60 printemps tout juste, 45 ans de carrière et des débuts tonitruants
dans des groupes de la scène anglaise de la fin des 60's aussi prestigieux
que le SPENCER DAVIS GROUP (souvenez-vous du méga hit Gimme Some Lovin',
repris à toutes les sauces et notamment par Thunder), TRAFFIC (avec
le regretté Jim Capaldi) ou encore BLIND FACE avec ERIC CLAPTON (qu'on
retrouve en guest sur ce disque)... La carrière de STEVE WINWOOD, c'est
aussi neuf albums solo dont trois qui dans les années 80 lorgnaient
clairement sur le genre AOR / westcoast, dans un style comparable à
ce que fit Clapton à la même époque, et à mon avis
trop méconnus ou boudés auprès des amateurs. Steve n'avait
plus rien sorti depuis cinq ans, avec le plutôt décevant About
Time, sur lequel il semblait en plein trip Traffic, un disque assez brouillon
à mon goût. Aujourd'hui, l'Anglais nous revient avec 9 nouveaux
titres à mon sens plus intéressants, bien que dans un genre
qui ne fera sans doute pas l'unanimité sur Rockmeeting. Le single mis
en avant pour la promotion de l'album - Dirty City et son
atmosphère un peu nébuleuse renforcée par le fabuleux
et envoûtant toucher de guitare de Clapton - m'avait beaucoup accroché
l'oreille. Il n'est cependant pas tout à fait représentatif
du contenu de Nine Lives, dans le sens où nous avons affaire
à un album assez peu porté sur le hit exploitable en radio comme
peut l'être ce titre d'accès relativement immédiat, malgré
sa longueur de près de 8 minutes. Globalement très calme, dans
un style nourri au blues, mais s'aventurant également dans des orchestrations
et structures complexes, parfois un peu jazzy (Raging Sea),
avec un soin particulier donné aux atmosphères chaleureuses
et luxe de percussions d'inspiration tantôt africaine (We're
All Looking) ou latine (Secrets et ses faux airs
de bossa nova sur fond de blues) voire même caraïbéenne
(Hungry Man, Other Shore...), Nine Lives exige tout
de même une certaine ouverture d'esprit pour l'appréhender sous
son meilleur angle. Ce disque n'est sans doute pas ce que Winwood a fait de
mieux dans sa carrière, mais il ne manque pour autant pas de charme.
On retrouve sur tous les titres une atmosphère d'enregistrement live,
style ambiance feutrée dans un petit club, lumière tamisée
et tapis persans sur le sol. Les titres s'étirant souvent au delà
de 6 minutes, place est donnée à des orchestrations au feeling
parfois proche de l'improvisation, avec moult solos planant délicieusement
bluesy, enrobages d'orgue Hammond, et même intervention d'une flute
renforçant la coloration fin 60's / début 70's des titres (At
Times We Do Forget, ou la plus contemporaine et superbe ballade Fly...).
La relative complexité des structures n'est en tout cas jamais trop
pesante, et l'écoute est globalement dominée par le plaisir,
celui d'écouter un musicien hors pair, bien entouré, et animé
d'un talent qui ne s'est pas étiolé avec l'âge. Un bon
retour.
Highlights : Dirty City, Fly, At Times We Do Forgert...
Tracklist :
01. I'm Not Drowning
02. Fly
03. Raging Sea
04. Dirty City *
05. We're All Looking
06. Hungry Man
07. Secrets
08. At Times We Do Forget
09. Other Shore