Les quatre premiers albums de NIGHT RANGER sont à mes yeux des chefs
d'oeuvre du hard FM. Ne dérogeons pas à la règle, et
poursuivons avec une note pied au plancher pour ce cinquième opus,
qui en plus de contenir une teneur comparable en hits, bénéficie
en ce qui me concerne du petit plus nostalgique lié au fait qu'il s'agit
du premier album qu'il m'ait été donné d'écouter
de la bande à Jack Blades. Et je ne vous raconte pas la claque que
je prenais ce jour là, ni même l'addiction que celle-ci engendra
pour les années suivantes. Si je l'ai un peu délaissé
par la suite, c'était uniquement dû à cette overdose qui
faisait que je le connaissais par choeur, et que j'avais donc plus besoin
de bûcher les précédents, car ce cinquième album
est assurément, au même titre que les premiers, un indispensable
de la discographie du groupe. Il n'est pourtant jamais évident de maintenir
un cap à un tel niveau lorsque les éléments se déchainent
contre un groupe. D'abord la difficulté qu'éprouvaient les américains
à réellement s'imposer dans les charts US au niveau des locomotives
de l'époque, la malédiction qui en faisait injustement aux yeux
du grand public un groupe à ballades. Mais aussi et surtout le premier
changement de line up depuis les débuts du groupe, avec le départ
du claviériste Alan "Fitz" Gerald, fatigué par les
tournées marathon de Night Ranger et de ses projets antérieurs.
Même si la paire de guitaristes Gillis / Watson semblait à l'époque
s'en accommoder, voire même carrément se réjouir de l'aubaine
qui leur était offerte de faire encore plus parler la poudre qu'auparavant,
il convenait au groupe de légèrement repenser sa musique. Le
fait est que le clavier se faisait désormais plus discret qu'auparavant
sur ce Man In Motion qui gagnait du coup encore un cran en puissance,
mais le groupe parvenait en même temps à conserver sa forte identité,
armés qu'il était des voix uniques de Kelly Keagy et Jack Blades
et de ce son léché et puissant tout aussi caractéristique.
Les murs tremblent encore sur des brûlots comme le décapant et
magnifique Halfway To The Sun ou encore l'haletant Women
In Love. Manifestement, Jeff Watson et Brad Gillis étaient
résolus à occuper le terrain laissé quasiment vacant
par leur ancien partenaire claviériste (on retrouve toutefois encore
quelques parties de clavier ici et là, jouées par des musiciens
de session comme Alan Pasqua de GIANT), leurs duels de guitare étaient
plus percutants que jamais (on ne compte plus les solos incendiaires !), mais
plus important, toute la classe du groupe demeurait intacte, tout autant que
cette extraordinaire maîtrise de la mélodie. Le résultat
: 11 titres, et pas une faiblesse ! Une prodigieuse alternance entre mid tempos
somptueux (Man In Motion, Reason To Be, le classieux Here
She Comes Again, le très entraînant Right On
You, ou encore le plus hybride Don't Start Thinking dont
le rythme monte en puissance au fil du morceau), bombes mélodiques
débridées (Women In Love...) et ballades racées (Restless
Kind et le sublime I Did It For Love, signé
par le grand RUSS BALLARD). Cette ultime armada de titres grandioses ne suffira
hélas pas à faire enfin exploser le groupe comme il le méritait.
Un an plus tard, ce joli monde faisait ses adieux, avant de revenir tous ensemble
de nombreuses années plus tard, après moults projets individuellement
menés, le plus retentissant étant à mettre au crédit
de Jack Blades avec DAMN YANKEES, aux cotés de Ted Nugent et Tommy
Shaw (STYX).
Highlights : Halfway To The Sun, Woman In Love, I Did It For Love,
Man In Motion, Don't Start Thinking, Reason To Be...
Tracklist :
01. Man In Motion
02. Reason To Be
03. Don't Start Thinking (I'm Alone Tonight)
04. Love Shot Me Down
05. Restless Kind*
06. Halfway To The Sun
07. Here She Comes Again
08. Right On You
09. Kiss Me Where It Hurts
10. I Did It For Love*
11. Woman In Love