Le grand retour de la bête ! Amateurs de corsé, de coriace, de sévère, de tapis en moumoute épaisse de guitares bourrues qui suintent le gras, l’alcool, et la sueur chevaline, bonjour ! DISTURBED nous revient avec un opus aux petits oignons rissolé dans la graisse de vidange d’un master truck diesel, luisant et chromé. Ce genre d’album risque fort d’effrayer la grande majorité, bien qu’il ne manque assurément pas de mélodies grandioses, de riffs touffus, de soli démoniaques et de plages de chants enflammées tout autant que profondément émotionnelles, auquel il faut s’accoutumer si l’on n’est pas basiquement, un habitué du Metal pur et dur. La condition sine qua non est d’accepter aussi, la voix grave, éraillée et rageuse de David Draiman, ici pas question de growls et autres bricoles hardcore, sa litanie hargneuse est amplement suffisante, le Louis Armstrong infernal du hard rock, Indestructible, invincible, incorruptible (c’est lui qui le dit), est là, déclamant son funeste message ravageur. Puissance, vivacité, charpente d’acier trempé, Indestructible ne déroge à la règle, édictée par The Sickness, au contraire, il s’affirme, comme étant le plus beau, le plus bestial et le plus abouti des albums du combo de Chicago, qui semble encore se démarquer d’antan, en abandonnant définitivement toute trace de Nu Metal, orientation déjà sensible sur le précédent, Ten Thousand Fist. S’il fallait classifier et définir Disturbed, il entrerait dans la catégorie des poids lourds, Heavy Métalleux, voire des hard rockeurs « modernes » à particularité, euh… grosses particularités, rebelle et atypique ! Le propos de l’album est sérieux, angoissant, choc, abordant l’addiction aux drogues dures, le suicide, et le dédoublement de personnalité, parental advisory, explicit lyrics à la clef. Aucune ballade ne ponctue les 12 titres renforçant encore la sensation de dureté inquiétante, seuls les plus passablement mid tempo The Night, les magnifiques Haunted, puis Enough et les plus tempérés Torn et Divide, qui accrocheront les plus dubitatifs, « aèrent » tout de même l’esprit torturé et animal de Inside The Fire, le single et sa vidéo « gore », Indestructible le mammouth de la galette, ainsi que Perfect Insanity, titre perturbant, ne figurant jusqu’à présent sur aucun album officiel, mais régulièrement joué en concert depuis les débuts ; Deceiver, d’abord coup de poing puis nettement douceâtre et amer. Tel un marteau sur l’enclume, Disturbed nous a concocté un album sanguin, extrémiste, qui pour ma part, a quelque chose de révolutionnaire, pas tant dans sa façon de faire que dans l’expression même de ce qu’est la scène Metal moderne.