On ne peut pas dire que le rock sudiste soit un genre très développé
en France. Et de manière générale, on ne peut pas dire
que le rock de chez l'oncle Sam ait été souvent couronné
de succès lorsqu'il fut adapté dans l'hexagone. En rock sudiste,
il y avait quand même eu STOCKS dans les années 80, et le groupe
a encore aujourd'hui laissé des traces chez les amateurs du genre.
Je ne serais pas étonné qu'il en soit de même des marnais
de NATCHEZ, qui comme Stocks a choisi d'assaisonner le boogie rock à
la langue de Molière. Presque 20 ans déjà que le groupe
des frères Aeschbach s'adonne à ce style, même si, discographiquement,
l'histoire de Natchez remonte un peu moins loin, avec leur premier album sorti
au milieu des années 90, complété depuis par quatre albums
studio supplémentaires (dont ce Retour A La Source), entrecoupés
d'un EP, un live, une compil et même un cd acoustique. Non, Natchez
n'est pas du genre à tirer au flanc, et ce nouveau cd nous prouve que
nos champenois ne sont pas non plus de ceux qui privilégient la quantité
à la qualité. Au niveau de la production, le groupe est assisté
par le guitariste de FIFTY ONE'S (lui aussi marnais), un gage de qualité,
confirmé par la très bonne tenue des morceaux. Mais là
où le groupe brille encore davantage, c'est dans sa manière
de s'approprier non seulement cette musique typiquement US, au niveau des
mélodies, des arrangements (superbes solos tout au long de l'album),
mais également au niveau de l'état d'esprit. La chose n'est
pourtant pas aisée à priori, retranscrire les atmosphères
de bars enfumés façonnées par les légendes LYNYRD
SKYNYRD ou MOLLY HATCHET bien avant eux, dans une langue étrangère
à cette tradition américaine, tout en en conservant toute la
substance. J'ai souvent eux l'occasion de déplorer le côté
franchouillard de bien des groupes de hard français, mais avec Natchez,
pas d'exotisme au menu. La voix de Thierry Aeschbach facilite grandement les
choses avec son côté rauque et chaud à la Danny Joe Brown
(Molly Hatchet), mais ce n'est pas tout, on ressent dans les textes cet esprit
"classe ouvrière" US qui est un peu l'essence du genre sudiste,
sans que celà ne paraisse ridicule dans la bouche d'un français.
On ne retiendra pas un titre plus qu'un autre, tous ont un intérêt
mélodique, dégagent cette formidable puissance rock'n'roll (même
sur les mid tempos comme Tais-Toi), suintent le blues (Encore
Une Fois...), et sentent en fin de compte étonnamment bon
l'Amérique, comme par exemple lorsque la slide fait des apparitions
marquées (Canicule Boogie...) ; les fans de PAT TRAVERS
reconnaîtront enfin la reprise de Rock'n'Roll Susie,
seul titre en anglais, négocié de main de maître par le
chanteur, sans complexe. Vraiment, avec Natchez, la Champagne n'a jamais semblé
aussi proche de Jacksonville !
Tracklist :
01. Tais-Toi
02. Faudrait Que Je T'Appelle
03. Lena
04. Samedi Soir
05. Bad Boy
06. Trop Fan
07. Allo New Orleans
08. Hey Gringo
09. Vent De Face
10. Encore Une Fois
11. Canicule Boogie
12. Rock'n'Roll Susie