qu’ils
étaient dans les années 80.
Avez-vous déjà des projets pour un autre album de HOL
?
Pas pour le moment. Voyons d’abord ce que celui-ci donnera. Nous envisageons
de sortir un DVD live pour l’instant.
Si tu avais la possibilité de changer quelque chose sur The
Power And The Myth, qu’est-ce que ce serait ?
Après le départ de Gregg, le label nous a informé que notre
contrat était amputé de ce qu’ils nous devaient encore car
Gregg n’était plus de la partie. Nous devions donc finir le disque
aussi vite que possible, et n’ayant plus suffisamment de moyens, nous
n’étions plus en mesure de terminer l’album de la manière
dont nous l’avions prévu. Nous voulions y ajouter plus de chœurs
sur quelques titres, et nous souhaitions passer plus d’un jour à
terminer les parties de clavier, et quelques jours pour finir les overdubs sur
les guitares. Nous avions également prévu de mixer l’album
dans un studio dernier cri. Voilà tout ce que j’aurais changé.
Ajoute à cela que le label a modifié l’ordre d’enchainement
des titres. Nous avions une bonne raison de les ordonner différemment.
En guise de conclusion, que dirais-tu à ceux qui n’ont
pas compris votre démarche sur cet album ?
Nous espérons tous que les fans de rock jugeront ce disque d'un regard
neuf, et non pas en pensant qu’il s’agit d’une suite à
Sahara. Simplement en mettant de côté leurs attentes afin
d'apprécier le disque pour ce qu’il est : une aventure musicale
avec des paroles donnant à réfléchir et une entente musicale
parfaite !
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